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Top 40 des comédies policières cultes n°33 : Les tontons flingueurs, de Georges Lautner

Les tontons flingueurs, de Georges Lautner
Avec : Bernard Blier, Lino Ventura, Claude Rich, Francis Blanche
Année : 1963

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Jusqu’au début des années 1960, la parodie n’était pas chose aisée dans le cinéma français. C’est qu’il aura fallu attendre que la Nouvelle Vague mette au jour les faiblesses et failles de ce que Truffaut nommera la Qualité Française (le cinéma de studio et de scénaristes, friand de costumes et de transpositions littéraires) pour qu’un espace adapté se dégage. Tandis que le cinéma d’antan arrive alors en bout de course, ne lui reste plus que la pochade et l’exagération comme dernier recours. C’est là que Georges Lautner flaire le bon filon avec ses Tontons flingueurs, film peu suivi à sa sortie mais parvenu au fil des décennies au panthéon de la comédie française. L’histoire suit Fernand Naudin, ex truand recyclé dans l’immobilier qui se voit un jour rappelé par un ancien complice, dit "le Mexicain". Peu avant de mourir, son malfrat de camarade le charge de gérer son bizness et de s’occuper de sa fille, jeune lycéenne nommée Patricia. Ce qu’il accepte. Mais dans le milieu, le retour au charbon et en apothéose du vieux briscard ne plait pas à tout le monde, créant même quelques inimitiés. Fernand doit bientôt composer avec les désirs fantaisistes de sa jeune protégée et l’ombre grandissante des règlements de compte.

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Point d’orgue et authentique carambolage entre les deux sphères (la tendance proto yéyé et le banditisme), la fête organisée par Patricia – et en coulisse la réunion des malfaiteurs dans la cuisine – est un moment d’exception. Lorsque les joyeux drilles, vieilles fripouilles pathétiques, finissent ivres et mettent les ados dehors sans bien comprendre comment interagir avec cette nouvelle génération intello, difficile de ne pas y entrevoir le désir pour Lautner de tirer le portrait d’un cinéma suranné incapable de prendre le train de la modernité. La parodie et le comique s’avèrent de facto les seules armes pour le cinéaste, bien conscient que son scénario ou sa mise en scène n’apparaissent que comme prétextes à l’assaut d’un florilège de dialogues de génie (Audiard, au firmament du ciselage). C’est comme si pour la première fois, le cinéma paternaliste assumait sa principale prédestination : glisser des mots d’orfèvre dans la bouche de légendes de comédiens. En résultent des numéros restés gravés dans l’histoire du cinéma : Ventura, Blier, Lefebvre, Rich ou encore Blanche s’en donnent à cœur joie au gré d’un véritable festival. Une œuvre irrévocable qui signait en filigrane le crépuscule d’un cinéma de studio et l’invention de son détournement.

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