n°23 du top 100 des meilleurs thriller de BePolar

Profession : Reporter
Avec : Jack Nicholson, Maria Schneider, José Maria Caffarel
Année : 1975

De quoi ça parle ?
David Locke, reporter basé en Afrique, prend l’identité d’un mort lui ressemblant étrangement et qu’il vient de découvrir dans une chambre d’hôtel. Au gré de sa nouvelle existence, il rencontre une femme
mystérieuse et déboussolée comme lui. Mais il ignore que sa nouvelle identité est celle d’un espion officiant pour des terroristes…

C’est culte parce que…
Si avant lui Blow-Up (1967) et Zabriskie Pointt ; (1970) finirent par ouvrir le cinéma d’Antonioni à une expérience en apparence plus ludique, Profession : reporter ; parachève le geste. Ultime film de l’Italien à explorer la question de l’utopie, ce dernier place Jack Nicholson et Maria Schneider au cœur d’un parcours initiatique énigmatique et déroutant. Une expérience à la fois sensitive et effrayante où cohabitent la mort et le mirage d’une liberté sans bornes, comme si l’essence de l’existence s’offrait dans un dernier souffle. Se croisent ici le Into the Wild (2007) de Sean Penn pour la dimension mortellement aventureuse et une lecture plus théorique reposant notamment sur l’esthétique surréaliste du peintre Giorgio de Chirico. Au fil du voyage, la trame complotiste se mue en fantastique méditation existentielle, abordant en creux la question épineuse de la réalité, qui toujours se dérobe au regard, ou révélant l’impossibilité de changer son destin même en devenant quelqu’un d’autre. Mention spéciale pour l’avant-dernière scène du film, célébrissime moment d’apesanteur synthétisant
tous les questionnements laissés en suspens, et clôturant le scénario avec un brio technique époustouflant (la magie du passage entre les barreaux).

Ce que le film apporte au thriller :
À l’image de Blow-Up ; Profession : Reporter ; transporte le thriller dans un réseau métaphysique. L’intrigue policière, façon film noir, s’entrelace jusqu’à devenir universelle et réflexive. Les protagonistes ne sont plus dès lors seulement les pions d’une machination, mais symbolisent tous les
êtres en quête d’une vérité, fût-elle à jamais insaisissable.