N°89 - Top des 100 meilleurs films thriller

Misery
Avec : Kathy Bates, James Caan, Lauren Bacall, Frances Sternhagen
Année : 1990

De quoi ça parle ?

Paul Sheldon, célèbre écrivain connu pour sa saga de romans à l’eau-de-rose Misery, a choisi dans son dernier volet de faire mourir la protagoniste lui ayant apporté le succès. Il espère ainsi désormais pouvoir se consacrer à des histoires plus profondes. Un jour qu’il prend la route dans un épais blizzard pour se rendre chez son éditeur avec le manuscrit, il perd le contrôle de son véhicule. Victime d’un très grave accident, il est secouru par Annie Wilkes, une infirmière fanatique de Misery. Il se réveille chez elle avec les jambes cassées et une épaule disloquée…

C’est culte parce que…

Pour sa seconde incursion chez Stephen King après le sensible Stand by me (1986), Rob Reiner choisit la terreur psychologique de Misery. S’il laisse de côté quelques-uns des innombrables supplices physiques pimentant le livre, c’est pour mieux axer son dispositif autour d’une tension harassante. Implacable, le huis-clos ne laisse jamais aucune porte de sortie au romancier et c’est un cauchemar.

On ressent toute la malice sadique de King à transformer la ménagère indifférente en psychopathe meurtrière – une transgression à la Hitchcock. Dans le rôle du bourreau, Kathy Bates (qui reçût pour ce rôle l’Oscar de la meilleure actrice) sidère par sa placidité et sa capacité stupéfiante à générer le malaise. Au-delà de la peur, il faut également lire en Misery la métaphore de l’écrivain condamné à l’éternel réitération d’un même schéma à succès. L’histoire d’un artiste pris au piège de son lectorat – chose dont Stephen King faisait alors l’expérience.

Ce que le film apporte au thriller

Là où Misery réinvente le huis-clos, c’est en utilisant un motif unique pour condamner chacune des issues possibles : la silhouette écrasante et compacte d’Annie (Kathy Bates). Son corps, muraille infranchissable dépourvue de la moindre ouverture, suffit dès lors à lui seul à personnifier la
claustration et la séquestration. La violence n’a dans ce cadre pas même besoin de s’illustrer frontalement tant le suspense indispose. Face à elle, Paul l’écrivain démuni et terrifié ne peut rien et le thriller s’en trouve d’autant plus glaçant.