- R�alisateur : Alain Berbérian
- Acteurs : Chantal Lauby, Gérard Darmon
- Auteur : Alain Chabat
L’un des fleurons de la comédie française des années 90 par l’une des bandes de comédiens les plus délirants et virtuoses.
La cité de la Peur, d’Alain Berbérian
Avec : Alain Chabat, Chantal Lauby, Dominique Farrugia, Gérard Darmon
Année : 1994
Le film d’Alain Berbérian et des Nuls ne doit pas son statut d’œuvre culte au hasard. Puisant autant à travers les films de série B ou de genre de l’époque (voir les parodies des films Bad Taste, Evil Dead, Terminator, Basic Instinct, Point Break, Les Incorruptibles...) que dans l’humour furieusement baroque des ZAZ (Zucker, Abrahams & Zucker – auteurs de la série des Y a-t-il...), il donne vie à un royaume de la bêtise totalement addictif. Les blagues sont, bien entendu, délibérément affligeantes, et autour d’elles s’inventent plan après plan des créations visuelles irrésistibles.
Difficile évidemment de prêter à cette entreprise de destruction massive une véritable étoffe de cinéma, et là n’est pas la question, quoique la mise en scène ne se contente pas seulement du minimum. Le souffle authentique de La Cité de la Peur est quoi qu’il en soit à dénicher dans l’insatiable réservoir d’humour du projet. La bande des Nuls – ici Alain Chabat, Chantal Lauby et Dominique Farrugia – s’en donne à cœur joie en multipliant les gags burlesques avec une application premier élève implacable.
Télescopant dans son intrigue un film d’horreur fauché en mise en abyme ("Red is Dead") et une série de meurtres inspirés de ce dernier – lesquels se déroulent en marge de sa promotion au Festival de Cannes –, La Cité de la Peur n’hésite pas à glisser quelques contrepoints sidérants. C’est le cas du clin d’œil bêtifiant donc génial au chef d’œuvre de Dostoëvski lorsque Serge Karamazov (Chabat) précise à chaque fois qu’il se présente : "aucun lien, je suis fils unique". De même le nom du personnage Odile Deray (Chantal Lauby) fait référence, outre à l’île de Ré, à Gilles de Rais, l’un des plus anciens tueurs en série français connu. Mention spéciale pour Gérard Darmon en commissaire désopilant.
À noter les nombreux caméos de stars hexagonales diverses, à l’image des projectionnistes Tchéky Karyo, Daniel Gélin, Jean-Pierre Bacri, Eddy Mitchell, de Valérie Lemercier en veuve, de Dominique Besnehard en journaliste ou encore de Michel Hazanavicius, peu après avoir réalisé Le Grand détournement pour la télévision. Quelques invités internationaux apparaissent également à l’image comme Rosanna Arquette ou James Cameron. Initialement, la réalisation devait être confiée à Claude Berri, mais ce dernier considéra le film "un peu débile" et c’est Alain Berbérian, déjà metteur en scène des fausses publicités des Nuls, qui fut choisi – le film rassembla près de 2,3 millions de spectateurs en France. Un carton plein à voir et à revoir.