- R�alisateur : Francis Veber
- Acteurs : Gérard Depardieu, Michel Robin, Pierre Richard
La chèvre, de Francis Veber
Avec : Pierre Richard, Gérard Depardieu, Michel Robin
Année : 1981
Francis Veber l’a compris mieux que personne : c’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleurs plats. Un duo de l’impossible hilarant avec Pierre Richard et Gérard Depardieu. Drôlissime.
C’est l’histoire de la rencontre entre deux personnages inconciliables : l’un sérieux (Gérard Depardieu, en détective privé borné), l’autre comique (Pierre Richard, comptable gaffeur malgré lui). Bien sûr, le premier finit par basculer dans la folie ou perdre de sa réserve sous l’effet du second. Pour Francis Veber, le schéma sonne pratiquement comme une marque de fabrique, une obsession. Le metteur en scène français connaît alors la recette sur le bout des doigts puisqu’il s’agit de celle déjà éprouvée dans son film L’Emmerdeur (1973), avec en son centre la confrontation de Lino Ventura et Jacques Brel. À la suite de La Chèvre (1981), ce même dispositif sera d’ailleurs l’occasion pour lui de faire à nouveau appel au tandem Depardieu-Richard par deux fois avec Les Compères (1983) et Les Fugitifs (1986). De fait, Francis Veber représente logiquement l’un des maîtres de la comédie populaire française des années 80.
Dans La Chèvre, un employé malchanceux du nom de François Perrin (Richard) se retrouve à faire équipe avec le détective privé Campana (Depardieu) dans le cadre d’une enquête au Mexique sur fond de l’enlèvement de la fille d’un PDG. Multipliant les bourdes et comme hantée par la malchance, cette fine équipe doit sans cesse composer avec les imprévus.
Toujours à un fil de la catastrophe, le duo (ou trio) finit systématiquement en un seul morceau ou presque, laissant en revanche le spectateur souvent plié en deux. Aussi bien en matière de direction d’acteurs que de rythme, cette comédie policière ne cesse d’impressionner, et ce, en dépit d’un système reproduit à l’infini. Mention spéciale notamment pour la séquence finale, petit monument tout en contretemps burlesques. À l’instar d’un film tel que L’Homme de Rio (Philippe de Broca, 1964), La Chèvre cache de plus sous ses atours comiques un véritable film d’aventures tout en exotisme. Un alliage des plus jubilatoires où les quiproquos et les rebondissements explosifs trouvent en permanence une harmonie là où ne se manifeste pourtant qu’un chaos inouï. Si Pierre Richard, en néo Buster Keaton, brille par sa nonchalance et sa légèreté, c’est certainement Gérard Depardieu qui emporte la mise, crevant littéralement l’écran.
Emmené par une bande originale entêtante signée par l’inimitable Vladimir Cosma (Le Grand Blond avec une chaussure noire, L’Aile ou la Cuisse...), La Chèvre a en dépit de sa platitude assumée toujours de quoi faire pâlir les productions actuelles. C’est en tout cas l’un des buddy movie français les plus incontournables.