- R�alisateur : Steven Soderbergh
- Acteurs : Hilary Swank, Daniel Craig, Katie Holmes, Channing Tatum, Adam Driver
Logan Lucky, de Steven Soderbergh
Avec : Channing Tatum, Adam Driver, Daniel Craig, Riley Keough, Katie Holmes, Hilary Swank
Année : 2017
Oubliez les explosions survitaminées, Logan Lucky possède l’indolence des films des Coen et c’est un festival d’humour subtilement décalé. Un style et une bande son, du reste, au diapason.
Baptême du feu pour Steven Soderbergh
Si Steven Soderbergh a très tôt structuré sa carrière de réalisateur au gré d’une alternance entre films d’auteur et commerciaux (manière de lui permettre de produire son ambition tout en expérimentant dans le divertissement), la comédie s’est révélée plus en retrait, et ce, en dépit d’une foultitude de genres explorés par le cinéaste. Alors que Ocean’s Eleven (2001) avait marqué en quelques sortes sa première comédie policière, son vrai baptême du feu passe surtout par Logan Lucky (2017). À l’instar du premier, il y est question d’un casse du siècle. Seulement, les petits génies smart et brillants se transforment cette fois en trio de frères et sœur pas très futés et c’est d’autant pus drôle. L’intérêt du film, outre son casting aux petits oignons (d’un côté les frères campés par Channing Tatum et Adam Driver, la sœur par Riley Keough, de l’autre Daniel Craig en braqueur de coffre-fort), repose sur son rythme peu habituel focalisé sur le caractérisation des personnages.
À noter que Soderbergh retrouve Tatum pour la quatrième fois après Piégée, Magic Mike et Effets secondaires. L’humour et les situations drôlatiques servent ici autant à déconstruire les préjugés et les archétypes qu’à dessiner un maniérisme qui n’est pas sans rappeler celui des frères Joel & Ethan Coen. Cette version péquenaud de la saga des Ocean’s (et dans une certaine mesure Magic Mike), avec ses courses de voitures et ses concours de mini-miss, se fait fort en filigrane de réhabiliter l’image des prolos anéantis par le mensonge du rêve américain. Monté sur ressorts et dopé par une mise en scène colorée, le film de Soderbergh sait mêler la satire à la fantaisie, si bien que la sensibilité et l’émotion affleurent aussi.
Une chose est sûre : rares sont les films de braquage de cet acabit, et ce, d’autant que l’écriture se permet sans anicroche de glisser une chronique douce amère de l’Amérique sclérosée de Trump. Autre analogie géniale avec Logan Lucky : le cinéma de Soderbergh, justement. Le metteur en scène revient après une pause de quatre ans durant laquelle il avait entre autre annoncé tout bonnement arrêter le cinéma. Résultat, celui-ci fait un retour fracassant et passe pour l’un des réalisateurs contemporains les plus actifs (voir ses géniaux nouveaux jalons diffusés par Netflix). En mettant tout le monde sur un même pied d’égalité, il proclame haut et fort que la différence entre la sottise et le génie n’existe pas. C’est drôle et touchant à la fois.