- R�alisateur : André Hunebelle
- Acteurs : Mylène Demongeot, Jean Marais, Louis de Funès
Vous le connaissez par cœur à force des sempiternelles rediffusions à la télé, et pourtant le charme continue volontiers d’opérer. Preuve que ce classique entre aventure et comédie policière mérite toujours notre attention.
Fantômas, de André Hunebelle
Avec : Jean Marais, Louis de Funès, Mylène Demongeot
Année : 1964
Vénérée par le petit écran, qui lui dédit pratiquement chaque année une place de choix en saison estivale, l’infatigable saga Fantômas brille d’abord pour son fantasque premier volet. À chaque fois le même point de départ : un criminel ridiculisant les forces de l’ordre en jonglant avec différentes identités. Propulsé par un commissaire Juve (Louis De Funès) tantôt facétieux ou incompétent et par un Fandor/Fantômas (Jean Marais) charismatique, le film manie le kitsch avec un certain aplomb. Son réalisateur André Hunebelle fait certes preuve d’un certain dédain à l’égard du cinéma de genre, n’articulant l’aventure et la comédie qu’à l’aune d’une tradition franchouillarde ne considérant sa matière qu’avec distance. Cependant, cette tonalité acidulée avant tout centrée sur ses interprètes a le mérite de produire un univers à l’espièglerie sympathique.
Le roman sériel ténébreux et sanglant de Pierre Souvestre et Marcel Allain, par-dessus lequel se superpose le film, fait ainsi l’objet d’une étonnante réécriture. Or, il fallait indéniablement quelque talent pour sécréter une telle fantaisie à partir de la noirceur initiale, laquelle influença les fameux "fumetti" (bandes dessinées dessinées italiennes) criminels des années 60. Parodique dans une certaine mesure des James Bond, le dispositif se déploie autour d’un chassé croisé, jeu de chat et de souris mâtiné de thriller. En découlent des scènes de poursuite et des cascades qui, même si elles accusent les décennies (montage et effets spéciaux qui piquent), fonctionne toujours.
La partition des plus inspirées du compositeur et musicien français Michel Magne, alors déjà notamment auteur de la bande originale des Tontons flingueurs, y participe considérablement. La principal point fort du long-métrage reste en outre le perpétuel décalage entre les registres de jeu de De Funès et Marais, qui tentent continuellement de se voler la vedette. Un bras de fer assez barré et dans une certaine mesure rock’n roll. À noter que la voix de Fantômas n’est pas celle de Jean Marais : elle appartient au comédien Raymond Pellegrin, connu entre autres pour ses rôles au cinéma et au théâtre chez Marcel Pagnol.
Récoltant 4,5 millions d’entrées en France en 1964, Fantômas fut une réussite considérable qui s’ajoutait alors la même année pour De Funès au triomphe du Gendarme de Saint-Tropez (7,8 millions d’entrées). Mieux : Fantômas rassembla plus de 60 millions de spectateurs en URSS, ce qui amena la production à envisager un temps une séquelle intitulée Fantômas à Moscou. Un nouveau volet de la saga, réalisé par Christophe Gans, devait voir le jour dans les années 2010 avec Jean Reno et José Garcia en têtes d’affiche. Le projet a toutefois été abandonné, entre autres sous l’influence de quelques zélés gardiens du temple.