- R�alisateur : Charles Crichton
- Acteur : Jamie Lee Curtis
Parmi les nombreux numéros inoubliables de cet incontournable : un John Cleese en slip parlant russe pour séduire sa partenaire. Immanquable.
Un poisson nommé Wanda, de Charles Crichton
Avec : Jamie Lee Curtis, Michael Palin, John Cleese
Année : 1988
Prenez quelques zestes de Monty Python et par extension une large goulée d’humour british jusqu’au-boutiste, et ce, sans lésiner sur la screwball comedy à l’américaine et la comédie de mœurs. Vous obtenez l’une des toutes meilleures déconstructions de film de gangters et policiers des eighties, où le vaudeville se fait à la fois moderne, cynique et profond. On retrouve ici deux acteurs cultes des Monty Python – John Cleese, lequel participe au scénario, et Michael Palin : tous deux drôlissimes et réjouissants à souhait – auxquels s’ajoute entre autre l’inimitable Jamie Lee Curtis dans le rôle de Wanda Gershwitz. Ce cocktail détonant tranche entre la dérision subtilo-potache et la séduction distanciée et effrontée de l’actrice américaine. Jamie Lee ne va pas à l’encontre de l’image de femme fatale et sexy que l’on a fait d’elle, mais déjoue le schéma misogyne ou réducteur pour créer une personnalité plus piquante. Pourrait presque suinter en elle quelque émanation de la Katharine Hepburn du Indiscrétions de George Cukor.
Ce qu’il y a d’absolument jouissif dans Un poisson nommé Wanda, c’est que sa séductrice d’héroïne manipule tout un univers masculin et le transforme, le malaxe jusqu’à faire de chacun d’authentiques losers ou autres escrocs baratineurs. Elle agit ainsi comme un révélateur et contamine chacun au même titre que les quiproquos outranciers déstructurent inlassablement l’action et l’intrigue. Cette modernité acerbe n’a d’égal notamment dans le film que le rôle Kevin Kline abject et hilarant, certainement ici dans l’un de ses meilleurs rôles au cinéma et ailleurs – en tout cas l’un des plus euphorisants. Mention spéciale pour la scène d’effeuillage de John Cleese et son face à face avec les propriétaires de l’appartement, d’un comique british accompli et irrésistible. À noter que la scène de strip-tease de l’acteur avait été suggérée par Jamie Lee Curtis, laquelle devait initialement elle-même apparaître dénudée mais n’avait pas souhaité réitérer l’expérience (déjà vécue cinq ans plus tôt pour les besoins du film Un fauteuil pour deux de John Landis). En somme, Un poisson nommé Wanda sonne comme une réécriture totalement barrée de Complot de famille (Hitchcock, 1978) et dans lequel les gags se subsitituent à la sophistication corrosive. Les spectateurs ne s’y sont pas trompés : le film a récolté près de 190 millions de dollars au box office pour un de 7,5 millions de dollars. Joli jackpot.