Icône indétrônable du cinéma d’horreur, Chucky s’identifie à tel point à la pop-culture qu’il participa un temps au Saturday Night Live. Portrait.
De tous les objets propices à susciter l’angoisse, les jouets pour enfants se distinguent par leur pouvoir sans borne. Et pourquoi une telle influence sur l’inconscient ? Tout simplement parce que dévoyer ou pervertir une chose aussi innocente que l’attribut d’un jeune enfant produit inexorablement le trouble, voire l’effroi. Il suffit pour s’en convaincre de repenser, en pivotant un tantinet l’axe matérialiste, aux films La Malédiction (Richard Donner, 1976), Le Village des damnés (Wolf RIlla, 1960), Rosemarys’s Baby (Polanski, 1968), Shining (Kubrick, 1980) ou The Children (Tom Shankland, 2008). Autant de long-métrages où le jeune enfant (par exemple, les jumelles de Shining), ou ce qui le symbolise (le landau dans Rosemary’s Baby), convoque et renforce résolument une atmosphère démoniaque. De fait, ce n’est pas par hasard si Tom Holland (sur les conseils de Don Mancini) opte en 1988 pour un tueur en série réincarné en poupée pour enfants.
De son véritable nom Charles Lee Ray, Chucky ne ressemble pas aux autres poupées dédiées aux plus jeunes. Il faut dire que ce serial-killer n’a pas toujours été cantonné au corps d’un jouet en plastique. Avant cela, il s’agissait même d’un homme comme les autres, silhouette émaciée aux cheveux longs et bruns. Atrocement blessé par un détective à sa poursuite, le tueur en série Charles Lee Ray termina sa vie de chair dans un magasin de jouet. Là où juste avant de succomber à ses blessures, il eût le temps grâce à un rituel vaudou de placer son esprit dans la poupée la plus célèbre du moment : "Brave Gars". Tour de magie qui permît d’initier, après que le petit Andy Barclay l’eût reçu en cadeau pour son sixième anniversaire, un véritable massacre. Coup de force pour le réalisateur Tom Holland et son scénariste Don Mancini : sous les traits de Chucky, Charles Lee Ray devient infiniment plus effrayant et machiavélique. Petit, imprévisible et muni d’une arme blanche typique du slasher, ce dernier rivalise de mauvais esprit avec un Freddy Krueger. C’est qu’en changeant de peau, le tueur en série goûte une forme d’invisibilité, se délectant en creux du pouvoir d’un démiurge.
C’est vraisemblablement quand son visage de plastique demeure encore intact (avant de finir balafré, saturé de contusions) que Chucky maintient le plus le spectateur dans un état de tourment – essentiellement dans les premiers opus. Même immaculée, la poupée rouquine, sa salopette de jean et son sweat bariolé semblent alors réellement possédés. Toutefois, à mesure que ses entailles et cicatrices se multiplient, le poupon de sang gagne aussi en violence et en barbarie. L’on y perd en peur indicible ce que l’on gagne en brutalité frontale.
6 choses à savoir sur Chucky
1. La poupée Chucky fait peser sur les innocents sa méchanceté dans sept films officiels : Jeu d’enfant ; Chucky, la poupée de sang ; Chucky 3 ; La Fiancée de Chucky ; Le Fils de Chucky ; La Malédiction de Chucky, et Le Retour de Chucky.
2. Parmi les nombreux clins d’œil à Chucky, notons celui figurant dans Ready Player One (Spielberg, 2018). La poupée tueuse y fait une apparition dans l’OASIS, le monde de réalité virtuelle.
3. Le design de Chucky a été largement inspiré par la poupée "My Buddy", vendue en 1985 aux États-Unis par Hasbro. Il fut même au départ question d’utiliser directement la poupée, mais en vain à cause du nom "My buddy" ("mon copain"). Reste que la salopette, le pull multicolore et l’allure générale ont été conservés. Le nom de Buddy est toutefois devenu Chucky.
4. L’existence de Chucky tient sans doute à la diffusion du court-métrage La Poupée de la terreur, troisième segment du téléfilm La trilogie de la terreur (Dan Curtis, 1975). Dans ce dernier, une femme (Karen Black) se retrouve à la merci d’une poupée vaudou assoiffée de sang. La représentation du petit monstre – stéréotype du sauvage d’Afrique de l’Ouest, un couteau entre les dents – s’avère à la marge assez clairement raciste, n’hésitant pas à surfer sur les clichés. Ce détail mis de côté, il ne fait aucun doute que Tom Holland se souviendra de ce téléfilm au moment de mettre en scène le premier volet de la saga des Chucky : Jeu d’enfant (1988).
5. Au fil des épisodes, Chucky trouve une épouse – Tiffanny – avec laquelle il met au monde deux enfants : Glen et Glenda. Une famille haute en couleur partageant la même psychologie que le déséquilibré de père : la folie meurtrière et le vice.
6. La version de chair et de sang de Charles Lee Ray est interprétée par Brad Dourif. L’acteur prête en outre sa voix à la poupée tueuse.
deslivresetmoi 5 août 2019
Charles Lee Ray (Chucky)
CHucky, c’est le film que j’ai vu une fois mais pas deux. Bizarrement, j’ai regardé des centaines de films d’horreur, mais celui là aussi basique soit t-il mon cerveau se dit que cela pourrait devenir réalité contrairement à des films type Saw ou là mon cerveau arrive a faire la part des choses
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