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NORMAN BATES (Psychose)

De tous les serial-killers jalonnant l’histoire du cinéma, Norman Bates demeure la référence ultime, la pierre de touche à partir de laquelle sera pensé un grand nombre de psychopathes de fiction – jusqu’à influencer le slasher (Halloween, Vendredi 13, Scream). Pas un hasard si ce personnage insaisissable fait à présent l’objet d’une série dédiée retraçant son enfance, en forme de genèse du mal. Reste qu’à l’origine chez Hitchcock (Psychose, 1960), à rebours de la trajectoire empruntée plus tard par les médiocres séquelles des années 1980, l’opacité du tueur incarné par Anthony Perkins se veut presque totale. C’est qu’entre les deux personnalités qui le hantent – d’un côté un enfant à la voix délicate et au regard timide, de l’autre une vieille femme autoritaire et sanguinaire -, la perception du spectateur achoppe. Se dérobe l’idée même qu’une seule de ces figures puisse déterminer ce jeune homme propre sur lui et élancé.

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Il y a cependant dans Psychose une scène annonciatrice, peu après l’arrivée de Marion Crane au Bates Motel, aux abords de la salle d’accueil. La jeune femme en fuite discute avec Norman Bates, et les exhortations supposées de la mère de Norman viennent de temps à autre brouiller leur communication, quand celui-ci se retire hors-champ. Puis au lieu de placer les deux acteurs dans un même cadre, Hitchcock choisit pour filmer leur dialogue de les séparer en un champ-contrechamp singulier. Le montage crée alors une distance spatiale et psychologique entre le duo. Tour à tour, leurs profils apparaissent de plus en plus éloignés l’un de l’autre, éclairés par une lumière lugubre. Un sentiment d’oppression renforcé aussitôt par la lente contre-plongée et les taxidermies brusquement mises en évidence dans la pièce, sans compter quelques tableaux à l’arrière plan évoquant sans détour un viol. Dans cette séquence faussement anodine, tous les pions du tempérament refoulé de Bates apparaissent exposés au grand jour – les oiseaux empaillés pour évoquer la mère momifiée, les connotations sexuelles pour souligner sa frustration. Dès lors, le célèbre meurtre dans la douche – même si non commis dans l’instant – devient la seule résolution possible de Norman pour clore cette conversation platonique. Puisque l’amour avec Marion Crane ne peut dépasser le stade du fantasme, une lame plantée à plusieurs reprises dans son corps vient faire office de coït. Une métaphore qu’un certain Dario Argento (Suspiria, Les Frissons de l’angoisse) va continuer inlassablement d’esquisser tout au long de sa filmographie.

7 choses à savoir sur Norman Bates

1. Les deux personnalités de Norman Bates – d’une part le jeune homme timoré ; de l’autre sa mère défunte, Norma – sont rivales. Un bras de fer qui ne date pas d’hier. Tenu maladivement à l’écart des jeunes filles, battu et humilié par sa mère, le jeune Norman céda jadis au pire. Jaloux de Norma et de son amant, mais aussi désireux d’échapper à son joug, il les empoisonna chacun avec de la strychnine. Depuis, leur adversité se poursuit en lui par-delà la mort comme une malédiction. Ainsi, sa mère possessive tue à travers lui les jeunes femmes qu’il convoite irrésistiblement.

2. Après Psychose, la carrière d’Anthony Perkins ne sera plus la même. À croire que la lueur d’étrangeté mise en évidence par Hitchcock l’aura révélé sous un jour nouveau. Les metteurs en scène, le plus souvent dès lors, ne rechercheront chez lui plus que l’ambiguïté – voir Le Procès (Welles, 1962) – ou le cantonneront à des seconds rôles (Le Crime de l’Orient-Express, Lumet, 1974). À noter que Perkins rempile dans le rôle de Norman Bates à la fin de sa carrière, à travers trois suites de Psychose en 1983, 1986 et 1990.

3. Le personnage de Norman Bates est apparu pour la première fois sous la plume de l’écrivain Robert Bloch via son roman éponyme, Psychose (1959).

4. Le regard caméra terrifiant clôturant Psychose, où apparaît Norman Bates dans un numéro de démence hautement sardonique, passe pour un miroir inversé : celui de Marion Crane qui, les yeux fixés vers l’objectif de la caméra, recherchait plus tôt à l’horizon au volant de sa voiture une échappatoire à sa morne existence. La réponse de ce point final n’en ressort que plus cynique. De nombreux réalisateurs se souviendront de cette scène, tels Kubrick avec Alex dans Orange mécanique (1971), et Jonathan Demme avec Hannibal Lecter dans Le Silence des agneaux (1991).

5. En 1998, Gus Van Sant ravive le souvenir de Norman Bates avec le remake plan par plan de Psychose, intitulé Psycho. Pour l’occasion, c’est l’acteur Vince Vaughn qui campe le tueur en série.

6. La psychologie de Norman Bates a été imaginée à partir du caractère d’un authentique tueur en série : Ed Gein, dit le Boucher de Plainfield.

7. La série Bates Motel (Carlton Cuse, 2013) relate l’enfance et l’adolescence de Norman Bates. Il s’agit en cela d’une préquelle de Psychose.

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