- Acteur : Johnny Depp
- EAN : 9780191607820
L’homme à vous faire détester les barbiers...
Sweeney Todd, même passé du côté obscur, se place parmi les serial-killers inspirant le plus de compassion. Mais la vengeance autorise-t-elle le meurtre et le cannibalisme ? Portrait.
Même si les ravages perpétrés par bien des tueurs en série résultent plus d’un système ou d’une époque que d’une simple faute individuelle, rares sont ceux parmi eux comme Sweeney Todd à tant souffrir les affres de la société. Serial-killer issu du folklore anglais, le personnage apparaît chez Tim Burton – lequel adapte au cinéma la pièce de Stephen Sondheim de 1979 – comme une figure tragique. Ainsi, dans Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street (2007), le personnage apparaît comme une victime de la société. Condamné à l’exil à l’issue d’un procès crapuleux, le barbier Benjamin Barker – de son vrai nom – est envoyé en Australie. Son épouse tombe entre les mains libidineuses du juge corrompu à qui il doit sa perte. Quinze ans plus tard, il s’évade et retourne à Londres dans le quartier de Fleet Street sous le nom de Sweeney Todd, désireux d’y retrouver sa femme Lucy et sa fille Johanna. Problème : la première semble s’être donnée la mort après son viol par le juge, tandis que la seconde, adoptée par le monstre, vit recluse chez celui-ci. Réclamant sa vengeance, Barker - Sweeney Todd ourdit peu à peu sa revanche contre le bourreau et son complice le bailli, se jurant d’y répondre par la mort. Exerçant le métier de barbier dans une échoppe au-dessus de la boutique de tourtes à la viande de Mrs Lovett, il crée un dispositif lui permettant de faire basculer les cadavres de ses clients à l’étage inférieur. La pièce où s’amoncellent les corps (égorgés par Sweeney Todd) n’est autre que le sous-sol de Mrs Lovett, qui utilise à ses heures la chair humaine pour préparer ses tourtes.
Certes, Benjamin Barker – devenu une sorte de Mr Hyde sous l’identité de Sweeney Todd – bascule peu à peu dans une irrésistible quête mortifère, multipliant les meurtres sauvages et sanglants par dépit. Toutefois, son action s’inscrit dans une logique qui le dépasse : d’une part d’un point de vue intime, puis par ailleurs face à l’environnement social. Il faut considérer le Londres de la fin du 19e siècle : une ville de plus en plus inhumaine où la révolution industrielle achève d’écraser l’homme. À l’aune de cette dynamique, peut-on rapprocher la machine diabolique de Sweeney Todd, ingénierie de génie du mal broyant les corps, aux rouages absorbant Charlot dans la mise en scène par Charles Chaplin des Temps Modernes (1936). La mort que répand le serial-killer peut donc s’apparenter à l’allégorie de cette époque sombre asservissant l’homme et le réduisant à un outil insignifiant.
3 choses à savoir sur le serial-killer Sweeney Todd
1. La trajectoire de Benjamin Barker, entre vie brisée, exil et vengeance sous une autre identité, ressemble à celle du Comte de Monte-Cristo, d’Alexandre Dumas.
2. Le récit de Sweeney Todd reprend pour partie "l’affaire de la rue des Marmousets". Affaire qui repose sur l’arrestation d’un barbier et de son voisin pâtissier, soupçonnés de tentative de meurtre sur un nobliau de Touraine. Celui-ci, venu se faire raser juste avant de rencontrer sa future belle famille, s’était retrouvé à deux doigts de se faire trancher la gorge. Dénonçant le méfait, il entraîna alors la découverte par la maréchaussée d’un commerce terrifiant : le barbier égorgeait les clients de passage, dont il découpait les corps pour fournir à son voisin de quoi préparer des pâtés en croûte. À noter toutefois que les références à cette histoire (un ouvrage notamment de Jacques du Breuil de 1612), qui se termina par la mise à mort par incinération des deux criminels, sont assez minces, les archives criminelles ayant brulé au cours de la Commune de Paris.
3. Hormis la version de Burton, trois films mettant en scène Sweeney Todd avaient vu le jour : deux adaptations (en 1926 et 1928) de la pièce de théâtre de 1847, puis un film éponyme (Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street) signé par George King en 1936.
Chineuse Deculture 27 août 2021
SWEENEY TODD (Le diabolique barbier de Fleet Street)
Bande son jubilatoire, Burton se régale dans l’adaptation de cette pièce de théâtre sanguinolente, Alan Rickman est majestueux...comme toujours !
deslivresetmoi 5 août 2019
SWEENEY TODD (Le diabolique barbier de Fleet Street)
Un bonheur avec le magnifique Johnny Depp et de la chanson, mélangé à une histoire sombre qui semble avoir vraiment existé, je suis fan total