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Alfred Hitchcock - LA MAISON DU DOCTEUR EDWARDES (1945)

Un coup de foudre dans un asile, c’est possible. Entre course-poursuite et rêves imaginés par Salvador Dali, « La Maison du docteur Edwardes » mélange le romantisme à la psychanalyse. En découle une œuvre étrange et inoubliable.

Le pitch

Constance Peterson, médecin dans un asile d’aliénés, tombe amoureuse du nouveau directeur de l’établissement, le docteur Edwardes. Sauf que ce dernier s’avère être en réalité un usurpateur souffrant d’amnésie. Pire : convaincu d’avoir assassiné le docteur Edwardes, l’inconnu s’enfuit de la clinique…

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Pourquoi c’est un incontournable

D’abord pour ses scènes de rêve et de cauchemar, lesquelles profitent à la fois du génie d’Hitchcock en matière de mise en scène et de montage, et des décors imaginés par l’artiste Salvador Dali.

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En substance, Hitchcock a désiré que les songes mis en scène soient différents de ce que l’on connaissait jusqu’alors (exit l’image qui tremble, ou les formes opaques et nébuleuses). Résultat, les rêves disposent de lignes très claires et nettes, si bien qu’ils semblent presque plus précis que la réalité elle-même.

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Toutefois, de nombreuses scènes oniriques qui au départ devaient être réalisées en extérieur furent abandonnées faute de budget suffisant. La folie des grandeurs de Dali en était évidemment pour quelque chose.

Incontournable, enfin, pour le duo Ingrid Bergman-Gregory Peck.

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La Hitchcock touch’

Sur ce film, le maître du suspense se fait étonnamment discret dans sa mise en scène. Au-delà du rêve (en réalité un unique songe coupé en quatre portions séparées ponctuant le fil de l’intrigue), dont l’inventivité et la beauté hypnotiques laissent pantois, le scénario ne sort jamais réellement de ses gonds. Comme si Hitchcock avait choisi de s’en tenir à quelque chose de raisonnable, ou presque.

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Mais « La Maison du docteur Edwardes » cache aussi dans ses replis le film un peu plus fou qu’il aurait pu être, par exemple dans ses gros plans et ses inserts équivoques.

Côté caméo, l’on peut apercevoir la silhouette d’Hitchcock à la quarantième minute : le cinéaste sort d’un ascenseur (celui de droite) de l’Empire Hotel en fumant, avec à la main un étui de violon.

L’analyse

«  La Maison du docteur Edwardes », c’est l’histoire d’un coup de foudre et d’une poursuite (dans l’espace physique, puis dans la pensée) : d’un côté le désir irrépressible de Constance pour John (Gregory Peck), de l’autre la volonté de ce dernier de comprendre un traumatisme (la mort de son frère) qui le hante depuis son enfance. Alliance sophistiquée de l’Eros et du Thanatos. Question psychanalyse, nous est ici vulgarisée une amnésie relative à un complexe de culpabilité.

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Comme chez Buñuel, l’important pour les personnages est aussi de changer d’optique pour comprendre ce qui les remue intérieurement. À ce titre, le rêve avec l’œil découpé renvoie directement à l’œil tranché d’ « Un Chien Andalou ».

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Il y a une scène qui prête à sourire car assez ridicule a priori, et pourtant non dépourvue d’un sous-texte qui peut faire sens : c’est le moment où Constance et John effectuent une descente à ski. S’il apparaît à ce moment évident que les deux acteurs sont en réalité immobiles dans un studio, cadrés en gros plan devant un film d’horizon enneigé, leur mouvement est singulier : il s’agit d’une sorte de descente infinie vers un gouffre, une descente en soi-même dans les abîmes de l’âme. Dans ce dispositif que l’on peut alors comprendre comme une nécessité de la thérapie, le blanc de la neige agit chez John comme un retour du refoulé : de cette page blanche, peut en découler la résolution de son énigme intérieure…

La genèse

Un temps pressenti au scénario, l’intellectuel Angus MacPhail sera finalement écarté, notamment parce qu’Hitchcock trouve leur collaboration et leur travail trop confus. Ben Hecht finit alors par être recruté, ce qui donne aussitôt au récit du film une tonalité très axée sur la psychanalyse.

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« La Maison du docteur Edwardes » est l’adaptation d’un roman éponyme de Francis Beeding. Mais si le livre se montre particulièrement déluré, avec notamment un directeur de clinique patron de messes noires foulant un christ tatoué sous son pied, ou encore des infirmiers fous, Hitchcock a préféré édulcorer. Car son idée était avant tout de tourner le premier vrai film de psychanalyse.

À noter que Salvador Dali avait pour idée de concevoir une statue qui craque, et d’où sortiraient des fourmis recouvrant Ingrid Bergman (un peu comme dans « Un Chien Andalou »). Mais il n’en fut rien.

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