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Alfred Hitchcock - REBECCA (1940)

Film noir, conte gothique, thriller psychologique… « Rebecca » fait figure d’inclassable. Hitchcock a beau considérer cette œuvre comme étrangère à son cinéma véritable, elle n’en constitue pas moins l’un de ses joyaux.

Le pitch

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À Monte-Carlo, une jeune demoiselle de compagnie fait la rencontre de Maxim de Winter, un veuf richissime et séduisant qui semblait en passe de se suicider. Elle s’éprend très vite de lui, et ce dernier décide bientôt de l’épouser. Mais cette union expéditive se transforme peu à peu en cauchemar.

Si Max retrouve avec sa jeune épouse quelque chose de son ex-femme Rebecca décédée peu de temps avant au cours d’un mystérieux naufrage, la nouvelle Mrs de Winter se heurte au personnel glacial de la demeure ancestrale de Manderley. À tel point que ses premiers pas dans sa nouvelle existence s’avèrent terrifiants, comme si le souvenir de l’épouse trépassée continuait de hanter à tout jamais le lugubre château.

Pourquoi c’est un incontournable

Parce que Laurence Olivier et Joan Fontaine.

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Parce que « Rebecca  » maintient le spectateur dans un sentiment d’oppression toujours plus indomptable à mesure qu’avance l’histoire, et ce, simplement en évoquant une morte en toile de fond.

Si les films d’Hitchcock avaient déjà jusqu’ici rencontré un certain succès, sa première véritable consécration – aussi bien critique que public – commence avec « Rebecca  ». En 1941, le film décroche même l’Oscar du meilleur film (attribué au producteur David O. Selznick) et l’Oscar de la meilleure photographie (George Barnes).

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Ceci étant, Hitchcock ne considère non pas « Rebecca  » comme un film d’Hitchcock, mais plus comme un conte de fées dont l’histoire démodée tient davantage XIXème siècle que du XXème. En somme, le metteur en scène estime que son film manque d’humour. Ce qui n’est pas un mal toutefois, dans la mesure où « Rebecca  » réussit justement à s’imprégner de l’épouvante des contes de Grimm, notamment.

Cette impression d’un conte détachée de la réalité s’explique aussi sans doute par une astuce : la maison et la route que l’on aperçoit dans les plans d’ensemble n’existe pas. Il s’agit d’une maquette idéalisant plastiquement le long-métrage, et renforçant de fait sa dimension de conte. D’ailleurs, François Truffaut dans son entretien avec Hitchcock rapprochait le film de « Cendrillon  ». Ce à quoi Hitchcock répondait : «  L’héroïne est Cendrillon, et Mrs Danvers l’une de ses vilaines sœurs  » (Truffaut/Hitchcock, Gallimard, 1993, p. 107).

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La Hitchcock touch’

Dans « Rebecca  », la marque hitchcockienne se ressent dans l’écriture ambivalente des personnages, voire dans la personnification du décor en lui-même. Car si l’on voit bien comment le réalisateur cherche à l’époque à apposer son sceau amoral à travers la grande différence d’âge entre Joan Fontaine (dont le personnage vient de voir son père mourir) et Max de Winter (incarné par Laurence Olivier) – dans une dynamique oedipienne –, il cherche aussi à rendre la maison (mue peut-être par le fantôme invisible de Rebecca) pratiquement plus vivante que ses occupants. On peut d’ailleurs à ce titre rapprocher en creux « Rebecca  » du film « Shining  » (Kubrick, 1980).

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C’est qu’Hitchcock insuffle à ce film noir une tonalité à la frontière du fantastique, doublée évidemment d’un suspense psychologique tenace.

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Autre détail intéressant dénotant encore et toujours les obsessions d’Hitchcock en matière de sexualité : cette scène saphique – certes allégorique – où Mrs Danvers (dont le surnom Danny s’avère étrangement masculin) glisse sa main dans la chemise de nuit transparente de sa maîtresse défunte. Ou comment le cinéaste réussit chaque fois à ajouter un détail a priori anodin mais pourtant signifiant pour déconcerter le spectateur.

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S’agissant de Mrs Danvers, notons qu’Hitchcock se garde systématiquement – ou alors d’un pas lancinant – de la filmer en train de marcher. Résultat, elle terrorise car elle semble déshumanisée.

Si « Rebecca  » est le tout premier long-métrage d’Hitchcock à bénéficier d’un tournage aux Etats-Unis, son histoire s’inscrit en revanche toujours dans l’Angleterre natale du metteur en scène – sans compter son casting britannique. Le manoir inquiétant du récit se situe en effet quelque part sur la côte de Cornouailles.

Une fois n’est pas coutume, le caméo d’Hitchcock apparaît dans le dernier quart du film. On le voit sortir d’une cabine téléphonique.

L’analyse

« Last night, I dreamt I went back to Manderley… » Il suffit d’une phrase prononcée en off par Joan Fontaine pour propulser le spectateur dans l’atmosphère quasi gothique du film. Ce rêve d’un retour à Manderley sonne comme un retour d’entre les morts. Et pour cause : l’héroïne dont on ne connaît jamais le prénom doit malgré elle reprendre quelques-uns des attributs de l’identité d’une morte, à savoir celle qui l’a précédée à Manderley : Rebecca de Winter, présence fantomatique qui donne d’ailleurs son nom au film. En cela, est-il judicieux de rapprocher « Rebecca » d’un autre chef d’œuvre d’Hitchcock : « Sueurs froides » (1958).

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Sous cet angle, « Rebecca  » raconte donc l’histoire d’une femme (l’héroïne sans nom) écrasée par un sentiment d’infériorité. Un sentiment qui tient à la fois à sa place initiale tout en bas de l’échelle sociale, mais surtout à l’amour non réciproque qu’elle éprouve à l’égard de Max. Car si ce dernier l’aime bel et bien, c’est d’abord parce qu’il croit voir en elle la résurrection de Rebecca – dans une veine presque nécrophile. D’autre part, l’infériorité ressentie par Mrs de Winter résulte également de l’aura d’épouvante que la maison fait peser sur elle. Personnage à part entière dans « Rebecca  » – sinon le plus important –, la demeure victorienne, avec ses clairs-obscurs expressionnistes dont les ombres dessinent comme une sorte de toile d’araignée inexpugnable, l’enferme à jamais dans une vie dont elle se trouve finalement dépossédée.

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La genèse

Au départ, Hitchcock ne se rend pas à Hollywood pour réaliser « Rebecca  » mais « Titanic  ». Sauf que le projet est avorté, David O. Selznick ayant fait l’acquisition des droits de « Rebecca » et se montrant résolu quant à sa réalisation.

À l’image de nombreux films d’Hitchcock, le récit de « Rebecca  » s’appuie sur un roman. Cette fois, c’est le livre « Rebecca  » de Daphné du Maurier – dont les épreuves furent prises pour modèle par Hitch avant même la publication de l’ouvrage – qui servît de base au scénario final. Il ne s’agissait alors pas du premier contact d’Hitchcock avec l’auteure britannique puisque le réalisateur avait déjà auparavant adapté le livre « La taverne de la Jamaïque  » en 1938.

À noter que Daphné du Maurier refusa dans un premier temps de voir son roman mis en scène par Hitchcock, car elle estimait qu’il avait défiguré son livre précédent. Mais le producteur tout puissant David O. Selznick parvint à la rassurer en promettant une adaptation scrupuleuse. Reste que la censure en décida autrement : Hitchcock fut à terme par exemple contraint d’adoucir la relation obsessionnelle de Mrs Danvers à l’égard de l’ancienne Mrs de Winter. Sans compter que la culpabilité absolue de Max (présente dans le livre) dut être nuancée.

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Il n’empêche malgré cela qu’un un troisième roman de Du Maurier fera l’objet d’une adaptation par Hitch en 1960 : « Les Oiseaux ».

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