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Madelaine avant l’aube - Sandrine Collette

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  • spitfire89 12 septembre 2024
    Madelaine avant l’aube - Sandrine Collette

    Sandrine Collette revient pour cette rentrée littéraire, un texte sombre avec une révolte universel âpre, une intrigue intemporel de la lutte des classes inférieures. Une plume hypnotique, acide, prenante dans un territoire de légende, des personnages combattant l’injustice d’un pouvoir arbitraire.
    Paysans, Pouvoir, Révolte, Famille, Combat, Amour, Injustice, Condition de vie, Condition Féminine et Position social.

    "Les rois ne sont jamais venus enlever une de nos bergères, ou alors pour la violer, pas pour en faire une reine."

    "Nous observons ce tout petit univers que forment les femmes entre elles, que nous leur envions, nous aussi nous aimerions que l’on nous console parfois, quand la vie nous accable, nous l’espérons de toute notre âme. Mais personne ne réconforte les hommes. Ils n’en ont pas besoin. Nous sommes dévorés par ce devoir de puissance, obligés d’être invincibles, de refouler nos peurs et nos désespoirs au fond de nos ventres. Nous crevons du manque d’amour."

    "Nous pourrions être les personnages des histoires que les conteurs colportent depuis toujours, à une différence près."

  • Aude Bouquine 12 septembre 2024
    Madelaine avant l’aube - Sandrine Collette

    Avant que ne surgisse « Madelaine avant l’aube », la vie n’avait guère de saveur. Dans le minuscule hameau de La Foye où le temps s’est suspendu, les saisons s’étirent comme des ombres sur des champs de désespoir. Les habitants, silhouettes usées par le labeur, labourent la terre avec des mains calleuses, témoins silencieux d’une lutte sans fin. Le soleil, ou le froid, implacables, brûlent leurs espoirs, tandis que la faim, spectre affamé, rôde entre les rangs de graminées flétris. Les rivières de sueur tracent des sillons sur des fronts plissés par l’angoisse ; chaque grain récolté ressemble à un cri étouffé, un sacrifice pour un maître lointain, indifférent à leur souffrance. Le crépuscule étend son voile, et les silhouettes se courbent sous le poids des promesses jamais tenues.

    Dans ce cycle tragique, la nature se fait complice, elle danse avec eux, mais ne nourrit que l’illusion d’un lendemain meilleur. Le village, écho d’un temps révolu, demeure prisonnier de son propre désespoir, oscillant entre la vie et la mort, entre l’espoir et la désolation. Ici, on survit et on meurt, soumis à l’autorité des Ambroisie, les propriétaires terriens. Par delà le fleuve Basilic, le monde s’est figé. Le pont, qui permettait de traverser n’a jamais été reconstruit, c’est la vieille qui gère le bac avec sa barque. De génération en génération, les gestes, le savoir et le travail se transmettent. Avec eux, la faim, la fatigue et l’avenir gris. « Nous avons pris l’habitude d’être vigilants. Nous avons l’habitude d’écouter. Ce monde n’offre ni promesses ni certitudes, en dehors du fait que nous mourons sans doute trop tôt, nos existences sont courtes, sauvages, éreintantes. Mais comme dit Eugène : c’est normal. C’est la vie de nos parents, et de leurs parents avant eux. Un monde qui ne change pas. »

    Bran est le narrateur de « Madelaine avant l’aube ». Il raconte les existences fourbues, les êtres proches, et Rose, l’ancienne, la mémoire du village qui l’a recueilli. Ici, on a le sens de l’essentiel, le sens de ce qui compte, les priorités sont vitales, au sens propre. On ne parle pas pour ne rien dire, on ne s’épuise pas pour des inepties, on a le sens des priorités. « Rose dit qu’il ne faut pas être chagrin, il ne faut pas user nos forces avec des questions trop grandes pour nous, des mots que je n’arrive pas à retenir. Moi je ne suis rien pour elle, rien par les liens du sang, je suis là c’est tout, elle m’a recueilli un jour que tout petit je crevais de faim, sur le chemin, je suis resté. C’était il y a huit ans. » Dans ce tableau de survie, en amont du hameau, se dressent trois maisons que tous appellent Les Montées. C’est là où survivent les jumelles, Ambre et Aelis et leurs époux respectifs, Léon et Eugène. Leurs visages marqués par la peine, témoins d’un quotidien sans répit, espérant un miracle… Mais inéluctablement, des lignes de désespoir les défient sous un ciel implacable. La faim danse autour d’eux érodant leurs rêves. La joie est un luxe qu’ils ne peuvent se permettre… et heureux, ils ne le sont pas. Les rires se sont tus, remplacés par le murmure du vent qui charrie des rêves brisés, jusqu’à l’arrivée de Madelaine.

    « C’est comme cela que Rose a eu raison de la petite, la nourriture, comme cela qu’elle l’a gagnée, en trois jours pas plus, l’enfant lui mangeait dans la main. Moi je n’avais rien à lui donner. Et pourtant le lien le plus immédiat et le plus fort, celui qui resterait à jamais, même après que Rose eut cédé la petite à Ambre, était entre elle et moi. Je l’avais su au premier coup d’œil et j’ai vu qu’elle savait aussi : nous étions pareils. Nous étions sauvages. Nous étions à part. On pouvait bien nous domestiquer et nous éduquer, il resterait cette part d’incertitude, le morceau de nous prêt à éclater à chaque instant, il y avait dans ses yeux et dans les miens cette petite flamme pas tout à fait droite, pas tout à fait nette, que personne ne contrôlerait. »

    L’horizon se teinte d’un éclat nouveau lorsque Madelaine, petite flamme de révolte, pénètre ce village assoupi. Ses pas résonnent comme des tambours de guerre sur la terre aride, son regard est un éclat de braise dans la grisaille ambiante. Elle n’est qu’une enfant, mais en elle brûle une colère sourde, un cri de défi face à l’injustice qui ronge les âmes de ceux qui l’entourent. Madelaine, avec son rire éclatant, sème des graines de lumière là où le désespoir a pris racine. « Quand elle le voit au loin remonter le chemin en rentrant du village, Madelaine tient la tête haute et renifle fort. J’aime ses attitudes encore animales, son caractère buté et rancunier, à d’autres moments sa gaieté sans limites. » Chaque jour, elle entraîne dans son sillage les enfants, les femmes et les hommes du hameau, les incitant à rêver d’un futur meilleur en défiant les règles établies. Elle transforme la résignation en révolte, l’explication humaine en soif de justice. « Madelaine avant l’aube » ne peut se résigner… ni à sa condition ni à son sort, encore moins à la fatalité. « Il n’y a pas moyen de la contenir : c’est dent pour dent, c’est la loi du plus fort. Sans doute a-t-elle survécu avec cette nécessité et cela reste inscrit dans ses entrailles. » Madelaine est devenue le soleil de ce hameau, elle illumine les ténèbres, de son courage, de sa détermination, de son sens aigu, de la justice et de l’injustice.

    « Madelaine avant l’aube », c’est la Liberté guidant le peuple. Mais à quel prix ?

    Dans les romans de Sandrine Collette, le lecteur est souvent plongé au cœur d’un univers où la nature règne en maître, où l’humain est à la fois un élément et un témoin de ce monde brut et indompté. Ses mots capturent l’essence des paysages âpres et isolés, des lieux où les histoires ne connaissent pas de fin heureuse, où les contes de fées sont des fables amères, déformées par la réalité crue.

    Dans « Madelaine avant l’aube », son écriture se distingue par sa capacité à évoquer des émotions profondes, celles qui naissent dans les replis de l’âme, là où la lumière peine à pénétrer. La parcimonie avec laquelle elle utilise la ponctuation résonne comme une mélodie sombre, une chanson des terres reculées où les hommes vivent avec la nature, soumis à des règles tacites, des lois ancestrales qui les lient à la terre et aux pierres de leurs maisons. Ses personnages sont marqués par leur environnement, presque façonnés par lui, et il en émane une sorte de résignation mélancolique. Ils ne cherchent pas à fuir leur destin, mais plutôt à l’accepter, à trouver une forme de beauté dans la dureté de leur existence. Ce sont des êtres qui sentent, qui perçoivent, qui devinent plus qu’ils ne parlent, et leurs silences sont chargés de sens, de non-dits qui flottent entre les lignes. L’écriture de Sandrine Collette est empreinte d’une poésie brute, celle qui naît des paysages austères et des vies simples, mais intenses. Elle parvient à capturer l’essence même de l’existence humaine, cette lutte constante pour trouver un sens, une place dans un monde qui semble souvent hostile ou indifférent.

    J’aime Sandrine Collette parce qu’elle ne cherche pas à impressionner par des effets de style grandiloquents. Elle préfère laisser parler la matière, le silence, les petits gestes du quotidien qui en disent long sur la vie des personnages. J’aime son monde où la beauté réside dans la simplicité, dans la rudesse même de l’existence. J’aime son écriture intemporelle qui émeut, qui fait réfléchir sur notre propre rapport au monde, à la nature, et aux autres. C’est une plume qui résonne, qui laisse une empreinte durable, comme le ferait une vieille légende contée au coin du feu. « Nous là-dedans, au bout des terres les plus lointaines, nous sommes immuables, telles les forêts anciennes qui nous entourent. Nous pourrions être les personnages, des histoires que les conteurs colportent depuis toujours, à une différence près – ici, les histoires ne finissent pas bien. Les rois ne sont jamais venus enlever une de nos bergères, ou alors pour la violer, pas pour en faire une reine. » Et au-delà du texte, je décèle toujours chez elle une portée plus philosophique, empreinte de méditations sur la condition humaine.

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