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Alfred Hitchcock - L’OMBRE D’UN DOUTE (1943)

Pour Hitchcock, le diable se cache volontiers aussi jusque dans une petite ville tranquille. La preuve à Santa Rosa, Californie, où sous des dehors de paradis, s’immisce un serial-killer à la recherche de sa prochaine victime – de préférence une riche veuve…

Le pitch

Oncle Charlie et sa nièce, elle aussi prénommée Charlie, s’entendent jusqu’ici à merveille. Problème : la jeune fille soupçonne peu à peu son parent d’être un criminel en fuite. C’est qu’oncle Charlie est arrivé brusquement et précisément au moment où la police s’apprêtait à capturer un tueur de riches veuves en déroute. Pire : la nièce repère deux hommes qui semblent surveiller Charlie de près. Lui faut-il céder au doute ?

Pourquoi c’est un incontournable

Alfred Hitchcock l’a souvent dit et répété : « L’ombre d’un doute » était l’un de ses films favoris. Pourquoi ? En partie probablement pour la précision chirurgicale de son scénario, co-rédigé avec Thornton Wilder, immense dramaturge américain.

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Ce qui permît de donner à la petite ville californienne de Santa Rosa toute son authenticité, celle d’un endroit où il ne se passe finalement jamais rien mais où tout le monde se connaît. Ce n’est pas un hasard si Francis Coppola, se souvenant de « L’ombre d’un doute », opta en 1986 pour le même lieu afin d’y tourner son film « Peggy Sue s’est mariée » (ci-dessous).

Si Teresa Wright (la nièce) incarne l’un des plus brillants portraits de la jeunesse américaine, c’est à Joseph Cotten (l’oncle) que l’on doit l’un des miroirs les plus édifiants de sa corruption future. Pour certains, l’oncle Charlie n’est d’ailleurs pas seulement un tueur dépourvu d’un semblant de culpabilité. Parce qu’il apparaît vêtu tout de noir dans l’obscurité en pleine journée, parce qu’il échappe à la police miraculeusement, qu’il refuse les photographies ou qu’il dispose un instant d’une couchette en forme de cercueil, d’aucuns pensent qu’il serait une sorte de vampire. De quoi faire de « L’Ombre d’un doute » un film fantastique qui ne dit pas son nom.

La Hitchcock touch’

Comment faire cohabiter la candeur et l’horreur ? Pour Hitchcock, une simple scène suffit : on voit sortir la jeune Charlie du bureau du télégraphe tout sourire car elle vient d’apprendre que son oncle Charlie, auquel elle voue une véritable admiration, arrive chez elle à Santa Rosa ; elle se répète avec entrain : «  Il m’a entendu, il m’a entendu ».

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Puis tout à coup en fondu enchainé, surgit un train lancé à grande vitesse arrivant avec fracas sur fond d’une musique des plus sinistres de Bernard Herrmann. La fumée noire nimbant l’engin, doublée d’une ombre sur la gare liée à la position du soleil, donne l’impression d’une présence diabolique en chemin.

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Conclusion : l’ingénuité ou le cadre parfait (la rue proprette, l’adolescente souriante) ne prémunit pas contre l’horreur larvée (et alors indicible) du monde.

Trouble oblige, Alfred Hitchcock développe une relation ambiguë entre les deux Charlie. Même convaincue de la culpabilité de son oncle, la nièce éprouve un vrai sentiment amoureux pour celui-ci.

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Le caméo d’Hitchcock intervient à la seizième minutes : le cinéaste figure à l’écran de dos, en train de jouer aux cartes.

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L’analyse

La structure de « L’ombre d’un doute » est à double face : d’un côté un monde idyllique et solaire, de l’autre un espace fallacieux et oppressant. À ce titre, l’on peut opposer Charlie la nièce à Charlie son oncle. Car chez le second, sous des dehors avenants et séduisants, sous son élégance des grands meurtriers hitchcockiens et son éloquence, se dissimulent le cynisme et la destruction. Il suffit de s’en remettre à l’obsédante ritournelle du film, toujours associée à l’assassin, pour saisir son envers : l’air de la valse « La veuve joyeuse », admirable tromperie cachant l’horreur ambiante sous sa tonalité enjouée.

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On notera que si les deux personnages portent le même prénom, ce n’est pas une coïncidence : l’idée est bien de mettre en scène deux faces d’une même personnalité, l’une positive, l’autre négative. D’ailleurs, la dualité est signifiée dès le début du film : lorsqu’ils entrent scène de manière séparée, les deux protagonistes sont filmés coup après coup tous les deux allongés sur un lit, la tête à gauche de l’écran.

Un certain David Lynch se souviendra consciencieusement de cette pierre angulaire qu’est la contamination latente présente dans « L’ombre d’un doute », la reproduisant et la pervertissant (contemporain oblige) dans « Blue Velvet » (1986) et «  Twin Peaks : Fire Walk with Me » (1992) – deux films mettant en scène une ville faussement bucolique et paradisiaque.

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La genèse

La justesse de « L’ombre d’un doute  » et l’atmosphère si réaliste de la petite ville américaine de Santa Rosa tiennent pour beaucoup à la plume du scénariste et écrivain Thornton Wilder, auquel Hitchcock fit appel in extremis. Ce dernier aurait ainsi largement révisé la caractérisation de départ des enfants du film, leur ajoutant des monomanies en miroir à celles des adultes (des fascinations pour les criminels en forme de jeu, notamment). Manière de rapprocher l’enfance de la corruption du monde adulte.

À noter que la romancière Sally Benson, dont Vincente Minnelli adapta «  Kensington Stories » avec « Le chant du Missouri » en 1944, fut par ailleurs une importante source d’inspiration pour le film. La romancière eût ainsi indirectement un rôle crucial dans l’élaboration du cadre de vie des habitants de Santa Rosa. Difficile de ne pas rapprocher dans une certaine mesure la nièce Charlie du personnage d’Esther Smith (Judy Garland dans « Le chant du Missouri »).

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