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Alfred Hitchcock - L’ÉTAU (1969)

Mal aimé par les aficionados d’Hitchcock, « L’Étau » compte pourtant quelques-unes des grandes scènes du cinéma moderne d’Hitchcock. Un film d’espionnage chirurgical et glaçant.

Le pitch

Boris Kusenov, un haut fonctionnaire du KGB, profite de vacances en famille à Copenhague pour passer à l’Ouest. Cette échappée est encadrée par les Américains, qui lui envoient Michael Nordstrom, spécialement chargé de l’opération. En échange, Kusenov doit donner de précieuses informations à Washington au sujet d’un trafic d’armes russes à Cuba. Pendant ce temps, un espion français du nom d’André Devereaux apprend le passage d’un transfuge à l’Ouest…

Pourquoi c’est un incontournable

Parce que « L’Étau  » bénéficie d’une mise en scène flamboyante, portée par des scènes tournées en extérieur à Paris, Copenhague ou encore New York, puis par des décors spectaculaires recréés à Hollywood.

Aussi, le long-métrage s’impose comme l’un des grands films sans stars d’Hitchcock. Résolu à ne faire appel à aucune vedette, le réalisateur prend ainsi ses distances avec le star-system pour se concentrer sur l’image et le scénario. Restent des acteurs et actrices solides tantôt américains, français ou scandinaves. L’on croise notamment Philippe Noiret, Michel Piccoli, Michel Subor ou encore Claude Jade – qui ressemble à s’y méprendre à Grace Kelly jeune.

La Hitchcock’ touch

Une série de séquences muettes permet au cinéaste de donner libre cours à son intelligence et à sa maîtrise. L’une d’entre elles se déroule dans un magasin de porcelaine, tandis que la famille Kusenov se trouve sous la surveillance des agents russes. Après un long silence, la fille du couple Tamara laisse délibérément tomber un couple en porcelaine. Le fracas provoqué, d’autant plus assourdissant qu’il succède à une pause olympienne, accélère aussitôt l’action.

Une autre a lieu dans le magasin de fleurs de Philippe Dubois, lorsque André montre le portrait de Uribe à travers la porte vitrée de la chambre froide. Sans mot dire, le protagoniste révèle alors une information essentielle à Dubois.

Deux séquences très graphiques doivent également retenir l’attention : celle de la mise à mort de Juanita, cadrée en plongée absolue, où la robe du personnage s’étale telle une corolle sur un carrelage en damier, comme s’il s’agissait d’une mare de sang se répandant petit à petit ; celle enfin introduisant le film, laquelle suit l’échappée sous contrôle des Kusenov.

On voit Hitchcock faire son caméo à la vingt-septième minute. Après avoir été poussé dans une chaise roulante à l’aéroport, celui-ci se lève, dit bonjour à quelqu’un puis s’en va.

L’analyse

Alfred Hitchcock enchâsse un triangle amoureux dans une intrigue d’espionnage, qui s’inspire en partie du scénario de son précédent film – « Le Rideau déchiré ». Tout repose sur le démasquage, et donc sur les faux-semblants – jusqu’au caméo d’Hitchcock lui-même, fondé sur le mensonge.

La genèse

« L’Étau » est adapté du roman « Topaz » de Léon Uris. L’enjeu pour Hitchcock a consisté à transposer le texte de manière à en faire un film d’espionnage relatant la crise des missiles de Cuba d’octobre 1962.

À noter que le titre « L’Étau » fut choisi pour éviter que le film ne soit confondu avec « Topaze  », de Marcel Pagnol.

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