- Auteur : Marcus Malte
- Editeur : Zulma
- Date de sortie : 18 août 2016
- EAN : 978-2843047602
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Résumé :
Il n’a pas de nom. Il ne parle pas. Le garçon est un être quasi sauvage, né dans une contrée aride du sud de la France. Du monde, il ne connaît que sa mère et les alentours de leur cabane. Nous sommes en 1908 quand il se met en chemin, d’instinct.
Alors commence la rencontre avec les hommes : les habitants d’un hameau perdu, Brabek, l’ogre des Carpates, philosophe et lutteur de foire, l’amour combien charnel avec Emma, mélomane lumineuse tout à la fois sœur, amante et mère. « C’est un temps où le garçon commence à entrevoir de quoi pourrait bien être, hélas, constituée l’existence : nombre de ravages et quelques ravissements. » Puis la guerre, l’effroyable carnage, paroxysme de la folie des hommes et de ce que l’on nomme la civilisation.
Itinéraire d’une âme neuve qui s’éveille à la conscience au gré du hasard et quelques nécessités, ponctué des petits et grands soubresauts de l’Histoire, le Garçon est à sa façon singulière, radicale, drôle, grave, l’immense roman de l’épreuve humaine.
IsaVP 13 février 2021
Le Garçon - Marcus Malte
Lorsqu’il perd sa mère en 1908, le laissant seul dans une cabane du Sud de la France, le Garçon prend la route parce qu’il n’a pas d’autre alternative.
Muet de naissance, il erre des jours entiers sans croiser âme qui vive et se terre partout où il peut ne pas se faire voir. Mais il finit par rencontrer les siens, les Hommes, qu’il n’a jamais vus et c’est le début d’une grande aventure qu’il vivra avec toute l’intensité et l’authenticité dont il est fait.
Partout où il passe, il est aimé et craint à la fois. Il travaille pour se nourrir dans un village de montagne, accompagne sur sa route Brabeck « l’Ogre de Carpates », un lutteur de foire qui lui apprend à côtoyer les autres, rencontre Emma et son père, qui l’aimeront comme un fils, un frère et un amant, puis il s’enrôle pour la guerre en 1914 et finit par être déporté au bagne de Cayenne en 1921.
Dans sa tête les gens portent le nom de l’animal ou de la plante auquel ils ressemblent et tous l’adoptent comme l’un des leurs. Emma le nomme Felix Mazeppa mais il ne saura jamais dire ce nom, ni le lire ou l’écrire.
Il va connaître la grande amitié, le plus beau des amours, la solidarité avec ses compagnons de guerre, les douleurs du corps blessé ou malade et il supportera les pires contraintes sans rechigner. Et dans cette explosion de sensations, la musique s’avérera l’émouvoir au plus profond de son être.
Ponctué par les grands et les petits évènements de l’Histoire, l’auteur nous entraîne dans le périple de cet étrange Garçon que l’on croit parfois comprendre mais qui nous fait souvent douter d’être passé à côté d’un être exceptionnel.
Marcus MALTE est un génie de l’écriture et ce roman, chef d’œuvre d’émotions, est une explosion de sensualité et de violence mêlées. Malgré quelques longueurs et des énumérations un peu fastidieuses qui sont vite oubliées tant l’histoire est captivante, j’ai été saisie par le rayonnement de ce Garçon, capable de déchaîner les passions et de dépasser les conflits.
J’ai vibré d’amour et de peine, de douleur et d’empathie pour ce personnage secret qui restera un mystère dans mon esprit et un souvenir lumineux dans ma mémoire.
Grandiose !
Kirzy 2 janvier 2020
Le Garçon - Marcus Malte
Waouah, quel livre ! Quel souffle, quelle écriture ! Déjà plusieurs jours que j’ai refermé le Garçon et je reste abasourdie par sa puissance !
Ce sentiment de lire un livre exceptionnel, il a pulsé en moi dès les premières pages, un jeune fils portant sa mère inerte à travers les landes :
« Celui qui sert de monture a la stature d’un garçon de quatorze ans. Sec et dur. Les côtes, les muscles, les tendons saillent, à fleur de peau. Et par-dessus de vagues morceaux de tissu, un assortiment de frusques vraisemblablement constitué sur le dos d’un épouvantail. Il va sans chaussures, les plantes de ses pieds ont la texture de l’écorce. du chêne-liège. Ses cheveux ruissellent sur ses épaules et sur son front tel un bouquet d’algues. Il est en nage, il lui, émergeant tout juste dirait-on de l’océan originel. La sueur lui sale les paupières, dirait-on, puis s’écoule en suivant le chemin des larmes. Une goutte se prend parfois dans la jeune pousse du duvet qui ourle sa lèvre supérieure . Ses yeux sont noirs, plus noirs que le fonde des âges, où palpite pourtant le souvenir de la prime étincelle. C’est l’enfant. »
Un garçon, un enfant sauvage plus proche du règne animal que du monde humain, venant d’un monde quasi homérique, dont on va suivre la quête d’humanité. Ce personnage sans nom, sans voix, mutique, on le voit se constituer au fil de ses rencontres, on le voit se confronter sur une trentaine d’années à ce qui fait l’homme, on le voit entrer dans le temps et l’histoire.
Le garçon comme une page blanche sur laquelle tout peut s’inscrire, de l’amour à la guerre, ces actes parlant pour lui sans qu’aucune explication psychologique ajoutée par l’auteur ne soit nécessaire.
Le récit se déploie avec une liberté totale, complètement hors cadre, se permettant de raconter la vie du garçon sur trente ans, de 1908 à 1938, en empruntant au récit picaresque, au roman d’amour insufflé d’érotisme, au roman d’apprentissage, à la fable philosophique voltairienne à la Candide. Un mets de roi opulent qui comble le lecteur et le fait réfléchir sur ce qu’est être un homme, ce qu’est la civilisation tant la tension nature / culture est forte ici : ce qu’on est au départ confronté à ce qu’on devient en acceptant de s’intégrer ( ou pas ) aux règles que la société nous impose.
Et il y a cette écriture, éblouissante, très travaillée, ciselée, souvent lyrique, un véritable tourbillon qui m’a emportée et fait traverser toute la palette possible des émotions. Par exemple, les pages sur la Première guerre mondiale, malgré le nombre de romans qui existent sur ce sujet, sont parmi les plus belles que j’ai lus, notamment dans un chapitre où Marcus Malte fait le choix de le parsemer des paroles de la Marseillaise, dans une écriture syncopée quasi hallucinée.
Un livre unique, exceptionnel par sa puissance et sa singularité, qui confirme à quel point les auteurs étiquetés « polar » ou " roman noir ", à l’instar de Pierre Lemaitre, sont de grands écrivains qui savent dire le monde.