1. L’Homme aux cercles bleus de Fred Vargas (1991).

C’est la reine du roman policier français, ou du « rompol » comme elle l’aime à le décrire elle-même. Fred Vargas, c’est une veine unique dans le polar qu’il est presque absurde de qualifier de français (ça l’est toujours un peu, quelque que soit la nationalité de l’auteur) mais pourtant...

Romans d’atmosphère, d’intuition, d’Histoire, d’érudition, de personnages emblématiques, de savoir cartésien comme de croyances minuscules, ancré dans des territoires, les œuvres de Vargas mêlent pourtant de nombreuses passions françaises. L’intrigue policière pourrait sembler presque accessoire puisqu’on cherche avant tout, en tant que lecteur, à se replonger dans une ambiance, et pourtant Vargas nous gratifie de certaines des plus belles intrigues du genre.

Héritière de plusieurs points forts du polar français, on peut pourtant dire de Vargas qu’elle est incomparable, puisqu’il semble très difficile de l’imiter (par son mélange hétéroclite d’éléments auquel s’ajoute un vrai talent de conteuse). Le sillon qu’elle a creusé et son immense succès populaire, en font une synthèse à part dans le paysage du polar mondial.

Résumé

Les trottoirs de Paris offrent certains matins une curiosité étrange : des cercles bleus entourent des objets a priori sans intérêt. Mais le commissaire Adamsberg sait que cela va mal tourner : la mort guette. Et il a raison ! Pour trouver l’assassin, il devra faire preuve de ruse et suivre son instinct. Au cours de cette enquête, il rencontre des êtres marginaux, généreux et meurtris par la vie, unis par leurs échecs et leur difficulté à s’adapter au monde qui les entoure.

2. Le Vol des cigognes de Jean-Christophe Grangé (1994).

Évidemment, Grangé n’est pas le premier auteur Français de polar à mettre des touches de fantastique dans ses romans. Évidemment, Grangé n’est pas le premier à utiliser une trame narrative « nerveuse » et une violence proche de l’horreur, « à l’américaine ». Évidemment Grangé n’est pas le premier Français à connaître le (grand) succès avec ses polars. Mais c’est cette combinaison d’éléments qui va lui donner un statut à part d’écrivain bestseller qui rivalise avec les grands auteurs anglo-saxons.

Le succès des Rivières pourpres va propulser son premier roman, Le Vol des cigognes, sur le devant de la scène littéraire et le succès ne se démentira plus. Grangé va ouvrir la voie à toute une génération d’auteurs de thrillers « à la française » reconnue à l’international.

Résumé

Un ornithologue suisse est trouvé mort d’une crise cardiaque… dans un nid de cigognes. Louis, l’étudiant qu’il venait d’engager, décide d’assumer seul la mission prévue : suivre la migration des cigognes jusqu’en Afrique, afin de découvrir pourquoi nombre d’entre elles ont disparu la saison précédente… Parmi les Tsiganes de Bulgarie, dans les territoires occupés par Israël, puis en Afrique, Louis court d’énigme en énigme et d’horreur en horreur : observateurs d’oiseaux massacrés, cadavres d’enfants mutilés dans un laboratoire… Les souvenirs confus de son propre passé –ses mains portent des cicatrices de brûlures depuis un mystérieux accident– se mêlent bientôt à l’enquête…

3. Alex de Pierre Lemaître (2011).

Pierre Lemaitre est un baroudeur du polar : il en connait les arcanes, les sous-genres, ses différents moyens d’expression (littéraire, cinématographique, etc.). Explorateur du genre et de ses possibilités, il cherche comme Vargas et Grangé à synthétiser des héritages historiques du polar français pour en proposer des versions modernisées, inédites.

Lemaitre trace sa propre voie, plus « littéraire » : s’il ne renie par le polar social, il n’oublie pas le souffle du roman d’aventure ; il rend hommage à des créateurs qu’il admire sans jamais les plagier ; il combine « l’exigence littéraire » et le style au plaisir du frisson ou de l’enquête. Lauréat du prix Goncourt (pour un livre, Au-revoir là-haut, qui n’est pas un polar), il participe largement à la légitimation du genre (certes déjà bien entamée) et ouvre le chemin à bien des auteurs au style « hybride » (Bouysse, Varenne et bien d’autres), aux frontières de la littérature.

Résumé

Qui connaît vraiment Alex ? Elle est belle. Excitante. Est-ce pour cela qu’on l’a enlevée, séquestrée et livrée à l’inimaginable ? Mais quand le commissaire Verhoeven découvre enfin sa prison, Alex a disparu. Alex, plus intelligente que son bourreau. Alex qui ne pardonne rien, qui n’oublie rien, ni personne.