Comment écrire ses propres polars...
De lire et aimer le polar à en écrire, il n’y a parfois qu’un pas que de nombreux lecteurs franchissent chaque année. Mais comment concrétiser l’envie en véritable roman ? Nous avons demandé à Danielle Thiery, Marc Voltenauer, Gipsy Paladini, Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat, Niko Tackian, de nous donner quelques-un de leurs conseils...
Danielle Thiery, autrice notamment du roman Des clous dans le cœur, prix du Quai des Orfèvres 2013.
Un conseil pour un néophyte du polar : écris plutôt un livre Feel good, une romance qui finit bien tu auras plus de lecteurs ! Non, blague à part, le marché du polar est aujourd’hui bien encombré et il faut s’armer de patience pour sortir un livre. Sauf à inventer un style nouveau et vraiment renouveler le genre mais là on ne peut jamais savoir ce qui marchera. Mais vas-y, fonce ! Après tout, qui ne risque rien...
Marc Voltenauer, auteur notamment du Dragon du Muveran...
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait se lancer dans l’écriture d’un polar ? Avant de commencer à écrire, je prends beaucoup de temps pour réfléchir au cœur de l’histoire (qui est le meurtrier ? qui a-t-il tué ? pourquoi ? comment et dans quelles circonstances ?) ; à inventer et donner de l’épaisseur à mes personnages (pour les personnages les plus importants, j’écris une biographie : quelle est leur histoire, leur physique, leur psychologie, leur manière de parler, leur manière d’interagir avec les autres, leurs liens avec les autres protagonistes, etc...) ; à définir l’atmosphère et le cadre dans lequel ils évolueront. Puis, je construis pas à pas l’intrigue comme un scénario. Écrire un polar, c’est aussi connaître et maitriser un certain nombre de techniques d’écriture et d’outils pour que l’idée que l’on a dans la tête devienne une histoire. Un autre conseil : lisez , pas seulement des polars ! Et surtout, n’oubliez pas qu’écrire un polar, c’est certes de l’inspiration et de la créativité, mais c’est avant tout un travail consciencieux et acharné.
Gipsy Paladini, autrice notamment de Vice
Pour quelqu’un qui souhaite se lancer dans l’écriture d’un polar : Évitez d’être dans le jugement et soyez curieux de tout. Sortez des sentiers battus, explorer des domaines qui ne vous sont pas familiers. On se découvre ainsi de nouvelles facettes ce qui permet de se démarquer.
Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat, autrices du Polar pour les Nuls.
Question pas si simple, car les conseils que l’on donne à un auteur débutant sont souvent liés à ce que l’on a pu lire de lui (des nouvelles, par exemple, car la nouvelle est toujours une excellente entrée en matière, un exercice d’écriture), ou pas. À ce que l’on sait de lui à travers des discussions, souvent informelles, dans des festivals ou ailleurs, ce qu’il a lu comme polars, d’où lui vient ce désir « d’écrire un polar », etc.
Mais globalement, on lui dira de prendre le temps de bien cerner son sujet, de réfléchir à ce qu’il a envie de dire, puis de se lancer dans l’écriture en tenant son fil, et surtout, en étant toujours sincère sans essayer d’imiter une formule qui aurait souri à un autre.
En un mot, d’inventer sa propre voix.
Niko Tackian, auteur notamment d’Avalanche Hotel.
Je lui dirai de d’abord essayer de définir ce qui va le pousser à se mettre deux heures par jour devant son écran pour pondre son histoire. Parce que c’est quoi au fond écrire ? C’est comme le sport, c’est une activité qui ne donne des résultats QUE si on tient le rythme et la distance sur le long terme. Donc il faut une sacrée motivation et une bonne hygiène de vie et le seul truc qui motive dans un roman c’est l’histoire, les personnages et le fond de ce qu’on a envie de raconter. Donc le premier conseil c’est de définir clairement son objectif en se fixant par exemple l’OBLIGATION d’écrire tous les jours minimum deux heures. Et donc le second conseil c’est de rapidement définir ce qui nous fait kiffer dans cette histoire qui va nous obliger à nous fader l’obligation numéro 1 ! Par exemple en sport, on se motive à faire du cardio et de la muscu tous les jours si on veut être gaulé à la plage dans six mois. Pareil pour un roman. Bon, une fois qu’on s’y est mis, vient le travail (certains passent 4,6,8 heures), le talent et surtout la sensibilité et la sincérité. Car un bon roman est un roman SINCÈRE. On peut parler de n’importe quoi et raconter une histoire qu’on a déjà entendu milles fois et ce sera réussi si on le fait avec sincérité… Pourquoi ? Simplement parce que l’écriture est en lien direct avec notre « moi » intérieur et que c’est ça qui fait l’univers d’un écrivain et donc sa particularité et son succès. Voilà pourquoi l’écriture (de romans) ne peux pas être un métier de calculs, de recettes, de modes… Il y a autant de styles et d’univers que d’écrivains… mais certains sont plus forts que d’autres, il faut bien le dire. Allez courage.