Bepolar : Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce Polar pour les nuls ?
Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat : La conscience que beaucoup de lecteurs de « littérature » se faisaient une idée fausse ou incomplète du genre.
Mais l’idée de départ est née de deux constats :
La quantité de bons polars et ouvrages de référence entassés sur nos étagères.
La volonté de transmettre notre enthousiasme et de donner envie de lire.

Bepolar : Comment l’avez-vous conçu et comment avez-vous travaillé ?
Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat : En élaborant un plan général pour commencer, ce qui n’a pas été facile car il fallait respecter le cahier des charges de la collection Pour les nuls et ses contraintes de maquette. En respectant son esprit : à la fois pédagogique et destinée à un lectorat grand public.
Ensuite en discutant de nos préférences, en comblant des lacunes et en relisant des classiques. Il a vite été évident qu’il fallait prendre comme socle les fondamentaux, afin d’expliquer la naissance et l’évolution du genre. Ainsi, deux parties ouvrent le livre, consacrées à l’histoire du polar. Les trois suivantes suivent des thématiques qui nous ont semblé à la fois pertinentes et divertissantes : l’idée était de raconter une histoire.

Bepolar : J’imagine qu’il y a eu des heures de documentation. Comment cela s’est-il passé ?
Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat : À nous deux, nous avions la plupart des livres indispensables chez nous, y compris une bibliothèque de campagne de plusieurs milliers de volumes. Ce qui n’est pas limité aux romans, mais aussi aux dictionnaires de référence, aux essais, aux biographies et aux revues.
Il y a eu une longue période de gestation, d’environ deux ans, où nous avons exploré, pris des notes, échangé des points de vue, recherché les volumes manquants (merci aux éditeurs et attachées de presse qui nous ont sauvé la mise) et discuté avec notre éditeur d’origine, Laurent Boudin.
Ensuite, nous nous sommes réparti la tâche en fonction de nos souvenirs, de nos connaissances et de nos envies.

Bepolar : Vous retracez l’histoire du polar, quelles sont pour vous les grands tournants dans le genre ?
Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat : Après les auteurs fondateurs, Edgar A. Poe puis A. Conan Doyle et Agatha Christie (le roman policier classique), il y a eu le roman noir, né aux États-Unis au début des années 1920, qui constitue l’autre branche majeure du genre. À partir de là se sont épanouies plusieurs catégories telles que le roman d’espionnage, le suspense psychologique et le thriller…

Bepolar : Au regard de l’histoire du genre, qu’est-ce qui domine pour vous dans le polar d’aujourd’hui ?
Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat : La diversité perdure, avec une prédominance du thriller aux dépens du roman noir, ce que nous regrettons un peu. De même, le polar historique des belles années 10/18 semble avoir perdu de sa superbe.

Bepolar : Et comment expliquer qu’il soit toujours aussi en vogue ?
Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat : Le polar procure toujours des frissons et peut encore faire passer des nuits blanches, il stimule parfois l’intelligence, il est ouvert sur le monde, il est en perpétuelle mutation, évoluant avec la société et les techniques. Combien de fois avons-nous entendu proclamer « le polar, c’est fini » ? Force est de constater qu’aujourd’hui, un roman vendu sur quatre est un polar.

Bepolar : Le cinéma et les séries se sont emparés du genre. Est-ce que le polar au cinéma par exemple est le même que le polar en littérature ?
Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat : Bien sûr que non, l’écriture n’est pas la même, ni la durée. Demandez à Hugues Pagan, qui a signé des romans et des scénarios. Les bases sont communes, le plaisir peut se révéler égal, mais le traitement est par définition différent. Dans la dernière partie, nous abordons les films et les séries, dont la qualité croissante a rendu le lecteur de polar plus exigeant. Les deux approches, celle du lecteur et celle du cinéphile, ne sont cependant pas antinomiques.

Bepolar : Est-ce que vous auriez deux trois pépites à nous conseiller ?
Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat : Get Carter de Ted Lewis, que nous regrettons de ne pas avoir développé dans le livre.
L’oiseau canadèche de Jim Dodge.
Trinités de Nick Tosches.

Bepolar : Quelles sont vos dates de dédicaces ?
Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat : Un lancement est prévu au festival Un aller-retour dans le noir à Pau du 5 au 7 octobre. Est également envisagée une présentation rencontre-signature le 7 novembre à la librairie Le Divan. Pour le reste, nous sommes disponibles !

Bepolar : Enfin dernière question, pour vous, qu’est-ce qu’un bon polar ?
Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat : Une voix et une écriture.
Une atmosphère singulière (Siniac, Manchette, Ambler, Chandler, Hammett, Ellroy, Montalban, etc.)
Un regard critique sur la société.
Et tant qu’à faire, une bonne intrigue qui sorte des sentiers battus.