Première femme commissaire divisionnaire en France, Danielle Thiéry s’est lancée dans le polar avec succès il y a plusieurs années. On lui doit notamment Des clous dans le cœur qui a reçu le prix du Quai des Orfèvres en 2013 et plusieurs polars jeunesse. Elle revient cette année avec un récit dans les maisons closes utilisant des poupées sexuelles...
Bepolar : Comment est née l’idée de Sex Doll ? On plonge dans l’univers des maisons de passe 2.0 avec des poupées remplaçant les prostituées habituelles. Qu’est-ce qui vous a intéressé dans ce monde là au point d’en faire un roman ?
Danielle Thiéry : L’idée de SEX DOLL m’est venue après la lecture d’un article du Parisien relatant une polémique autour de l’ouverture à Paris d’un établissement identique. Les détracteurs arguaient de la confusion qu’on pouvait faire entre les poupées et des enfants. Je me suis penchée sur la question, pas de connotation pédophile chez les pensionnaires du dit établissement et pas d’activité illégale. Mais sociologiquement j’ai trouvé qu’il y avait matière à creuser. Je suis allée à la pêche un peu partout et notamment au Japon où certains hommes sont friands de ces “objets” dont le côté anthropomorphique est, je trouve, interpellant. Ensuite, mes collègues des brigades spécialisées (mineurs et proxénétisme) m’ont orientée vers les nouvelles formes de prostitution et notamment celle des très jeunes. Ensuite, il n’y avait qu’à bâtir une intrigue mêlant ces divers ingrédients…
Bepolar : Et pourquoi en avoir un polar plutôt qu’un roman léger autour du sexe ?
Danielle Thiéry : J’ai choisi d’en faire un polar parce que c’est mon univers et que ce genre se prête bien à ces considérations sur nos mœurs… Et puis je crois que je ne sais rien faire d’autre que du polar !
Bepolar : C’est une nouvelle enquête de la commissaire Edwige Marion. Parlez-nous de votre relation à ce personnage ? Comment la voyez-vous aujourd’hui ?
Danielle Thiéry : J’ai une relation très ambiguë avec Marion. Du moins j’avais cette relation “je t’aime, moi non plus” avec elle jusqu’au moment où j’ai essayé de la tuer (Crimes de Seine, éditions J’ai Lu) sans y parvenir. Mais cette mésaventure a apaisé nos tensions. Je la vois moins depuis comme un reflet de moi-même que comme une collègue qui me ressemble, à qui il arrive des choses parfois abominables mais dont je parviens à me détacher quand il le faut. Elle a tous les défauts et quelques unes de mes (innombrables !) qualités. Forte et parfois petite fille...
Le secret d’un polar c’est que, justement, il doit surprendre. A la fois celui qui lit mais aussi celui qui écrit.
Bepolar : La grande qualité de ce roman, enfin une de ces qualités, ce sont ces rebondissements qu’on ne voit pas venir. Il y aussi l’ambiance, oppressante de bout en bout. Comment l’avez-vous construit ?
Danielle Thiéry : Le secret d’un polar c’est que, justement, il doit surprendre. A la fois celui qui lit mais aussi celui qui écrit. Il n’y a rien de pire que de s’ennuyer dans une histoire. La construction est un art subtil mais depuis le temps, je sais faire ! Du moins, j’espère… Comme une recette de cuisine, deux personnes ne feront jamais exactement la même et pour ma part, chaque fois, je fais les choses différemment.
Bepolar : Pourra-t’on vous voir prochainement en dédicace ?
Danielle Thiéry : Je suis en dédicace environ une fois par semaine… Vous ne pouvez pas me rater, il suffit de suivre mes “tournées” !!!
Bepolar : Quels sont vos projets ? Avez-vous un autre roman en cours ?
Danielle Thiéry : Je publie en septembre un roman chez French Pulp dans la collection des nouvelles aventures de Nestor Burma. Le titre est Piquette à la Roquette… Il est question de transformations corporelles et de pratiques sataniques…
Et puis, une autobiographie et un roman pour 2020…