- Acteur : Mel Gibson
Avis aux amoureux des polars d’action à la Die Hard, "Force of Nature" sort l’artillerie lourde pour narrer un braquage claquemuré en plein ouragan à Porto Rico. Une série B totalement inconséquente et récréative, avec en guest star un Mel Gibson acariâtre.
"Force of Nature" suit le destin de Cardillo, jeune policier dont la vie bascule à la suite d’un incident malencontreux un soir d’intervention. Transféré à Porto Rico, il doit dès lors se contenter de missions secondaires. Sauf qu’il tombe encore sur un os : alors que le passage d’un ouragan se fait imminent, il se retrouve à protéger les résidents d’un immeuble pris d’assaut par un groupe de malfaiteurs. Dans l’un des appartements, se cacherait un trésor…
Voué aux gémonies par la critique américaine à cause de son traitement anecdotique de l’ouragan Maria, "Force of Nature" ne cherche pourtant rien de plus que raviver l’engouement pour les polars d’action à la Die Hard. Et pour cause, le long-métrage s’apparente à une série B sur fond de fusillades au croisement du film policier et de gangsters. Certes, les scénaristes ne s’embarrassent en aucun cas de rendre hommage aux 3 000 victimes de l’ouragan Maria entre deux vidéos d’archives, mais est-ce bien là l’objet habituellement d’un tel film plaçant la catastrophe naturelle au second plan des affrontements ? Le thriller d’action "Pluie d’enfer" (Mikael Salomon, 1998), avec Morgan Freeman et Christian Slater, n’avait d’ailleurs pour exemple pas agi avec plus de commisération, délaissant la question de la moralité au profit du divertissement. Peut-on réellement s’en indigner ? Pas si sûr, la chose n’étant pas ou si peu l’objet du cinéma d’action. Mais alors pourquoi c’est cool, "Force of Nature" ?
Parce que John McClane n’est pas loin
Le huis-clos d’un immeuble cachant un trésor, des criminels armés jusqu’aux dents, un policier désabusé en guise de rempart… cela ne vous dit rien ? Eh oui bien sûr, la recette intemporelle est celle notamment utilisée dans l’immense "Piège de cristal" (McTiernan, 1988), qui servira de matrice à d’innombrables productions plus ou moins inspirées. Quoique ici, pas de John McClane mais un flic désenchanté, voire même deux puisqu’on finit par croiser un certain Ray dans l’un des appartements, à savoir un ex-policier grincheux à la gâchette facile et incarné par Mel Gibson. Le rôle de ce dernier devait d’ailleurs au départ être attribué à… Bruce Willis. Comme quoi, on tente bien ici de recréer l’univers du flingueur grognon McClane, et le résultat, aussi improbable soit-il, est assez réussi.
Parce que les intempéries disent quelque chose des personnages
Ne pas chercher midi à 14h : la psychologie et l’écriture ciselée n’intéressent pas le réalisateur Michael Polish ("For Lovers Only", "Les Frères Falls"), qui préfère les grosses ficelles bien tonitruantes. De fait, dans "Force of Nature" le personnage central subit un trauma dans un immeuble pour se retrouver à nouveau prisonnier d’un autre immeuble et par-dessus le marché en pleine tempête. Difficile de trouver métaphore plus cruche pour mettre en scène le combat de Cardillo contre ses démons. Or, surprise : toute cette marmelade fonctionne. Comme un parfum de rédemption qui en passerait par les intempéries et l’adversité pour se diffuser.
Parce que tout est invraisemblable… et ça marche
Un vieux scientifique allemand au passé louche, une bête sanguinaire (WTF ?!), un retiré de la gâchette en phase terminale, une toubib, une bande de braqueurs décérébrés… Michael Polish passe au shaker toute une ribambelle de protagonistes impossibles au gré d’une sorte de carambolage dans un immeuble résidentiel. Les balles et les extravagances fusent et s’enchainent avec fulgurance. Et le pire, c’est qu’on redemanderait presque un peu de rab de cette caricature nanardesque et désuète. L’effet nostalgie, peut-être…