N°24 au palmarès des meilleurs livres du crime organisé selon BePolar
- R�alisateurs : Bertrand Tavernier - Phil Joanou
- Acteurs : Tommy Lee Jones, Alec Baldwin
- Editeur : Payot & Rivages
James Lee Burke est un monument souvent méconnu, même des lecteurs les plus assidus de polars. Lee Burke, c’est un lien entre l’ancien -les vieux durs abîmés par la vie, l’alcool et l’argot- et le moderne, un savant mélange entre action, considérations intellectuelles et un ancrage territorial fort. Rien de mieux en effet que ses livres pour découvrir la moiteur de la Louisiane. La mafia du « Pelican State » et d’au-delà y est omniprésente, mais c’est dans Une saison pour la peur que l’on s’y confronte du plus près : de l’intérieur.
L’histoire :
Chargé de convoyer deux condamnés à mort vers le lieu de leur exécution, Dave Robicheaux tombe dans une embuscade et récolte une balle dans la poitrine. Traumatisé par ce retour de la violence dans sa vie, il se laisse néanmoins convaincre par un ami de rejoindre la force spéciale présidentielle sur les stupéfiants. Chargé d’infiltrer la mafia de la Nouvelle-Orléans, il devient l’ami de Tony Cardo, le caïd de la drogue, et croise le chemin de Bootsie Mouton, son premier amour. Hanté par son passé, obligé de mener double jeu, Dave doit affronter la peur qui est ancrée en lui pour sortir de l’enfer où le destin l’a mis et où il risque de se perdre.
Pourquoi ce livre est important :
Bien que se déroulant à La Nouvelle-Orléans et non pas dans le bayou, ce roman est emblématique de l’œuvre de James Lee Burke, un géant du genre policier, l’un des symboles du renouveau du polar US au tournant des années 1990. On y déguste avec plaisir un argot toujours vivace et les dessous d’une Amérique qui se sait plus vulnérable et moins angélique qu’elle ne le prétend.
Lee Burke ne triche pas en nous décrivant ses États-Unis : issu d’une famille pauvre, il se voit très vite écrivain mais se confrontera néanmoins à la vraie vie en pratiquant des métiers aussi divers qu’ouvrier dans l’industrie pétrolière, routier, journaliste, assistant social, garde forestier, typographe, enseignant d’anglais… Autant d’expériences qui vont nourrir son riche univers romanesque.
Ce roman, comme les autres enquêtes de l’emblématique personnage de Lee Burke, le shérif Dave Robicheaux est aussi un prétexte pour découvrir ce passionnant État qu’est la Louisiane. Son ambiance moite. Son riche passé culturel, fait d’héritages français, cajun, africain et américain. Sa cuisine, point de rencontre de ces différentes influences et de particularités géographiques exceptionnelles, entre la terre et les eaux du golfe du Mexique, du Mississippi et de ses bayous. Sa sensualité caribéenne. Sa pauvreté et sa violence. Ses trafics, hérités d’un contexte on ne peut plus favorable. En somme un art de vivre, une nonchalance qu’incarne à merveille Robicheaux.
Ce n’est pas pour rien que, de tout temps, cet État à la marge ait été associé aux trafics, aux gangs et à toutes les mafias que l’Amérique a pu connaître. Le crime organisé n’est jamais loin dans les romans de Lee Burke et joue un rôle crucial dès La Pluie de néon, la première enquête de Robicheaux.
Ce qu’il faut retenir (pour briller en société) :
1. On ne peut prétendre être fan de polar sans s’être confronté à Dave Robicheaux, alias « Belle-Mèche », le héros de vingt romans de James Lee Burke. Lieutenant de police à La Nouvelle-Orléans, ce flic intègre à la mèche blanche a pour spécificité d’être d’origine cajun. Ce terme anglophone dérivé du « cadien » français désigne les descendants des Acadiens du Canada francophone, déportés vers la Louisiane sur une longue période de temps qu’on appelle « Le Grand Dérangement ».
2. Le talent de Lee Burke n’a pas mis longtemps à être repéré par les grands amateurs que sont les jurys de prix littéraires (gloire soit rendue à ces éclaireurs !) des deux côtés de l’Atlantique puisqu’il reçut les prestigieux Prix Edgar Allan-Poe du meilleur roman, le Prix mystère de la critique et le Grand prix de littérature policière dès son troisième roman, Prisonniers du ciel. Il a été le récipiendaire de nombreux prix pour ses autres œuvres depuis lors.
3. Les œuvres de James Lee Burke ont déjà été adaptée deux fois : en 1996 avec Vengeance froide (réalisé par Phil Joanou d’après Prisonniers du ciel) et en 2008 pour Dans la brume électrique, adaptation par Bertrand Tavernier de Dans la brume électrique avec les morts confédérés. Le personnage de Robicheaux y est interprété par deux acteurs de grands talents, respectivement Alec Baldwin et Tommy Lee Jones.