Le Top des meilleures BD polar par BePolar ! #8
40. Série Il était une fois en France de Fabien Nury & Sylvain Vallée (2007). Voir aussi les séries Katanga (2017) des mêmes auteurs et Tyler Cross (2013) et L’homme qui tuas Chris Kyle (2020) de Fabien Nury et Bruno Thielleux alias Brüno.
Cette série a marqué l’univers de la bande dessinée et a (notamment) reçu le prix de la meilleure série au festival international de la BD d’Angoulême en 2011. Fresque ambitieuse et non manichéenne sur une période pourtant très souvent traitée (la Seconde guerre mondiale en France, et ses corollaires la collaboration et la résistance), l’œuvre de Nury et Vallée mêle à la fois une intrigue complexe et une esthétique en noir et blanc qui rappelle les grandes sagas du crime organisé (Le Parrain, les films noirs français des années 50/60). On suit le trouble parcours de Joseph Joanovici, ferrailleur juif roumain qui fit fortune pendant le conflit mondial en frayant habilement entre les différentes factions du pouvoir. Une série d’une grande richesse qui éclaire astucieusement le contexte historique via le destin d’un être hors du commun.
41. Undercurrent de Tetsuya Toyoda (2008).
Amateurs de thrillers échevelés, passez votre chemin ! Ce roman graphique de Tetsuya Toyoda, tout en lenteur et en délicatesse (la symbolique de l’eau y est omniprésente), est un « hymne » aux vies « normales », aux interactions humaines ordinaires, à l’étrangeté que représente toute vie, la sienne ou celle des autres ; un beau représentant de cette littérature japonaise, contemplative et introspective, qui trouve son maître en « littérature dessinée » avec Jirō Taniguchi. Suite à la mystérieuse disparition de son mari, Kanae se voit contrainte d’embaucher quelqu’un pour l’aider à gérer un établissement de bains publics. Entre rumeurs et questionnements sur sa vie, Kanae va explorer les voies de l’apaisement. Une (en)quête toute en subtilité.
42. Série 100 Bullets de Eduardo Risso et Brian Azzarello (2009).
Cette série polar fait partie des toutes meilleures qui soient issue des comics US. Que feriez-vous si on vous fournissait une arme banalisée, cent balles totalement intraçables et la possibilité de vous venger, par le sang, des responsables de votre malheur ? C’est ce dilemme moral qui est proposé à une galerie de personnages différents par le mystérieux agent Graves. La trame centrale de cette série violente se dévoile par petites touches, au fur et à mesure des épisodes, pour le plus grand intérêt des lecteurs. Un incontournable.
43. La Princesse de sang de Max Cabanes (2009), adaptée du roman éponyme de Jean-Patrick Manchette. Voir aussi d’autres adaptations de Manchette par le même auteure : Fatale (2014) et Nada (2018) ou la série Bellagamba réalisée avec le scénariste Claude Klotz (1999).
Max Cabanes est une figure reconnue de la bande dessinée, lauréat en 1990 du Grand prix de la ville d’Angoulême. C’est aussi un habitué des mauvais genres, engagé politiquement. Rien d’étonnant alors que son intérêt envers l’une des figures littéraires du polar francophone, Jean-Patrick Manchette. L’un des plus brillants résultats de cette « rencontre » (Manchette est décédé en 1995) est le double album La Princesse de sang, un pur polar noir mêlant politique, espionnage, gros durs, violence et vision pessimiste de la nature humaine. Le trait ciselé et tout en contrastes de Cabanes magnifie le rythme fiévreux de cette histoire laissée inachevée par Manchette et terminée par son fils.
44. Blast de Manu Larcenet (2010). Voir aussi Le Rapport de Brodeck (2015) à partir du roman éponyme de Philippe Claudel.
Manu Larcenet est probablement l’un des auteurs de BD les plus talentueux de sa génération. A l’aise dans de nombreux registres et genres, Larcenet bluffe son monde en 2010 avec la série Blast où il s’essaie avec brio à des nouvelles expérimentations scénaristiques et graphiques. Quatre tomes où l’on explore à rebours la psyché d’un homme, Polza Mancini, interrogé par la police pour un motif qu’on devine grave. Un condensé rare d’excellence scénaristique, qui interroge (parmi d’autres) des sujets aussi divers que l’objectivité, la morale, l’angoisse existentielle, la normalité et la marge, la passion dans plusieurs dimensions (l’amour, l’excès, etc.), auquel s’ajoute de nombreuses expérimentations graphiques qui magnifient l’expression des sentiments. Un véritable chef-d’œuvre appelé à marquer son temps.