La BD et le polar se marient particulièrement bien. Le 9e art est totalement capable de nous envoûter pour des histoires de policiers et de meurtres, de jugements et de gangsters... Voici notre top polar BD pour les amoureux des phylactères
1. Série Dick Tracy de Chester Gould (1931).
Une des premières et des plus célèbres séries policières en bandes dessinées, Dick Tracy est une série de comic books qui a fasciné des générations d’Américains, précurseure et emblématique du genre polar. On y suit les aventures d’un détective qui nous apparaît désormais « classique » : intelligent, il se sort de toutes les situations désespérées. Son auteur le fera évoluer avec son temps, que ce soit par rapport aux types d’aventures vécues (partant de faits divers vers les « super-vilains » puis une touche de SF très « Guerre froide ») aux techniques policières employées (méthodes d’investigations, armes, sciences « forensiques », gadgets). Une référence.
2. Les Cigares du pharaon (1934) & Le Lotus Bleu (1934) d’Hergé. Voir aussi L’Affaire Tournesol (1956) et Les Bijoux de la Castafiore (1963).
L’autre incontournable de la BD d’enquête, cette fois-ci de notre côté de l’Atlantique, probablement le personnage de BD le plus connu au monde ! Tintin n’est pas policier mais journaliste et nombre de ses aventures sont pourtant, de l’aveu même de l’auteur, « un engagement dans le mystère, le roman policier, le suspense ». Ressorts qu’Hergé utilisera à de nombreuses reprises, notamment pour certains de ces romans charnières ou ceux considérés comme étant les plus « aboutis ». Dans le diptyque Les Cigares du pharaon/Le Lotus Bleu, le belge le plus célèbre du monde affronte une mystérieuse organisation secrète. Il faudra à Tintin beaucoup de nez pour débusquer l’un des nez les plus célèbres du 9ème art...
3. Série Spirou et Fantasio de Rob Vel (1938) et ses continuateurs. Voir notamment Il y a un sorcier à Champignac d’André Franquin (1951).
Autre classique de la BD franco-belge, la série Spirou et Fantasio, sur le modèle de Tintin, n’hésite pas à faire enquêter ses héros. C’est le cas dès le second album, Il y a un sorcier à Champignac, où le génie de Franquin est déjà à l’œuvre, assisté au scénario par Henri Gillain.
Alors qu’ils campaient près de la charmante bourgade de Champignac, Spirou et Fantasio sont confrontés à de bien mystérieux phénomènes : cochons aux couleurs étranges, vaches générant du lait imbuvable, animaux géants... Les deux héros vont mener l’enquête.
4. Série des Batman créée par Bob Kane et Bill Finger (1939). Voir aussi The Dark Knight Returns de Frank Miller (1986).
On revient aux États-Unis avec « The World’s Greatest Detective » (« le plus grand détective du monde », l’un de ses surnoms), l’un des plus grands super-héros, l’un des seuls à ne pas être doté de super-pouvoirs : on pense bien sûr à Batman ! Ce « simple humain » (qui est quand même milliardaire) décide de lutter contre l’injustice à sa façon après avoir vu ses parents abattus dans l’une des rues de la fameuse Gotham City.
Une iconographie emblématique, des gadgets marquants (notamment la Batmobile), des alliés iconiques (Robin, Alfred le majordome, le commissaire James Gordon) et surtout des « méchants » charismatiques (le Joker, Double-Face, Le Pingouin...) font de cette série l’une des incontournables du genre, qui a su se réinventer dans le temps et sous d’autres plumes (notamment celle de Frank Miller), l’univers du héros appartenant souvent aux éditeurs aux États-Unis et non pas aux auteurs, comme en Europe.
5. La Marque Jaune d’Edgar P. Jacobs (1953). Voir aussi S.O.S Météores (1958) et L’Affaire du Collier (1965).
Retour en Belgique (et oui, malgré ce que son pseudo peut laisser penser, l’auteur est belge !) avec l’un des plus célèbres albums de tous les temps : La Marque Jaune. Une iconographie emblématique, inspirée en partie du cinéma expressionniste allemand, un criminel énigmatique qui signe ses forfaits spectaculaires d’un « M » devenu célébrissime, deux héros complémentaires dont un honorable « capitaine » des services secrets britanniques font de cette série l’une des plus réussies du genre.
Résumé : dans la nuit pluvieuse de Londres, un mystérieux criminel commet une série de cambriolages spectaculaires signés avec la lettre grecque « M » entourée d’un cercle à la craie jaune. Cette série culmine par le vol de la Couronne impériale britanique en plein cœur de la Tour de Londres. Nul ne peut arrêter ce personnage insaisissable bientôt surnommé la « Marque jaune » par la presse.
6. Série Ric Hochet de André-Paul Duchâteau et Tibet(1955).
C’est véritablement avec les séries Ric Hochet et Gil Jourdan (voir ci-après) que la bande dessinée franco-belge aborde durablement les rives du polar. Les deux séries sont en effet des passeurs entre les récits d’aventures « à la Tintin » (longtemps LA référence en Europe) et un cadre de suspense policier plus strict, bien que le fantastique soit encore très présent. Comme le personnage d’Hergé, Ric Hochet est un journaliste, mais lui travaille de manière très étroite avec les forces de l’ordre, notamment avec le commissaire Bourdon, alors que les Dupont/Dupond étaient systématiquement sources de moqueries. Les influences du monde du polar « contemporain » sont beaucoup plus présentes qu’auparavant, notamment via les caractéristiques des personnages : Ric Hochet est inspiré du Rouletabille de Gaston Leroux, Bourdon une recomposition entre le Maigret de Simenon et le commissaire Bourrel de l’emblématique émission télévisuelle Les Cinq Dernières minutes.
7. Série Gil Jourdan de Maurice Tillieux (1956).
Grand homme des débuts de la BD franco-belge, Maurice Tillieux et ses personnages sont désormais méconnus de la plupart des lecteurs de BD en France. Le natif de Huy en Belgique a pourtant eu une influence très importante sur le monde de la BD en général et sur celui du polar en particulier. Adepte de la désormais fameuse « ligne claire », Tillieux créé avec son personnage de Gil Jourdan le premier personnage de détective privé consistant. Assisté d’un ancien malfrat, Libellule, d’une assistante, Queue-de-Cerise, comme les « privés » américains, il aide lui aussi la Police Judiciaire parisienne représenté par l’inspecteur Crouton. La série, très cinématographique, fait la part belle aux courses poursuites et met, de manière réaliste, les enjeux d’argent au coeur de nombreuses intrigues. A noter que nous avons retenu la série la plus aboutie de Tillieux mais que sa série Félix, dont une bonne partie du contenu sera repris pour Gil Jourdan, fut publiée au préalable, dès 1949.
Dossier à suivre...