Le Top des meilleures BD polar par BePolar ! #10
50. Zaï zaï zaï zaï de Fabcaro (2015).
Comment, l’un des plus grands succès de BD « humoristiques » de ces dernières années serait du polar ? Et bien, oui, trois fois oui ! Ne s’agit-il pas d’une histoire de délit de fuite, d’une traque ? Pour avoir oublié sa carte de fidélité lors de son passage en caisse au supermarché, est auteur de BD est vite confronté à un vigile, qui se transforme en altercation. Sa fuite et la traque policière qui s’ensuivent vont enflammer médias et opinion publique. L’humour décalé et absurde de Fabcaro a depuis cette parution trouvé un large écho populaire et on pourrait écrire que ce livre est devenu « générationnel », bien que ses fans puissent se trouver dans toutes les classes d’âge. On pourrait ajouter une énigme à ce réjouissant « road-trip criminel » : saurez-vous deviner avant la fin la raison du titre de l’ouvrage ?
51. Série Homicide, une année dans les rues de Baltimore de Philippe Squarzoni (2016), d’après le livre Baltimore de David Simon (1991).
On revient à la BD « documentaire » avec cette série adaptée d’un livre iconique de David Simon, le créateur de la série TV à succès The Wire très prisée des amateurs de « polars vrais » de part et d’autres de l’Atlantique. Loin d’Hollywood et de ses strass, on suit le quotidien et les difficultés de la police de Baltimore, l’une des villes où la pauvreté comme criminalité sont les plus hautes aux États-Unis. Les violences urbaines y sont décrites sans ambages ni artifices, on pénètre au cœur du mal ordinaire, nourri d’avidité, de désespoir et de stupidité. Les traits expressifs, la structure des dessins et les couleurs froides sont un très bon écho au propos, concentré de détresse ordinaire.
52. Moi, ce que j’aime, c’est les monstres d’Emil Ferris (2017).
On termine cette série avec une vraie pépite qui ne séduira pas forcément tout le monde mais qui se révèle envoutante, tant dans le fond que dans la forme. Karen est une jeune fille de dix ans atypique qui fuit une réalité familiale angoissante et une « vie normale » à ses yeux en tout points répulsive, en s’imaginant être un loup-garou et en se passionnant pour des histoires monstrueuses. Le jour où elle apprend par sa mère que sa voisine s’est suicidée va bouleverser sa vie. Œuvre monumentale au style unique (les 400 pages se présentent comme une sorte de carnet intime), ce récit est une sorte de mélange étrange entre L’Attrape-cœurs de J.D. Salinger et une déclaration d’amour aux pulps (magazine peu coûteux et de piètre qualité faisant la part belle au polar et au fantastique). Parsemée d’humour noir, de références artistiques et de réflexions existentielles, cette enquête au graphisme déroutant hypnotise et fascine : on est confronté à du jamais-vu, une inquiétante beauté qui nous conte l’éblouissante laideur de la vie.