- Auteurs : Barbara ABEL, Georges Simenon, Jean Van Hamme, William Vance, Benoît Sokal
- Editeurs : Pocket, Le Livre de Poche, Folio, Dupuis, Dargaud, Blake Mortimer, Casterman, Editions de l’Elan, Lucky Comics
Affrontements ou courses poursuites ?
« Coqs français » contre « diables rouges belges », ça ne peut être les ingrédients que d’un polar déjanté : vous nous pardonnerez donc nos mises en relations parfois douteuses, prétextes à la découverte de 13 œuvres 100% polar d’origine belge, classiques ou nouveautés. Qui a dit que le nombre 13 portait malheur ? Bon match et bonnes lectures, que vous soyez d’un côté ou de l’autre de Quiévrain !
1. Ils sont bien 23 sélectionnés et 11 joueurs sur le terrain mais nous on a une certitude : L’Assassin habite au 21. Le premier grand chef-d’œuvre belge du polar de S.A. Steeman (Le Livre de Poche) nous met sur les traces d’un mystérieux tueur en série. Mais quel habitant de l’immeuble est donc l’assassin ?
2. Si, comme le milieu Axel Witsel, vous avez des envies de Chine, on vous conseille Le Lotus bleu (Casterman). Axel n’a pas la houppette de Tintin mais, comme l’album d’Hergé, il a une des plus belles couvertures du plateau. Reste à voir si Axel poursuivra efficacement les trafiquants français de ballons comme son alter ego journaliste ceux de l’opium.
3. Bien loin de la haine, la rivalité franco-belge est plutôt faite d’amour vache, de clichés et de beaucoup d’humour. Dans Derrière la haine de Barbara Abel (Pocket), la native de Bruxelles, l’une des voix importante du polar belge contemporain, nous livre une relation de haine que seule une grande déception peut procurer. Comme pour le match, vae victis...
4. Comme Toby Alberweireld et Jan Vertonghen, ils représentent (avec leur club Tottenham Hotspur) la meilleure défense d’Angleterre : retrouvez Blake et Mortimer dans un chef-d’œuvre du polar en BD, La Marque Jaune d’Edgar P. Jacobs, et suivez les traces du mystérieux criminel qui défie la police britannique, jusqu’à voler la couronne royale d’Angleterre. Un programme pour la finale ?
5. Eden Hazard est sûrement l’un des plus beaux « tricoteurs » de la Coupe du Monde, ce qu’on appelle un « joueur frisson ». Ça tombe bien : Nadine Monfils (rien à voir avec le tennisman, bande d’ignares) a fait de son personnage principal, le commissaire Léon, un adepte du tricot et de la pelote. Vous pouvez le découvrir dans 11 enquêtes, en commençant par Madame Edouard (Pocket) et découvrir que lui aussi évolue « sur une autre planète ».
6. Prénom : Kevin. Nom du héros : inspecteur Canardo. Vous ne voyez pas le rapport entre le footballeur Kevin de Bruyne et le personnage de canard détective privé désabusé et alcoolique des BD de Benoit Sokal (Casterman) ? Il est pourtant simple : outre un prénom pas facile à porter, une propension à canarder des merveilles de passes décisives à ses coéquipiers pour résoudre des affaires mal
engagées. Alors si vous aimez Blacksad ou les personnages à la Marlowe, courez plus vite que Kevin en librairie découvrir l’un des 25 tomes de la série.
7. Il est passé par Bruges et a vécu une saison frustrante au Paris Saint-Germain : espérons pour la France que le défenseur Thomas Meunier ne s’inspire du Carré de la vengeance de Pieter Aspe (Le Livre de Poche) : on y découvre le commissaire Van In, un flic buté, étranglé de dettes au sale caractère et à l’humour caustique. Et on découvre Bruges au fil des enquêtes haut en couleurs. Heureusement que Thomas est suspendu pour ce match...
8. Comme l’attaquant Romelu Lukaku, il tire plus vite que son ombre : si lui aussi vit dans un pays anglophone, Lucky Luke a bien des origines belges via son créateur Morris. Au-delà d’une réécriture humoristique des légendes du Far West, on y découvre des personnages basés sur la réalité comme les Dalton, Calamity Jane, Le Juge Roy Bean et bien d’autres. A moins que Romelu ne préfère l’album Chasseur de primes ?
9. Choisir quand on est confronté à une multitude de talents : c’est le problème du sélectionneur belge, Roberto Martínez Montoliú, qui s’est notamment passé du fantasque Radja Nainggolan, c’est également le nôtre quand il s’agit de vous conseiller un Simenon. Il faut laisser une voire plusieurs chances au liégeois, un des maîtres incontesté du polar, au-delà même de sa nationalité, bien plus passionnant que son image ne le laisse à penser. Pourquoi pas avec Le Chien jaune, L’Affaire Saint-Fiacre ou Pietr-le-Letton ? Comme Roberto, il ne paie pas de mine, mais il peut vous emmener loin...
10. Ce n’est certainement pas le plus connu de la sélection, mais Nacer Chadli a été le héros de la nation en 8ème de finale contre le Japon : il en est de même pour Maurice Tillieux, créateur injustement méconnu des séries BD Félix et Gil Jourdan. Adepte de la ligne claire et représentant de la fameuse « école de Marcinelle », Tillieux est lui aussi perçu comme un second couteau et mérite d’être redécouvert en phase finale.
11. Vincent Kompany est considéré comme l’un des meilleurs à son poste et pourtant sa présence au Mondial a été assez discutée, la faute à un état de forme fluctuant. Il en est de même de la série BD XIII de Paul Colize (Folio), roman noir de la génération sex, drogues & rock’n’roll. A Berlin, en 1967, quatre musiciens anglais d’un même groupe trouvent la mort dans des conditions et lieux différents. Malheureux en club, heureux quand il transperce les lignes, on souhaite à Marouane le même final exceptionnel.
13. Dernier rempart contre la morosité et grand solitaire, on ne pouvait rapprocher le géant André Franquin que de Thibaut Courtois, gardien de la sélection. Également connu pour sa série Lagaffe qui lui a valu d’être attaqué pour sa légèreté, sa période à la tête de la série Spirou et Fantasio (Dupuis) est reconnu pour être un des sommets du genre : clair sur sa ligne, relance, jeu long, il fait briller ses partenaires et n’est pas exempt de créativité. Un des meilleurs du monde, définitivement.