- Auteurs : Stieg Larsson, Jan Stocklassa
- Editeur : Flammarion
Plongez dans les archives ! BePolar décortique pour vous le parcours de Stieg Larsson, sujet de l’ouvrage de Jan Stocklassa paru aux éditions Flammarion le 6 février 2019.
1986. Un événement tragique secoue l’actualité mondiale, dont l’onde de choc est encore difficilement mesurable : le charismatique Premier ministre social-démocrate suédois, Olof Palme est assassiné à Stockholm, en pleine rue, alors qu’il sortait d’une séance de cinéma avec son épouse.
Ce meurtre est sûrement l’un des plus mystérieux de ces dernières décennies, probablement celui qui connu le plus grand retentissement avec l’assassinat du président américain John Fitzgerald Kennedy. Palme incarnait en effet à l’époque une troisième voie entre le capitalisme américain et le communisme soviétique.
Cet assassinat va durablement traumatiser un pays réputé paisible et prospère, la Suède, et en premier lieu un jeune infographiste de l’agence « TT » prénommé Stieg Larsson. Celui est déjà mobilisé contre l’extrême-droite suédoise - un héritage de son grand-père - mais n’est pas encore le spécialiste internationalement connu du sujet et le fondateur de la revue engagée Expo qui ne naîtra qu’en 1995 ou surtout de la célèbre trilogie Millénium qui lui vaudra un succès mondial retentissant... et posthume.
Il meurt en effet d’une crise cardiaque quelques mois avant la parution de ses trois premiers livres, Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes (tome 1), La Fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette (tome 2) et La Reine dans le palais des courants d’air (tome 3), premiers volets de la saga Millénium, hélas laissée inachevée et vendue à des dizaines de millions d’exemplaires dans le monde.
Ce que l’on sait moins, c’est que Larsson a enquêté de manière minutieuse sur ce meurtre célèbre pendant des années, explorant les multiples possibilités, contrairement à la police qui semble avoir privilégier longtemps et à tort la piste kurde du PKK. Une des voies qu’il étudia de manière plus approfondie menant à une alliance d’intérêts entre le gouvernement raciste de l’Afrique-du-Sud de l’Apartheid et les milieux d’extrême-droite suédois.
Cette révélation est l’un des nombreux intérêts d’un nouveau livre passionnant, La folle enquête de Stieg Larsson (éditions Flammarion), réalisé par le journaliste Jan Stocklassa. Cet enquêteur freelance, ancien diplomate, étudiait les trafics d’armes internationaux quand son chemin croisa les travaux du journaliste Stieg Larsson. Il entendit à cette occasion parler de l’obsession secrète de Larsson, le meurtre d’Olof Palme.
De retour dans son pays d’origine, la Suède, après un long séjour à l’étranger, Stocklassa décida de reprendre l’enquête de Larsson là où il l’avait laissé et eut la chance d’accéder aux archives de ce dernier, stockées dans un entrepôt à Stockholm. Il découvrit alors une quinzaine de cartons de documentation liés au mystérieux assassinat de 1986.
Dans son livre, Stocklassa nous présente à la fois une synthèse des travaux de Stieg Larsson, son exploration des différentes pistes (fou solitaire, vengeance du PKK kurde, policiers d’extrême-droite, trafiquants d’armes liés à l’Iran, assassinat par des services secrets occidentaux opposés à la « tolérance » de Palme vis-à-vis des communistes) mais aussi ses propres avancées dans les pas du génial auteur de polar.
Alors que les similitudes entre Stieg Larsson et Jan Stocklassa sont nombreuses, on suit avec passion cette enquête romanesque traitée de manière subjective assumée par Stocklassa, dans le plus pur style du journalisme gonzo, celui-ci n’hésitant pas à nous faire part de ses impressions et convictions.
On se croirait dans un roman de Stieg Larsson
À la nuance près que celui-ci est désormais un « personnage » de la narration. On suit les progrès de plusieurs enquêtes, celle de Stieg Larsson sur les traces des assassins d’Olof Palme, mais aussi celles de Stocklassa, d’abord dans les archives de Larsson puis en poursuivant les recherches de celui-ci, ce qui fait de ce livre un vrai roman true crime, comme un ultime hommage à l’auteur des aventures de Mikaël Blomkvist et Lisbeth Salander.
L’assassinat d’Olof Palme a marqué la « fin de l’innocence » du peuple suédois, mais aussi le début d’une profonde réflexion sur les tenants et aboutissements du pouvoir. A certains égards, il marque aussi le renouveau du polar suédois et scandinave et influença toute une génération de talentueux auteurs, au premier lieu desquels Stieg Larsson.