- Auteur : Christian Blanchard
- Editeur : Belfond
Frissonnez dans le couloir de la mort avec Iboga !
En janvier, paraissait Iboga de Christian Blanchard aux éditions Belfond.
Découvrez l’interview de l’auteur et partez sur les traces d’un homme trop jeune pour mourir.
Bepolar : Comment est née l’idée de ce roman ?
Christian Blanchard : J’aime bien me donner des challenges. J’ai vu deux documentaires dans la même semaine sur deux sujets complètement différents.
L’un parlait d’un fait divers survenu aux États-Unis où un môme de 14 ans a tué sans raison apparente. Il a été condamné à la chaise électrique. En fait, il était le bras armé d’un adulte qui assouvissait ses envies de meurtre par son intermédiaire.
Le second documentaire concernait un voyage initiatique organisé au Gabon par un français autour de la drogue « IBOGA ».
À ces deux docs, j’ai associé mes sujets de prédilection à savoir l’enfermement (quelle qu’en soit la forme), la dépendance et les « origines du mal »…
Bepolar : Vous y parlez de peine de mort, en 1980 en France, donc juste avant l’abolition. Qu’est-ce que vous aviez à dire ? Et qu’est-ce qui vous intéressait dans ce sujet ?
Christian Blanchard : Par conviction, j’ai toujours été contre la peine de mort. Elle n’a jamais fait baisser le taux de criminalité. En tant qu’être humain, je ne crois pas disposer du droit de vie ou de mort sur un autre humain, quel que soit son crime, et même par délégation dans le cadre d’une cour d’assises. Loi du Talion ? Vengeance institutionnelle ? Tu as tué, je te tue…
Dans IBOGA, j’ai voulu jouer avec le temps. Dans le couloir de la mort, Jefferson pense ne pas vivre plus de deux ou trois mois. Il attend la fin.
Quand sa peine va être commuée en perpétuité, le temps n’est plus le même. De la peur de mourir prochainement va se substituer celle de l’enfermement à vie. N’est-ce pas plus cruel en fait ? Au lecteur de se faire sa propre opinion.
« Je suis né de pas grand-chose, j’ai vécu pour rien et je vais mourir dans l’indifférence. »
Bepolar : Qui est Jefferson Petitbois ? Comment vous, l’auteur, pourriez-vous nous le présenter ?
Christian Blanchard : Un enfant perdu dès le plus jeune âge. Jefferson se présente lui-même de la façon suivante : « Je suis né de pas grand-chose, j’ai vécu pour rien et je vais mourir dans l’indifférence ».
Dans cette phrase presque tout est dit. Le lecteur va comprendre au fur et à mesure de sa lecture.
Mais Jefferson Petitblois est un meurtrier… Aucun fait passé, aucune manipulation, rien ne peut l’excuser. On peut cependant comprendre…
Bepolar : 1980 est à la fois proche et très loin. Est-ce que c’était difficile de se replonger dans ces années ? Quel travail de documentation avez-vous fait ?
Christian Blanchard : Dans ce livre, je n’ai quasiment aucune description extérieure à la prison. Mon travail de recherche s’est concentré sur le déroulement d’une exécution capitale par guillotine et sur les travaux liés à l’abolition de la peine de mort. Quant à l’élection de Mitterrand et à la loi sur l’abrogation de la peine capitale, je m’en souviens encore.
Bepolar : Ce qui est marquant, c’est la sensation d’étouffement dans votre livre. Comment avez-vous travaillé son écriture ?
Christian Blanchard : Paradoxalement, je suis attiré et en même temps terriblement angoissé par l’enfermement, qu’il soit physique (il n’y a pas que la prison ; un hôpital peut-être enfermant) ou psychique (dépendance à une autre personne, à une drogue… la folie). Tous mes ouvrages abordent de loin ou de près ces thèmes. Le fait d’avoir écrit ce livre à la première personne et, en grande partie, au présent m’a conditionné à ressentir ce que Jefferson pouvait éprouver. Je me suis mis, en quelque sorte, à sa place.
J’ai même écrit avec le rideau de mon bureau fermé, sous lumière artificielle, et le casque sur les oreilles en écoutant les mêmes musiques que lui. (Ou bien est-ce Jefferson qui écoutait les mêmes « mélodies » que moi ?)
« Je décris, je dépeins ce qui se passe devant moi et ce que je ressens en fonction des situations. »
Bepolar : Et en tant qu’écrivain, est-ce en retour étouffant d’écrire sur la prison ?
Christian Blanchard : Contrairement à Jefferson, je sortais de ma « prison » quand je le voulais.
Je ne vous cache pas que j’ai eu aussi des émotions en écrivant ce livre. Mon rythme cardiaque évoluait suivant les scènes à écrire. En réalité, je n’écris pas… Je décris, je dépeins ce qui se passe devant moi et ce que je ressens en fonction des situations.
Bepolar : Quelles sont vos prochaines dédicaces ? Où pourrons-nous vous retrouver ?
Christian Blanchard : Dès le 3 mars, « j’attaque » toute une série de dédicaces et de salons en Bretagne et partout en France. Le 3 mars, le responsable libraire du Leclerc Kergaradec (Brest) a mis en place une communication de ouf. Ensuite, l’espace culturel Leclerc de Landerneau… puis le salon du livre de Paris où j’aurai la chance de dédicacer le dimanche 18 de 15h à 17h avec Karine Giebel, amie et complice littéraire… Il y aura aussi Hyères, Limoges, Vannes…
Le plus simple est encore d’aller sur le site : http://www.christianblanchard.fr/ . Je mets à jour les dates et les lieux.
J’ai hâte de rencontrer maintenant les lecteurs.
Bepolar : Et désormais, sur quoi travaillez-vous ? Avez-vous un nouveau livre sur le feu ?
Christian Blanchard : Un manuscrit (premier jet) est dans les mains de mon éditrice. Il semblerait que l’on soit déjà d’accord sur le titre qui sera… (Non, vous ne saurez pas maintenant…). Je vais quand même vous donner un élément… une phrase emblématique :
« J’avais sept ans… Il allait prendre ma place… Et je n’avais pas grand-chose à partager. Tu comprends ? Je n’ai pas manqué de courage… Au contraire, j’ai fait preuve de sang-froid »
« C’est un livre dont le lecteur imagine qu’il peut rencontrer les protagonistes de l’histoire au coin de la rue… dont il se surprend à ressentir un peu d’empathie pour le « méchant »… »
Bepolar : Dernière question, selon vous, qu’est-ce qui fait un bon polar ?
Christian Blanchard : J’ai horreur des recettes. Un bon polar (comme n’importe quel genre littéraire d’ailleurs) est un livre qu’on lit en ayant du mal à le poser… c’est un livre qui crée des émotions… c’est un livre qui laisse des images dans la tête… C’est un livre dont le lecteur imagine qu’il peut rencontrer les protagonistes de l’histoire au coin de la rue… dont il se surprend à ressentir un peu d’empathie pour le « méchant »…
On sait qu’on a lu un bon polar lorsqu’on laisse s’écouler un peu de temps avant d’en attaquer un autre…