- Auteur : Joyce Carol Oates
- Editeur : Editions Philippe Rey
- Collection : Romans Etrangers
- Date de sortie : 23 mars 2006
- ISBN : 2848760540
- EAN : 9782848760544
Disponible sur
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Résumé :
Ils étaient cinq. Ivres, camés. L’ordinaire de leurs samedis soirs, quoi. Peut-être encore plus excités ce samedi-là, au soir du 4 juillet. Et, vers minuit, la belle Tina Maguire, après avoir célébré la fête nationale chez des amis, a eu le tort de couper court à travers le parc pour rentrer plus vite chez elle avec sa gamine Bethie, 12 ans. Ils l’ont laissée pour morte dans le hangar à bateaux. Une tournante comme on n’ose pas en imaginer. Une abomination à laquelle a assisté, réfugiée derrière un tas de vieux canoës, la petite fille. Qui a pu finalement se traîner jusqu’à la route pour appeler au secours, et a ainsi sauvé sa mère.
Sauvé ? En fait, dès l’avant-procès, l’attitude du juge et les propos de l’avocat des voyous ont pratiquement massacré Tina une seconde fois. Un avocat de haut vol, payé à prix d’or, qui, malgré des preuves contraires accablantes, a brandi l’argument qui fait mouche, clamant haut et fort ce que certaines bonnes âmes pensaient tout bas : elle l’a bien cherché... en fait elle l’a cherché tout court. Ça lui pendait au nez...
Elle risque désormais de mourir pour de bon, Tina. Et Bethie, face à l’état de sa mère - et aux menaces des voyous furieux d’avoir été reconnus -, ne peut que prier pour l’intervention miraculeuse d’un ange vengeur. Or il est là, dans l’ombre. Un flic épris de justice. Épris tout court. Le héros silencieux d’une histoire d’amour peu banale, racontée avec une éblouissante violence par une Joyce Carol Oates à son meilleur.
Mlle Dine Bouquine 22 juin 2024
Viol, une histoire d’amour - Joyce carol Oates
🎀 COUP DE COEUR 💛
J’ai d’abord été intriguée par ce titre très évocateur, amenant à un certain étonnement. Comment ce mot si fort, pouvait être associée à une histoire d’amour ? À première vue, rien ne justifie d’associer ces deux termes ensemble, et pourtant quelle cohérence retrouvée au travers de cette histoire palpitante !
J’ai commencé cette lecture avec appréhension, et puis, je me suis imprégnée de cette histoire comme si c’était la mienne, jusqu’à m’associer à cette douleur qu’a pu ressentir Bethie et sa mère, cette fameuse nuit où tout a basculé.
Où son enfance a pris fin, à l’âge de 12 ans, dans ce hangar à bateaux, sous les hurlements de sa mère se faisant violer par un groupe d’hommes emplit d’alcool et de drogues.
J’ai accompagné Tina, cette femme libre dans sa tête et dans son corps, faisant fi de ce que l’on peut penser d’elle. Un esprit sain dans un corps sain, se laissant porter au gré d’une vie simple qu’elle partage seule avec sa fille depuis le décès de son mari. Cette vie tant assumée jusqu’à ce drame d’une cruauté extrême.
Pourtant, tout est une question de malchance, une décision en apparence sans conséquence prise au mauvais moment, mais qui signera à jamais, cette douleur. Devant faire face à ses tortionnaires, mais aussi à ceux qui la jugent trop vite.
Une remise en cause de son témoignage de victime, mettant en exergue sa réputation un peu frivole se basant sur de simples rumeurs. Et qui a pour cause le rejet de la faute sur elle, cette femme brisée, détruite, et non sur les vrais criminels.
J’ai partagé ce traumatisme, et avec une tristesse infinie, la crainte et la peur omniprésente ressentie de devoir à nouveau affronter ses tortionnaires. Et à travers une enfance volée, ce déferlement de haine constant.
« Tu les as entendus frapper ta mère. Des coups sourds sur une chair sans résistance. Ils empoignaient les chevilles minces de ta mère, lui écartaient les jambes avec violence comme s’ils voulaient les lui arracher. Ils riaient de ses vaines tentatives pour se protéger. Ils étaient insouciants, euphoriques. »
Matildany 10 juin 2020
Viol, une histoire d’amour - Joyce carol Oates
Comme d’habitude, J.C.Oates s’empare de son sujet avec âpreté. En rentrant d’une fête lors du 4 juillet, Tina et Bethie, sa fille de douze ans, se font agresser par un groupe d’hommes, en traversant un parc. La gamine parvient à se cacher, mais assiste impuissante, au viol et au tabassage de sa mère qui sera laissée pour morte. Dorthmoor, premier policier arrivé sur les lieux, ne peut proposer qu’une aide dérisoire mais s’attache directement à leur détresse.
La victime, femme trop belle et indépendante, devient vite la proie des commérages, et est même jugée responsable de ses malheurs. La petite ville puritaine voit là l’occasion de la condamner pour sa liberté. Les accusés ayant recours à un avocat prêt à tout, n’hésitent pas à la provoquer, afin de lui faire abandonner le procès.
Bethie, voyant sa mère au bord du gouffre, ne peut plus que se tourner vers Dorthmoor... qui appliquera une autre justice.
Dans ce court roman, JC Oates nous dresse un constat implacable des mécanismes de la justice, qui est avant tout une partie d’échecs politique plutôt que la défenderesse des innocents. Elle dénonce ses manquements, parvient à mettre en exergue que ce qui devrait être condamné est hypocritement couvert, et y oppose une solution immorale à laquelle on ne peut qu’adhérer. La noirceur de sa plume met une fois de plus en avant les manquements de l’Amérique, sait sans aucun voyeurisme, nommer en peu de mots l’innommable, et semer petit à petit des lumières d’espoir dans son constat désenchanté.
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