- Réalisateur : Eric Guirado
- Acteurs : Lucien Jean-Baptiste, Jérémie Renier, Julie Depardieu
- Distributeur : UGC Distribution
- Genre : Thriller, Drame
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 7 mars 2012
- Durée : 1h38min
Inscrivez-vous ou connectez-vous pour pouvoir participer au Club !
l'a vu/lu
Veut la voir/lire
Résumé :
Marilyne et Bruno Caron arrivent dans un village de montagne pour emménager dans un chalet qu’ils ont loué à Patrick Castang, promoteur et propriétaire de nombreuses habitations dans la région. Contents de quitter le nord de la France pour démarrer une nouvelle vie, ils acceptent sans sourciller quand Castang leur annonce qu’il va les loger momentanément dans un autre chalet de grand standing car le leur n’est pas terminé. S’ensuivra alors une succession de déconvenues qui va les conduire à déménager de nombreuses fois, avec le sentiment grandissant d’être traités sans aucune considération, alors même que les Castang multiplient patiemment et avec bienveillance les efforts envers eux. Les relations entre les deux familles vont se tendre. Bruno et Marilyne Caron ne supportent plus d’avoir sous leurs yeux le bonheur et l’abondance de biens des Castang.
Leur amertume, alimentée par la jalousie, l’envie et la frustration, finira par devenir de la haine.
Le slogan du film -"tu ne convoiteras point"- est tiré du Décalogue. Il donne la clé de l’histoire, irriguée par l’envie, devenant, sous sa forme la plus obsessionnelle, un désir de posséder (d’où le titre du long métrage). Inspiré par la "tuerie du Grand-Bornand", sordide massacre d’une famille sur fond de jalousies macérées, le long métrage reprend la trame du sinistre fait-divers, s’intéresse, sous l’angle d’un traitement psychologique des personnages et de quelques flirts avec le thriller fantastique, à une forme de lutte des classes, qui met en jeu des locataires et des propriétaires.
L’antithèse entre les époux Castang et les époux Caron saute d’emblée aux yeux : aux premiers l’argent, les bonnes manières si évidentes, l’adéquation parfaite avec un environnement superbe, aux seconds la difficile adaptation à une nouvelle région - eux qui viennent de ce Nord si connoté par la misère sociale - la frustration et l’impulsivité qui vont coaguler, pour hisser le drame jusqu’à un haut degré d’incandescence. La précision entomologique avec laquelle Eric Guirado ausculte les habitus des groupes sociaux et leurs conséquences sur les individus réfère évidemment à la manière chabrolienne. Mais il y a aussi, à travers l’ambiance lourde qui se densifie graduellement, à travers certaines scènes nerveuses trouvant dans des montagnes inquiétantes un écrin idoine, des échos du saisissant film de Dominik Moll, Harry, un ami qui vous veut du bien, d’autant que la glaçante Maryline à la fois cupide et immature, matérialiste en diable, s’avère aussi froidement déterminée que le terrifiant Harry, incarné par Sergi Lopez.
A bien des égards saisissant, porté par des acteurs très convaincants (Julie Depardieu, Jérémie Rénier, Lucien Jean-Baptiste, Alexandra Lamy, chacun dans son registre), Possessions est une implacable métaphore sur la violence des rapports sociaux et les conséquences d’une pauvreté qui rend littéralement fou.