- Auteur : Georges Simenon
- Editeur : Pocket
- Date de sortie : 1er janvier 1977
- Plus d'informations : Maigret à Paris
- ISBN : 2266035738
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Résumé :
Le premier Maigret dans l’ordre d’écriture et l’entrée en scène du commissaire, pour un sommet et déjà la méthode Maigret. Un meurtre dans un train de luxe gare du Nord et une sombre affaire d’escrocs internationaux entre Paris et Fécamp, sur fond de palaces, de monde et de demi-monde, mais aussi d’immigrés, de taudis et de misère… Plus la gémellité, l’usurpation d’identité, le désir d’une autre vie, la jalousie, thèmes chers à Georges Simenon. Essentiel !
Voir en ligne : Maigret à Paris
Polars urbains 31 mai 2019
Pietr le Letton - Georges Simenon
Pourquoi lire (ou relire) Pietr le Letton ?
Parce que c’est le premier roman écrit par Georges Simenon (mais le cinquième publié) mettant en scène Jules Maigret, 45 ans, commissaire de la police judiciaire, dont il est fait d’emblée une description définitive : « La charpente était plébéienne. Il était énorme et osseux ».
Parce qu’il permet de saisir comment travaille Maigret - la « méthode Maigret » - comment il s’imprègne du milieu et s’intéresse à toutes les pistes, tout en restant insensible aux pressions sociales et indifférent à la position des riches et des puissants qui ne l’impressionnent pas : « C’était plus que de l’assurance, et pourtant ce n’était pas de l’orgueil. Il arrivait, d’un seul bloc, et dès lors il semblait que tout dût se briser contre ce bloc, soit qu’il avançât, soit qu’il restât planté sur ses jambes un peu écartées ».
Parce que Maigret, déjà commissaire (Simenon reviendra plus tard sur le début de sa carrière) se pose déjà plus en « raccommodeur de destinées » qu’en justicier.
Parce que Simenon nous plonge dans un monde depuis longtemps disparu, celui de l’avant guerre (1931) et des escrocs internationaux (l’affaire Stavisky éclatera trois ans plus tard), des palaces et de leurs riches clients, des gigolos et des demi-mondaines, du jazz au sous-sol du Majectic (le Claridge, en fait, sur les Champs Elysées) et des trains de luxe (il y en avait encore).
Parce que cette intrigue introduit des thèmes qui reviendront régulièrement chez le romancier, la double vie d’hommes ordinaires ou non, le désir d’être un autre, le besoin que l’on peut avoir un jour de s’inventer une autre existence.
Tout cela fait de Pietr le Letton un très grand roman, celui d’un monde cosmopolite – le Paris des années 30 était une fête où les étrangers étaient les bienvenus à condition d’être riches, mais où les Polonais, Baltes, Russes ou Juifs pouvaient croupir dans les logements populeux et insalubres du quartier du Marais –, ce que le juge Coméliau (déjà lui) résumera d’une phrase lapidaire : « Que diable tous ces étrangers viennent-ils faire chez nous ? ».
Mais c’est aussi un roman de jeunesse avec des rebondissements et des coups de théâtre (effets que Simenon abandonnera très vite), des meurtres et des événements dramatiques : Maigret sera grièvement blessé et l’inspecteur Torrence tué (mai Simenon le ressuscitera plus tard !). Avec aussi malheureusement quelques stéréotypes sur ce que Simenon nomme le « ghetto », le quartier juif autour de la rue du Roi-de-Sicile. Ce qui ne surprendra qu’à moitié si l’on se souvient que celui qui n’était alors que « Sim » a signé en 1920 dans la Gazette de Liège une quinzaine d’articles consacrés au « péril juif ».