- Auteur : Philippe Claudel
- Editeur : Le Livre de Poche
- Date de sortie : 28 février 2006
- ISBN : 2253109088
- EAN : 978-2253109082
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Résumé :
" Elle ressemblait ainsi à une très jeune princesse de conte, aux lèvres bleuies et aux paupières blanches. Ses cheveux se mêlaient aux herbes roussies par les matins de gel et ses petites mains s’étaient fermées sur du vide. Il faisait si froid ce jour-là que les moustaches de tous se couvraient de neige à mesure qu’ils soufflaient l’air comme des taureaux. On battait la semelle pour faire revenir le sang dans les pieds. Dans le ciel, des oies balourdes traçaient des cercles. Elles semblaient avoir perdu leur route. Le soleil se tassait dans son manteau de brouillard qui peinait à s’effilocher. On n’entendait rien. Même les canons semblaient avoir gelé. " C’est peut-être enfin la paix... hasarda Grosspeil. -La paix mon os ! " lui lança son collègue qui rabattit la .aine trempée sur le corps de la fillette. "
kateginger63 12 mars 2019
Les Âmes grises - Philippe Claudel
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Une ambiance lugubre dans ce village maudit
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Mais alors quelle atmosphère brumeuse et mélancolique dans ce roman rural. Tout au long de ma lecture, je me suis sentie comme une petite souris qui se faufile dans les maisons et espionne tout ce petit monde. le narrateur est un vieux gendarme, le "shérif du coin", déversant ses Confessions, se centrant sur l’Affaire.
Qu’est-ce donc cette Affaire ? Ah mes chers lecteurs, vous l’apprendrez bien tôt si vous entrouvrez ce "fait-divers régional" (fictionnel) qui a défrayé la chronique d’un village de province durant l’hiver 1917.
Vous l’aurez compris, cette tragédie se déroule durant la 1ère guerre mondiale. Une période bien sombre qui fait écho avec ce crime sordide.
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Plutôt que de présenter l’enquête sous une forme classique, l’auteur a préféré nous raconter la vie de ces villageois dans leur quotidien avec leurs faiblesses et leurs vices. Les notables, les soldats déserteurs, les "petites gens", tout le monde y passe. Ni noire, ni blanche, mais grise. Oui, l’âme grise. Une noirceur tapie au fond de chacun, dans d’infinies nuances de gris.
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Une écriture tellement juste, si imagée que j’ai visualisé les scènes. Il paraît qu’une adaptation en film a été faite, mais je n’en ai pas eu besoin.
Malgré un début un peu lent, je me suis laissée emporter par la voix du narrateur. Je suis passée par de l’incompréhension, au doute, à la peur, à la pitié, à la colère. Mais pas à la quiétude.
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Noir, sombre, inquiétant, troublant, mais authentique.
Oui, la petite souris a appris, a réfléchi et a mal digéré la fin (émouvant).
Et ce crime qui n’est pas résolu (m’enfin !)