- Auteur : Robert Louis Stevenson
- Traducteur : Charles Ballarin
- Genre : Polar / Drame / Fantastique
- Editeur : Folio
- Date de sortie : 9 octobre 2003
- EAN : 9782070303854
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Résumé :
Toujours en quête d’aventures extravagantes, le prince Florizel et son compagnon, le colonel Geraldine, rencontrent un soir un étrange jeune homme qui les convie à une soirée du Club du suicide. Les deux amis découvrent avec horreur et fascination un diabolique jeu de cartes où le seul gain est la mort…
Saveur Littéraire 8 juin 2019
Le club du suicide - Robert Louis STEVENSON
Après tout ce temps passé auprès d’auteurs contemporains, il est temps de partir faire un tour chez les plumes du XIXème siècle ! Ne vous y fiez pas, malgré son titre bien lugubre, Le club du suicide n’est pas qu’une histoire de tragédie, c’est aussi un polar qui se cache par ici, et c’est pourquoi je n’ai pas été dépaysée par ce roman, au contraire. D’autant plus que Robert Louis Stevenson est un auteur de talent, que j’ai déjà eu l’occasion de lire avec son merveilleux et fascinant L’étrange cas du Dr Jeckyll et M. Hyde. On en parle un peu ?
Articulé en trois parties que l’on croit au départ indépendantes mais qui se révèlent finalement être reliées, Le club du suicide est de ces romans qui concentre peu de personnages : ils sont extravagants, parlent fort bien, ont le sens de l’honneur, et nous emmènent dans une partie du monde de l’ombre qu’on aurait préféré laisser là où elle était. Aussi absurde que cela puisse paraître par la nature même du sujet, le club du suicide dont il est question ici est amené non pas seulement comme une tragédie, mais comme un jeu criminel et un mystère rempli de noirceur.
La manière dont fonctionne ce fameux club et les méthodes utilisées sont glaçantes et donnent à réfléchir : imaginez donc un instant que l’on retrouve une telle organisation de l’ombre ici, de nos jours. Que l’on suive un inconnu dans un endroit fort bien caché, que l’on mise alors sa vie sur un jeu de cartes avec au bout deux rôles cruciaux : le futur suicidé, et celui qui va le tuer. Deux rôles dont les cartes décident de l’identité, et ce tous les soirs.
La première partie est tout à fait glaçante et macabre, si bien que l’on en voudrait davantage sur cet effroyable club. Mais voilà qu’arrive la seconde partie, où l’on se retrouve aux côtés d’un innocent complot d’une affreuse machination. Si, au début, on se sent perdu par le pauvre jeune homme, on comprend vite que son histoire et celle des téméraires compagnons de début sont en fait liées. L’enquête du prince Florizel et de son fidèle compagnon, Géraldine, nous embarque dans une folie meurtrière délectable, et oui ! Certes, pas autant d’action que ce que l’on peut lire avec nos romans modernes, mais il n’y a pas matière à s’ennuyer, je vous le garantis.
La troisième partie offre une conclusion noble à un conte des plus dérangeants. Le club du suicide a en vérité un seul défaut : celui d’être trop court, assurément ! Car j’aurais tant aimé me plonger davantage dans la société de ce club, fondée par un président des plus sinistres, aux motivations floues. C’est certain que l’histoire donne envie d’être approfondie, et le peu de personnages, mais un peu de personnages très complice, rend le tout encore plus attachant.
Pour en finir, je dirais que je ne m’attendais pas à me retrouver face à un polar. L’auteur classique sait procurer de délicieuses sueurs froides par les thèmes qu’il déploie : ici, c’était le malheur qui entraîne l’humain dans un jeu où le seul lot gagnant est la mort. Mais ailleurs, c’était la folie, le côté monstrueux qui sommeille en chacun(e), l’importance du rang social… bref, une plume qui sait écrire sur des sujets parfaitement humains, des sujets noirs traités avec finesse.