- Réalisateur : Mathias Gokalp
- Acteurs : Clotilde Hesme, Jérémie Renier, Finnegan Oldfield, Majda Abdelmalek
Transcendé par le prestation impressionnante de Clotilde Hesme, Amour fou a le don de déstabiliser le spectateur. On recommande sans modération !
"Tu comprends, sur cette Terre, il y a quelque chose d’effroyable, c’est que tout le monde a ses raisons". Les mots d’Octave, dans La Règle du Jeu, vont comme un gant à cet excellent thriller intimiste, diffusé ce jeudi soir sur Arte, déjà disponible sur le site officiel de la chaîne. L’héroïne Rebecca a toutes les raisons d’agir, en bouleversant la tranquillité de son couple. Mais nous ne le découvrons qu’au fil du récit, à travers une série d’indices de plus en plus surprenants. L’adaptation du thriller Tout pour plaire de Camille Desjours est hautement recommandée !
Trois raisons de regarder cette mini-série française en trois épisodes
– Clotilde Hesme : Certes, les comédiens principaux sont tous excellents : de Jérémie Renier qui compose un mari falot à la révélation Majda Abdelmalek, dans le rôle de la trouble Emilie, jusqu’à Finnegan Oldfield, parfait en jeune beauf autosatisfait. Mais la star du film, c’est bien elle : Clotilde Hesme qui, de film en film, s’affirme comme une des meilleures comédiennes de sa génération. Elle incarne une jeune doctoresse dont les failles s’ouvrent sur de véritables gouffres, avec un événement fondateur qui orientera toute sa vie. Jusqu’au précipice. Tantôt glaciale, tantôt fragile, le personnage qu’elle incarne est une très grande réussite
– Les faux-semblants : Cette mini-série, à la fois sous influence Hitchcock et Chabrol, évoque aussi Dominik Moll par la tension qu’il installe. Si certaines scènes sont proprement impressionnantes, à commencer par l’ouverture du premier épisode, qui nous prend à la gorge, la vénéneuse atmosphère liée au projet de Rebecca rend cette production française irrésistible. Les personnages ne sont pas ceux que l’on croit, les relations qu’ils entretiennent s’éclairent à la lumière d’un passé douloureux.
– L’absence de tout manichéisme : "le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point" disait Pascal. Point d’amour ici, mais une perte irréparable qui motive une action réparatrice. Cela paraît paradoxal et totalement voué à l’échec. C’est pourtant la dimension la plus émouvante et en même temps la plus déstabilisante de cette mini-série : elle nous fait adhérer à la logique radicale de son héroïne, tout en nous écœurant des actions qu’elle accomplit. Le parcours résilient de Rébecca est un long chemin de croix pour son entourage.