- Réalisateur : David Fincher
À l’heure où Netflix reste évasif concernant l’éventualité d’une troisième saison de "Mindhunter", imaginons ce que la suite des péripéties des agents Ford et Tench pourrait nous réserver. Tour d’horizon des principales attentes.
Au grand dam des fans, la troisième saison de Mindhunterrisque de se faire attendre un moment. Son créateur David Fincher ne projetterait pas en effet de remettre le couvert de sitôt, aux dires de Netflix. C’est que le metteur en scène s’avère particulièrement occupé, entre les tournages de "Mank", son prochain film pour Netflix axé autour du Orson Welles démiurgique de "Citizen Kane", et la production de la deuxième saison de sa série "Love, death and robots". De là à présumer que l’avenir de sa série sur les balbutiements du profilage est compromise, il n’y a qu’un pas. D’autant plus que Fincher préfère en général multiplier les projets et les expérimentations que prêcher trop souvent la même chapelle – les cas "Millenium" et "House of Cards" en témoignent. Qu’à cela ne tienne, prenons le temps d’imaginer quelles seraient les ficelles les plus savoureuses d’une saison 3 parachevant les enquêtes de Ford et Tench...
Dennis Rader alias BTK, suite et fin ?
Placé au centre de l’intrigue secondaire de Mindhunter, le serial-killer Dennis Rader (BTK) représente un ingrédient crucial de la série, et ce, sans pour autant devenir son principal enjeu. Gageons toutefois que la troisième saison continue de donner de la consistance au tueur, sadomasochiste notoire reconnu pour avoir commis une dizaine de meurtres aux abords de Wichita (Kansas). Le scénario, qui s’est jusqu’ici montré très elliptique et mystérieux à son sujet, avec un traitement comparable au célèbre tueur intouchable dans "Zodiac" (Fincher, 2007) attise en tout cas la curiosité...
Un épisode réalisé par Bong Joon-Ho
En octobre 2019, Bong Joon-Ho, le papa de "Memories of Murder" ou encore de "Parasite" (Palme d’or 2019 et tombeur des Oscars 2020, tout ça, tout ça…) avait confié au site Collider son intérêt pour la série "Mindhunter", dont il se dit fan. De là à imaginer le cinéaste aux manettes d’un épisode de cette dernière, l’éventualité est séduisante. Il faut dire que la précision chirurgicale de la mise en scène du sud-coréen, son esprit tordu et son sens inouï du polar apporterait beaucoup à la série. En la matière, souvenons-nous d’ailleurs que "Memories of Murder" (2004) peut être considéré comme un proche cousin de "Zodiac", qu’il égale à plus d’un égard. Espérons donc que la sensibilité de Bong Joon-ho trouve prochainement un écho auprès de David Fincher et Joe Penhall…
Des histoires glauques (encore) plus fascinantes
C’est une des particularités de "Mindhunter" : les histoires sordides que racontent les serial-killers les yeux dans les yeux à l’agent Ford se révèlent chaque fois magnétiques. À tel point qu’on éprouve face à elles un plaisir coupable. Gageons que l’écriture des dialogues soit toujours aussi percutante.
Quels nouveaux serial-killers au rendez-vous ?
Alors que la fin de la saison 2 de "Mindhunter" se termine au début des années 80, l’on peut imaginer l’arrivée dans la saison 3 de nombreux et célèbres tueurs en série arrêté peu avant, quitte à extrapoler le livre « Agent spécial du FBI : j’ai traqué des serial-killers... » dont s’inspire la série. L’on pourrait ainsi par exemple croiser Ted Bundy, John Wayne Gracy, Joseph Christopher, Richard Ramirez, Ottis Toole ou encore de Joseph Paul Franklin. Autant de seigneurs des ténèbres qui ne manqueront pas de fournir des informations percutantes à l’agent Ford.
Quid du casting ?
Si les acteurs de "Mindhunter" ont été libérés de leurs contrats compte tenu du fait qu’aucune saison 3 n’a pour l’instant été commandée par Netflix, Jonathan Groff, Holt McCallany, Anna Torv ou encore Cameron Britton se sont dits partant à l’idée de reprendre du service si une suite venait à se confirmer. Le casting pourrait néanmoins se voir compléter par les nouveaux serial-killers convoqués par le scénario.
Un découpage au scalpel
De la première à la deuxième saison, le découpage de "Mindhunter" a connu un bond qualitatif assez impressionnant. La dualité entre les scènes intimes, les séquences de recherche et la mise en pratique (les dialogues-entretiens) s’est fait chaque fois plus minutieuse. À tel point que ce que les personnages vivent en dehors de leur travail et vice versa s’interpénètrent, se contaminent mutuellement. L’intérieur et l’extérieur ne font alors plus qu’un pour les protagonistes, qui se substituent malgré eux aux profondeurs des serial-killers petit à petit miss à nu. Par quel moyen Fincher et sa bande (Dominik, Franklin...) pourraient-ils cette fois renouveler leur petit laboratoire ?
Une mise en scène toujours plus stylisée et allégorique
Les symboles égrainées par Fincher, Andrew Dominik oue encore Carl Franklin en vue d’expliciter les échanges (les non-dits) entre Ford et les serial-killers ont eux aussi gagné en finesse dans la saison 2. Il suffit par exemple désormais d’un plan large et d’une lumière vive filtrant à travers une paroi vitrée pour illustrer le changement de cap de la Mansion Family : le relai entre Charles Manson et... Jésus. De même, il suffit d’une porte de réfrigérateur entrouverte pour dire la fracture qui lézarde entre Tench et son épouse. Nul doute que si Fincher revient aux manettes de "Mindhunter", ses expérimentations viendront de nouveau parfaire le tableau sanglant dépeint par la série.