N°31 au palmarès des meilleurs livres du Crime organisé de BePolar
- R�alisateurs : Brian De Palma - Oliver Stone - Howard Hawks
- Acteur : Al Pacino
- Editeurs : Rivages noir, Payot & Rivages
On commence ce palmarès par un livre symbolique : Scarface d’Armitrage Trail. Il est en effet archétypale du livre sur le crime organisé : roman très documenté inspiré de faits réels, au titre fort puisqu’il s’agit du surnom du « parrain de l’Outfit » (la mafia de Chicago), Al Capone, plusieurs fois adapté au cinéma, ce qui l’a rendu culte. Il aurait sûrement mérité une meilleure place dans le classement, c’est en tout cas l’un des pionniers des livres sur la mafia, au même titre que Le Petit César de W.R. Burnett. A (re)découvrir si l’on veut prétendre connaître le sujet !
L’histoire :
Chicago, début du XXème siècle. Alors que la pègre accroit son emprise sur la ville, le jeune et ambitieux Tony Guarino semble de plus en plus fasciné par le Milieu, sous le regard désapprobateur de son frère ainé, policier de la ville. Devenu bras droit d’un caïd local, il devra bientôt fuir en Europe, durant la Première Guerre Mondiale, où une blessure lui vaudra son surnom de « Scarface » (« Le balafré »). A son retour, façonné par la violence, fasciné par le pouvoir, Tony va assouvir ses rêves de grandeur.
Pourquoi ce livre est important :
Scarface, c’est l’un des premiers livres sur le crime organisé à avoir fasciné le grand public, rapidement devenu un grand classique. Et on comprend pourquoi : librement inspiré de certains événements de la vie d’Al Capone, le plus célèbre des gangsters de l’époque, il présente des accents de vérité : l’auteur vivait à Chicago et avait fréquenté les gangs siciliens locaux. Une caractéristique de nombreux romans emblématiques sur la mafia.
Mais au-delà de la fascination naissante pour les gangsters, ce grand roman est surtout très bien ancré dans son époque : typique du hard-boiled, ces romans de durs à cuire et de femmes fatales, prisés à l’époque, on suit les soubresauts de la grande Histoire : la montée en puissance de la délinquance d’origine italienne, la 1ère Guerre mondiale et les cicatrices morales qu’elle laissa, les effets désastreux de la Prohibition sur l’essor de la Mafia américaine, la corruption des systèmes policier et judiciaire, la violence exacerbée et la guerre des gangs, illustrée par l’introduction de la mitraillette et la terreur publique qu’elle généra. Tous les ingrédients devenus aujourd’hui des clichés mais qui étaient d’une stupéfiante modernité à l’époque.
Enfin, ce livre bestseller à l’époque mais peu lu aujourd’hui a eu une influence primordiale dans la popularisation du « roman de crime en organisé » en étant l’un des premiers à avoir été adapté au cinéma. Le film éponyme de Hawks (1932) fut un énorme succès et fut (déjà) accusé de glorifier le gangstérisme. Ce succès sera perpétué via une nouvelle adaptation, une libre réinterprétation de Brian de Palma autour d’un personnage d’exilé cubain devenu très célèbre, Tony Montana, brillamment interprété par Al Pacino. Deux films cultes qui ont transformé le personnage fictionnel de Scarface en légende du crime organisé.
Ce qu’il faut retenir (pour briller en société) :
1. Armitrage Trail était le nom de plume de Maurice Coons, un auteur de Pulps, ces magazines américains à bas prix qui popularisèrent le polar et la science-fiction. Il mourut d’une crise cardiaque à 28 ans, en 1930, et ne connut donc jamais la gloire générée par la première adaptation de son œuvre majeure en 1932…
2. Vous aviez peut-être déjà entendu parler des speakeasy, ces bars clandestins américains durant la Prohibition (période allant de 1919 à 1933 où la vente d’alcool était officiellement interdite). Ce nom pourrait avoir deux explications, soit que les clients devaient parler doucement pour ne pas éveiller la curiosité des autorités… soit qu’il aidait à la fluidité du langage ! Mais connaissiez-vous les blind pigs (littéralement « cochons aveugles »), nom des établissements de moindre standing ?
3. Dans la première adaptation d’Howard Hawks (1932), les morts violentes étaient systématiquement annoncées à l’écran par un « X », sous différentes formes, par exemple un panneau de signalisation. A l’époque du film de Brian de Palma (1983), Oliver Stone, qui n’était pas encore le réalisateur multi-primé de Platoon, Wall Street ou encore Né un 4 juillet mais le scénariste de l’adaptation, luttait contre sa dépendance… à l’héroïne !