- Auteur : Vanessa Caffin
Alice a quarante-cinq ans, elle est traductrice et bute sur le roman dont son éditeur lui réclame avec insistance les premiers feuillets. Elle n’a pas une bonne mémoire, et un jour qu’elle fait du rangement, elle tombe sur une boîte contenant des lettres dont elle n’a aucun souvenir. Pire : elle ne se rappelle absolument pas ses deux meilleures amies et son premier amour, qui lui ont régulièrement écrit l’année de ses quinze ans, l’année du départ de sa mère. Grâce à ces lettres, elle redécouvre une partie de son histoire dont elle était privée. En compagnie de Marc, un ami psy, elle va tenter de remonter son passé, de recouvrer la mémoire, comprendre d’où vient l’oubli qui l’a submergée. Et donc retrouver Marianne, Florence et Simon, mais aussi revivre les émotions douloureuses liées à Adèle, sa mère aimante et maltraitante, comédienne ratée qui a abandonné sa famille.
« Florence dit que tu es un monstre, qu’elle t’a vue faire, elle jure qu’elle a entendu les cris. Je ne veux pas la croire. »
Ce n’est pas la première fois que Vanessa Caffin s’attaque au thème de la mémoire, mais celle-ci est particulièrement réussie. La quête d’Alice la conduira tout d’abord chez son père, puis chez ses amies, ou plutôt leurs proches, car l’une et l’autre sont mortes. Toutes deux suicidées ? Alice n’y croit pas, elle est persuadée que Marianne et Florence ont été assassinées. Ses investigations lui apportent autant de nouvelles questions que de réponses aux anciennes. Les heures de la nuit ne rattrapent jamais celles du jour oscille entre le whodunit et le thriller basé sur des secrets de famille, mais la narration s’écarte du polar classique. De nombreux extraits du journal d’Alice adolescente ponctuent le roman, ce qui donne aux émotions bien plus d’importance que la réflexion qui guide normalement une enquête.
Cependant, n’allez pas vous y tromper, l’intrigue est parfaitement construite et lorsque l’énigme est résolue, à la fin, on ne peut que rester bouche bée devant la solution à laquelle on ne s’attendait pas. Une réussite, qui donne envie d’en lire plus.
Lucie Chenu
Les heures de la nuit ne rattrapent jamais celles du jour de Vanessa Caffin
La Martinière / mars 2023 / 304 pages / 19 € ou 13,99 € (numérique)