- Réalisateur : Guillaume Canet
- Acteurs : François Cluzet , André Dussollier, Marie-Josée Croze
- Nationalité : Français
- Durée : 2h10min
D’un récit à étages écrit par Harlan Coben, Guillaume Canet tire un film plombé par sa mise en scène maladroite. La mièvrerie l’emporte sur le suspens.
En 2006, Guillaume Canet connaît son premier grand succès public en adaptant le roman Harlan Coben, Ne le dis à personne. Fidèle à la trame du récit, l’histoire mise en scène par le réalisateur nous entraîne à la lisière du drame sentimental et du fantastique, puisqu’une femme censément décédée dans des circonstances tragiques, après une baignade nocturne dans un lac, se défait de son linceul pour réapparaître en pleine foule. Cela tombe bien : son mari, présent lors de la soirée funeste, n’a jamais réussi à faire son deuil. De cette rencontre entre un refus obstiné et son prolongement fantasmatique, naîtront quelques séquences maladroites où le pathos n’est jamais loin.
Pourtant, dès les premières minutes, Canet s’échine à poser les fondements d’un thriller filandreux, qui fait bientôt du héros un personnage double, à la fois traqueur et traqué, tandis que d’autres personnages s’agrègent comme les pièces d’un puzzle et que les indices s’amoncellent à la manière de gros nuages lourds. On serait prêts à se laisser embarquer et, d’ailleurs, certaines séquences ne sont pas loin de rafler la mise, notamment une haletante course-poursuite où, pris en chasse par la police, notre héros, un pédiatre forcément irréprochable, affronte le ballet incessant des voitures sur le périphérique, se cache dans une poubelle, se blesse même en chutant sur le trottoir, mais se relève, puisqu’il est entendu que, malgré les soupçons, son innocence doit s’incarner.
Et François Cluzet le signifie plutôt clairement, ajustant ses émotions aux situations qui les annoncent, si bien qu’on n’est jamais surpris.
De leur côté, les personnages secondaires s’avèrent aussi illustratifs que fonctionnels dans un film qui craint avant tout les temps morts, mais paradoxalement les accumule, à travers des scènes clichés et des protagonistes sans consistance psychologique, très mal dirigés. Si Canet lorgne sur Fincher et Hitchcock, sa réalisation, plus proche du téléfilm mièvre que du cinéma à suspens, le disqualifie complètement.