- Réalisateur : Ryu Jong-jae
- Acteurs : Yoo Ji-tae, Park Hae-soo, Kim Yunjin
- Nationalité : Sud-coréen
Avide de nouveaux succès populaires, Netflix recycle la recette de “La Casa de Papel” pour la transposer en Corée dans la série “Money Heist : Korea”. Que penser de ce remake opportuniste fantasmant la réunification des deux Corées ?
La formule ne change pas d’un iota : un petit malin, sorte de génie du crime organisé, réunit huit voleurs pour mener une prise d’otages à la Maison de la Monnaie, pour finalement tenter de réaliser un braquage sensationnel…
Pour justifier sa relecture de “La Casa de Papel”, “Money Heist : Korea” (aussi appelée “Casa de Papel Korea” et sous-titrée “Joint Economic Area”) s’appuie sur une intrigue flirtant légèrement avec le récit d’anticipation : la réunification inattendue, dans le sillage de la création d’une zone économique commune, des deux Corées. Du jour au lendemain, les Coréens peuvent notamment circuler librement sur le territoire. Pour autant, cette itération sud-coréenne de la célèbre série espagnole limite les risques au maximum en se conformant le plus possible à son modèle.
Si “Money Heist Korea” reprend in fine exactement la trame de “La Casa de Papel”, cette fois transposée en Corée, quelques nuances et libertés sont à souligner : les histoires personnelles des braqueurs divergent quelquefois, notamment concernant les trajectoires des personnages Tokyo, Berlin et Rio. Des disparités qui se justifient surtout par l’ancrage géopolitique de l’intrigue et les différences culturelles vis-à-vis de la version espagnole originale signée Alex Pina. En outre, le scénario propose quelques variables : la rencontre du Professeur et de la négociatrice n’a pas lieu au même moment, tandis que quelques infiltrés insoupçonnés s’avèrent en outre de la partie.
Du reste, les fameux masques façon “Occupy Wall Street” adoptent cette fois un design traditionnel coréen datant du 12e siècle et nommé Hahoetal. Enfin, le personnage du Professeur ne ressemble plus comme deux gouttes d’eau au Professeur incarné par Marcello Mastroianni dans le film “Les Camarades” (Mario Moncelli, 1963) - plagiat évident et néanmoins jamais assumé. Ce dernier se passe ainsi de barbe et change de lunettes. Hormis ces petits détails terriblement anecdotiques, “Money Heist Korea” apparaît donc comme une copie plutôt ultra conforme voire conformiste. Est-ce une bonne chose ? Rien n’est moins sûr.
De la mise en scène à la musique en passant par la colorimétrie, le jeu des acteurs, les rebondissements, l’écriture des personnages, les flashbacks, les pseudos romances entre les protagonistes, “Money Heist Korea” reprend la substance de son aîné en aspirant quasiment jusqu’au moindre de ses accessoires et particularités. De fait, cette adaptation sud-coréenne de “La Casa de Papel” s’accapare les nombreux défauts (stéréotypes, articulations poussives et à rallonge, kitsch…) et quelques rares qualités (concept accrocheur, symbolique contestataire) de la série.
C’est simple, seul un unique épisode inédit, qui revient sur les origines de la réunification des deux Corées, se permet un pas de côté - aussi creux soit-il. Pour le reste, tout est attendu, d’une pauvreté désespérante et il faut le dire, très difficile à justifier auprès des spectateurs ayant déjà visionné la série originale. Ce copié-collé d’une banalité stupéfiante n’est malheureusement pas un cas isolé : Netflix ne cesse en effet de multiplier les cas d’école analogues. Ce qui laisse chaque fois la sensation d’un formidable gâchis.
Disponible sur Netflix, “Money Heist Korea” est le remake coréen de la célèbre série espagnole “La Casa de Papel”, imaginée par Alex Pina.