
- Réalisateur : Marwen Abdallah
- Acteurs : Constance Dollé, Marc Ruchmann, Marine Delterme
- Distributeur : France Télévisions
- Auteurs : Jeanne Le Guillou, Bruno Dega
- Nationalité : Français
- Durée : 6X52 minutes
Fondée sur une trame prévisible et des personnages stéréotypés, la mini-série de France Télévisions peine à convaincre.
Faut-il croire à l’incroyable quand les personnages ne sont pas crédibles, pas plus qu’une histoire qui enfile les clichés comme autant de perles, dont on ferait volontiers des sketchs ?
Manipulations ne concerne que ses créatures fictives, qu’on observe avec distance, en ne se sentant pas spécialement concernés par leur destin de marionnettes crédules, sur un chemin balisé de fausses ronces.
Qui peut penser qu’en dehors des rebondissements attendus, une working girl, saisie par la culpabilité d’avoir délaissé sa vie personnelle, désireuse de rencontrer le grand amour, ne correspond pas à ces modèles façonnés par les romans de gare ? A l’orée d’une cinquantaine radieuse, Maud fait la connaissance de Matthias, un quadra vaguement ténébreux et a priori photographe de guerre, souffrant de syndromes post-traumatiques. Leur rencontre est à elle seule toute une histoire, aussi fake et mal jouée que possible, au zinc d’un bar où le bel inconnu aborde celle qui le séduit, avant de prolonger la soirée et l’échange avec elle.
Le reste dissémine des indices, organise une rivalité prévisible entre un fils soupçonneux et l’amant de sa mère, accélère la cadence vers une tragédie qu’on devine dès le départ, puisque le titre en donne la clef et que l’ironie dramatique, très mal gérée, nous permet d’avoir plus d’un coup d’avance sur le personnage dupé, tout comme son entourage, bientôt victime du manipulateur.
Reste une forme d’honnêteté avec laquelle le scénario envisage les ruses du pervers narcissique, sa volonté de s’attaquer graduellement, méthodiquement à ses proies, d’éliminer tout ce qui pourrait le gêner dans son entreprise. On comprend les intentions généreuses de cette mini-série, mais notre attente de spectateur constate que, très bas au-dessous de l’étiage, Manipulations ne saurait se prévaloir d’une impressionnante qualité artistique.