- Auteur : Coraline Croquet
- Genre : Thriller, Polar
- Date de sortie : 11 décembre 2023
- EAN : 9782390660200
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Résumé :
Deux hommes que tout oppose. D’un côté Étienne, vétérinaire marqué par la vie et les épreuves, qui panse ses blessures à l’abri des regards.
De l’autre, Florent inspecteur de police respecté de tous et charismatique. Entre eux, le fantôme d’une femme, le cadavre d’un chien. Et cette ombre aveuglée par la colère, animée par la vengeance.
Si le mensonge se nourrit de noirceur, c’est peut-être dans les ténèbres du sous-sol d’un chalet perdu en pleine forêt que la vérité éclatera. Mais quel en sera le prix ?
lecturesdudimanche 11 septembre 2024
Contre-Coups - Coraline Croquet
Me voici de retour pour vous parler d’un roman particulier, et cet article clôturera une semaine de ce qu’on pourrait bien qualifier de lobbying pro-Coraline ! Parce que c’est de ce roman dont je vous ai parlé dans le podcast du #clubsang de BePolar mardi et que j’ai eu le plaisir de recevoir Coraline dans la boîte de Frédéric Ernotte jeudi ! Il est donc maintenant temps de vous livrer mes impressions sur le blog !
Deuxième roman pour Coraline Croquet (« Les ombres de l’innocence » était le premier). On entre dans ce roman par la partie visible de l’iceberg : Un mari violent, un amant désespéré, le fantôme d’une femme aimée, un besoin viscéral de vengeance, porté par le cadavre d’un chien injustement martyrisé ! Cet animal (ou du moins ce qu’il en reste) en étendard va mener Etienne, vétérinaire, à lancer une action punitive contre Florent, le flic bien sous tout rapport, mais qui n’est qu’une ordure sans nom. Voilà les éléments que l’auteure nous dévoile d’entrée de jeu. Et rapidement, on comprend que le sort qu’Etienne compte réserver à Florent sera à la hauteur de sa lâcheté. Est-ce que le lecteur est tiraillé entre le « bien fait pour sa gueule » et le « tu déconnes, Etienne, laisse la justice gérer ça » ? Oui, parfaitement ! Oui, c’est lâche de frapper une femme, de la manipuler, de la terroriser, de faire de sa vie un enfer, le tout en se cachant derrière un amour inconditionnel ! Car à quel moment l’amour justifie-t-il la violence, qu’elle soit physique ou psychologique ? Mais peut-on prétendre se substituer à la justice sans autre forme de procès ?
À l’énoncé du thème, on pourrait, à juste titre, croire qu’il s’agit d’un énième livre sur la vie d’une femme victime de violence qui entre dans une phase de prise de conscience et qui décide de reprendre sa vie en main. S’il y a, effectivement, un peu de cela, ce n’est pourtant pas l’essentiel du livre !
Car, et c’est pour cela que je vous parlais d’iceberg, Etienne est un personnage bien plus profond que ce que l’on présente de prime abord ! Il n’est pas « juste » un homme qui a perdu la femme de sa vie. Non. C’est un survivant. Son premier drame, il le vit à l’âge de six ans, lorsque ses parents et son frère décèdent dans un accident de voiture. À partir de là, Etienne grandit avec le malheur collé à la peau. Seule petite lumière dans sa sombre vie, son arrivée, en fin d’adolescence, dans une famille d’accueil qui fait de lui un membre à part entière. C’est là qu’il rencontre Olivier, son meilleur ami, son frère. Des années plus tard, Olivier est son dernier repère, son dernier rempart, mais Etienne s’apprête à lui faire beaucoup de peine. Pourtant, Etienne ne voit pas d’autre issue, convaincu que, jusqu’ici, il n’a vécu que par erreur !
Pour comprendre cette personnalité complexe, l’auteure parsème ses lignes de lettres qu’Etienne a envoyées à Anne, son amour, mais surtout la femme de Florent… Par ces lettres, le lecteur découvre petit à petit un homme blessé, qui a toujours tenté de se relever, mais qui a fini par perdre espoir et cessé de se rebeller contre le destin. Jusqu’à ce que celui-ci place Anne sur son chemin, pour mieux la lui ravir quelques semaines plus tard. Et là, outre le deuil, la famille, la loyauté, les racines que la vie s’amuse à planter sur nos sentiers pour nous voir, au mieux, trébucher, au pire, nous écraser au sol, l’auteure aborde un thème relativement peu traité en littérature noire. Un thème que je meurs d’envie de vous dévoiler, mais que je m’interdis de vous divulguer pour surtout ne rien gâcher ! Et, comme si ce n’était pas suffisant, l’auteure va jouer avec nos certitudes pour ébranler notre soif de justice, et avec elle, notre soutien à la vendetta menée par Etienne.
L’écriture de Coraline nous prend par la main, avec simplicité, sans fioritures, mais avec beaucoup de justesse. Étant dans une période un peu floue moi-même, j’ai été extrêmement touchée par le cheminement d’Etienne sur la vie, la mort, le sens de tout ça… J’ai d’ailleurs été tellement portée par les messages que j’en ai oublié de faire fonctionner mon cerveau, persuadée que j’étais que l’issue, attendue, allait clore ces lignes. Ce fut le cas, presque comme je m’y attendais, à un détail près… Un gros détail, que peut-être mon cerveau cartésien n’aurait pas manqué de louper s’il n’avait été court-circuité par mes émotions de lecture. Et finalement, c’est bien mieux ainsi, car j’ai pris une sacrée claque à l’épilogue, et ça, c’est vraiment la cerise sur le gâteau !