- Auteur : Coraline Croquet
- Editeur : Kennes Editions
Bepolar : Comment est née l’idée de votre roman ? Qu’aviez-vous envie de faire ?
Coraline Croquet : L’idée de départ, c’est un fait divers qui s’est déroulé pas loin de chez moi : un homme, kidnappé alors qu’il était chez lui et emmené dans les bois où il a été torturé. Cet homme a réussi à sortir des bois et demander de l’aide dans l’une des maisons voisines.
Je me suis simplement posé cette question : et si, pour une raison quelconque, les voisins étaient mal intentionnés ?
Qui pourrait savoir ce qu’il est réellement advenu de cet homme ? Qui pourrait incriminer les voisins ?
La disparition est un thème qui me fascine.
Bepolar : Une des thématiques, c’est celle des gens en manque d’enfants, qui sont prêt à en « voler un ». Pourquoi avoir voulu traiter ce sujet ?
Coraline Croquet : Je suis tombée un jour sur un article traitant d’une femme qui avait volé un bébé à la maternité. J’ai creusé un peu le sujet. Ces femmes vivent généralement une grande souffrance psychologique. Pour elles, l’enfant représente un moyen d’apaiser cette souffrance.
Un enfant, c’était la raison que je cherchais. Une raison assez forte qui pouvait « justifier » la séquestration d’un homme et transformer le hasard de la rencontre entre les personnages en réelle opportunité pour l’un d’eux.
Bepolar : On suit notamment Vincent, jeune papa enlevé et passé à tabac, et Emilie. Qui sont-ils ? Comment pourriez-vous nous les présenter ?
Coraline Croquet : Vincent c’est un père de famille ordinaire, plutôt bel homme, un peu séducteur qui a fui ses responsabilités à la naissance de sa fille. On fait sa connaissance à un moment de sa vie où il est prêt à se racheter et enfin endosser son rôle de père.
Émilie est une jeune femme qui vit seule avec son chien, elle est infirmière et un peu perturbée mentalement. Pour elle, la vie doit la dédommager pour les choses horribles qu’elle a subies durant l’enfance. Elle est prête à tout pour arracher son droit au bonheur.
Bepolar : C’est un huis clos. C’est toujours un exercice particulier. Comment l’avez-vous construit et écrit ?
Coraline Croquet : J’écris à l’instinct. Je n’ai pas de plan, uniquement quelques scènes en tête. Le reste vient avec les personnages. J’essaie de me mettre dans leur peau et je me dis : "bon et maintenant, si tu étais Émilie ou Vincent, tu ferais quoi, tu penserais à quoi ?"
En fait, je découvre l’histoire au fur et à mesure que je l’écris.
Bepolar : C’est votre premier roman. Racontez-nous votre parcours d’autrice. Cela fait longtemps que vous songez à cette histoire ?
Coraline Croquet : En fait c’est mon premier roman publié mais c’est mon deuxième manuscrit. Le premier manuscrit avait été finaliste de l’édition 2019 du prix Fintro écritures noires. Je l’avais soumis surtout pour avoir un retour d’un comité de lecture. Je ne m’attendais pas à un tel parcours et à une telle aventure. Je me suis prise au jeu et j’ai juré de recommencer l’expérience avec le deuxième manuscrit. J’avais un objectif, un jalon dans le temps. Il fallait que ce deuxième manuscrit soit terminé pour le concours de 2020.
L’idée de départ pour Les Ombres de l’innocence, je l’avais avant de terminer ma première histoire.
Le premier manuscrit soumis, j’ai tout de suite commencé l’écriture du second. Les personnages étaient déjà là quelque part dans un coin de ma tête. Tout s’est mis en place assez vite.
Bepolar : Comment vivez-vous ces premières semaines après sa sortie ?
Coraline Croquet : C’est excitant et stressant à la fois : c’est un drôle de mélange de sentiments.
Je ne maîtrise plus rien : je ne peux plus rien changer à l’histoire, aux personnages. C’est terminé. C’est un peu comme si j’avais lâché la main de mon enfant devenu grand.
Je n’ai plus qu’à espérer que les lecteurs prendront autant de plaisir à lire cette histoire que j’en ai pris à l’écrire.
Bepolar : Sur quoi travaillez-vous désormais ? Quels sont vos projets ?
Coraline Croquet : Il y a toujours ce premier manuscrit : une histoire très différente, à laquelle je tiens beaucoup. J’aimerais m’y replonger.
En attendant, j’ai un troisième manuscrit en route. Les personnages sont déjà assez clairs. Une histoire de vengeance et d’amour, un amour violent, destructeur.
J’écris d’abord pour moi ; on verra où tout cela mènera.