- Editeurs : Editions Gallimard, Editions Joseph K
Jusqu’au mois d’avril, la BiLiPo revient sur l’hebdomadaire à sensation de Gallimard !
En 1928, les éditions Gallimard et les frères Kessel fondent Détective, l’un des premiers hebdomadaires dédiés aux faits divers. La revue trouve vite son public comme ses plumes (Mac Orlan, Francis Carco) et à peine deux mois après son lancement, est tirée à 250000 exemplaires. Véritable institution de son époque, attirant défenseurs comme détracteurs (littéraires ou moraux), elle bénéficie d’une vitrine d’ampleur à la Bibliothèque des littératures policières (BiLiPo) de Paris, jusqu’en avril 2017.
Une période foisonnante !
Dans cette exposition, on trouve un certain nombre de Une de Détective et de ses concurrents, aux titres racoleurs et aux illustrations empreintes d’un esthétisme aussi fabuleux que douteux. On s’intéresse aux livres qui étaient alors offert aux abonnés, aux affiches de films tirées des grands faits mais aussi aux croquis d’audience et photomontages, aux manuscrits d’articles et autres petits trésors pour amateurs de frissons ou d’humour noir.
Surtout, on y découvre les années 30-40 par le prisme du collectif et du populaire, par ce qui y défrayait la chronique (principalement les meurtres, viols et criminels célèbres : Landru, les sœurs Papins, Violette Nozières) et mobilisait aussi bien les foules que les instances politiques. L’exposition contextualise à la fois l’histoire de la maison d’édition Gallimard, celle de la presse et celle avec un grand H.
Car si on mesure mal aujourd’hui l’influence de Détective sur son temps, on ne peut sortir de la BiLiPo sans y avoir été éclairé et sans vouloir en savoir davantage. Marie-Eve Therenty et Amélie Chabrier ont mené un travail de recherche impressionnant pour extraire l’essence de la revue tout en englobant sa complexité, de sa création et son âge d’or à la fin de sa parution en 1940 (bien qu’on trouve toujours en kiosque Nouveau Détective, son héritier).
Détective, fabrique de crimes ?
Pionnier dans sa façon de traiter l’actualité, que ce soit par le texte ou la photographie, le journal sensationnel a aussi bien trempé dans les bas-fond de Montmartre que coiffé les forces de polices au poteau, en résolvant quelques affaires encore en cours. Tantôt xénophobe ou homophobe, tantôt engagé au côté des travailleuses du sexe ou des droits de l’enfant, la feuille honteuse - et ô combien rentable - de Gallimard est également décryptée dans le (très riche !) catalogue de l’exposition, Détective fabrique de crimes ?, paru aux éditions Joseph K.
* L’exposition Détective jusqu’au 1er avril prochain à la BiLiPo, Paris Vème, sera surement prolongée jusqu’au mois de mai. Entrée libre, du mardi au vendredi de 14 h-18 h et le samedi de 10 h-17 h (fermée dimanche, lundi et jours fériés).
* Détective fabrique de crimes ? par Amélie Chabrier et Marie-Eve Thérenty, , éditions Joseph K, 2017, 194 p., 24 €.
* Envie de lire les anciens numéro de Détective ? C’est possible puisque la collection complète de l’hebdomadaire est disponible sur le site CriminoCorpus !