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Only Murders in the Building, saison 4 : un trio toujours efficace à Hollywood ?

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Avec ce quatrième opus, "Only Murders in the Building" quitte New York pour sonder cette fois les fantasmes d’Hollywood. En dépit de quelques longueurs, la série se réinvente avec pétulance et se démarque grâce à sa mise en scène, soignée, et son casting haut de gamme.

Hollywood, théâtre des illusions

Pour sa quatrième saison, "Only Murders in the Building" abandonne les couloirs feutrés de l’Arconia pour les décors artificiels des studios d’Hollywood. Charles, Oliver et Mabel, invités à Los Angeles pour une adaptation cinématographique de leur podcast, se confrontent aux miroirs de l’industrie du cinéma. Ce déplacement géographique modifie l’équilibre narratif : loin de l’ambiance cloîtrée de l’immeuble new-yorkais, la série explore les vastes plateaux hollywoodiens où tout se construit et se déconstruit selon les désirs de production.

Los Angeles devient ainsi un cadre symbolique pour une réflexion sur la fabrication des récits et l’illusion, thèmes centraux du cinéma. La ville, symbole du rêve hollywoodien, se révèle un lieu de faux-semblants et de promesses non tenues. La disparition de Sazz Pataki, doublure de Charles, s’imprègne de ce mystère cinématographique. La série rend hommage à une tradition où l’enquête se mêle à la réflexion sur l’artifice, des films noirs de Billy Wilder (évidemment "Boulevard du Crépuscule", 1950) aux classiques plus contemporains comme "Mulholland Drive" (2001) de David Lynch.

Cependant, ce cadre hollywoodien, tout en apportant une fraîcheur nouvelle, fragilise légèrement l’unité de la série. L’Arconia, avec ses histoires et son huis clos haletant, offrait une cohésion que les plateaux de Los Angeles peinent parfois à reproduire. Le récit s’éparpille dans des intrigues plus légères, où le glamour des lieux affaiblit la tension initiale. Cette perte de densité, tout en apportant une légèreté bienvenue, dilue l’intrigue principale, laissant place à un sentiment de dispersion.

Meryl Streep, éclatante figure du faux-semblant

La force de cette saison réside dans le retour de Meryl Streep, dont la prestation illumine chaque scène. Elle incarne ici une ancienne gloire d’Hollywood, tiraillée entre l’envie de reconnaissance et la peur de l’oubli. Ce personnage, à mi-chemin entre Norma Desmond de "Boulevard du Crépuscule" et la Gena Rowlands de "Opening Night" (John Cassavetes, 1977), incarne parfaitement les enjeux de cette saison : l’illusion du succès et l’éclat des paillettes qui dissimule une vérité plus sombre.

Streep manie avec brio les codes de la comédie et du drame, alliant maîtrise et fragilité. Sa relation avec Charles (Steve Martin) se teinte d’une ambiguïté troublante, où l’amitié, le mensonge et la performance se confondent. L’actrice transcende l’hommage aux stars vieillissantes, apportant à son personnage une humanité déchirante et un désir désespéré de briller à nouveau. L’illusion devient non seulement celle du cinéma, mais aussi celle d’une vie passée à jouer des rôles sans jamais être soi-même.

Ce retour magistral de Meryl Streep donne à la série une profondeur nouvelle, où l’enquête sur la disparition de Sazz Pataki devient un prétexte pour explorer l’industrie du cinéma et ses mirages. Loin d’être une simple intrigue policière, cette saison questionne le rapport au succès et à l’image, thèmes universels où chaque protagoniste joue un rôle imposé par les attentes des autres.

La mécanique du rêve hollywoodien

La mise en scène de cette saison se nourrit elle aussi pleinement de son nouvel environnement. La reconstitution des studios hollywoodiens et l’usage pertinent des jeux de lumière, où le naturel flirte avec l’artificiel, confèrent à cette saison une esthétique résolument cinématographique. Les scènes sur les plateaux de tournage, où les décors se montent et se démontent, prolongent le thème de la duplicité cher à la série.

L’influence de films comme "Chantons sous la pluie" (Stanley Donen, Gene Kelly 1952), qui déconstruisait déjà les illusions de l’industrie, se fait sentir. Les moments où les protagonistes traversent les coulisses d’Hollywood dévoilent l’envers du décor. La mise en scène, plus fluide que dans les saisons précédentes, utilise des travellings audacieux pour plonger le spectateur dans une atmosphère à la fois onirique et inquiétante, où Los Angeles devient un personnage à part entière.

Malgré cette sagacité dans l’écriture visuelle, la série peine parfois à maintenir la tension narrative des premières saisons. Les intrigues secondaires, notamment celles autour de la carrière d’Oliver (Martin Short), diluent l’enquête principale, affaiblissant la dynamique du trio. La lente progression de l’enquête, jadis un charme de la série, devient trop étirée, donnant à certains épisodes un rythme inégal. Cependant, les moments visuels marquants, soutenus par une mise en scène inventive, parviennent à maintenir l’attention.

Un trio toujours attachant, mais une alchimie en demi-teinte

Le cœur de Only Murders in the Building réside dans son trio iconique. Steve Martin, Martin Short et Selena Gomez continuent ainsi d’apporter leur charisme et complicité, mais avec une dynamique affaiblie par des arcs narratifs moins percutants. Steve Martin campe un Charles plus introspectif, marqué par ses doutes sur son avenir à Hollywood, tandis que Martin Short, fidèle à son personnage exubérant, préfère s’amuser avec le décor flamboyant des studios.

Cependant, Mabel (Selena Gomez) semble reléguée à un rôle secondaire, souvent passif. Si l’alchimie du trio reste au demeurant palpable, ces déséquilibres narratifs affaiblissent l’intensité globale de la série.

Only Murders in the Building volume 4, réussite ou fantasme ?

Cette quatrième saison de Only Murders in the Building tente de repenser et relancer sa mécanique narrative en explorant le monde du cinéma hollywoodien. L’élargissement du cadre et le retour de Meryl Streep offrent sans aucun doute des moments de grâce, mais le rythme de la série en souffre, victime de longueurs et d’intrigues souvent trop denses ou au contraire trop clairsemées. Cela n’empêche pas la série de conserver son charme grâce à une mise en scène subtile et un casting solide. Hollywood fascine et trompe, et Only Murders in the Building n’en sort pas tout à fait indemne, tout en demeurant captivante.

La quatrième saison d’"Only Murders in the Building" est disponible sur Disney+.

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