- Auteurs : Danielle Thiéry, Marc Welinski
- Editeur : Anne Carrière
Bepolar : Comment est née l’idée de Mourir ne suffit pas ? On est dans le monde de la radio avec une animatrice qui s’occupe d’une émission de confession des auditeurs. Qu’est-ce qui vous intéressait dans cet univers de radios mais aussi de dialogues intimes entre elle et ceux et celles qui l’appellent ?
Marc Welinski : J’ai passé trente ans de ma vie dans les médias. Mon premier roman, Indices, en 2009 (publié au Fleuve Noir), avait pour cadre une grande chaîne de télévision. Plus particulièrement, je suis passionné par les relations entre les médias, la politique et la psychologie.
Concernant « Mourir ne suffit pas », c’est difficile de dire comment nait une idée de roman. L’intrigue met en scène Julia Domazan, une animatrice radio qui est également une célèbre psychologue, à laquelle les auditeurs se confient, évoquent leurs interrogations, leurs joies, leurs peines… Un soir, elle reçoit un appel dramatique : il s’agit d’une femme en plein désarroi cachée au milieu d’une prise d’otage et qui s’accroche à cette psy comme à une planche de salut. C’est le début d’une histoire à rebondissements…
Bepolar : On pense à de grandes émissions de l’histoire de la radio.
Marc Welinski : Oui. J’ai bien connu Ménie Grégoire à l’époque où son émission « Allô, Ménie ! » faisait les belles nuits de RTL. Et j’ai rencontré Macha Béranger qui animait une émission de ce type sur France Inter dans les années 80. Plus près de nous, je suis très ami avec Sophie Péters qui a animé la Libre Antenne, le soir, sur Europe 1. Je suis fasciné par ces femmes d’intuition et de dialogue, capables de réconforter et d’aider des personnes en détresse à travers les ondes. Elles ont une sorte de sixième sens qui leur permet de saisir très vite les situations et de trouver les mots qui conviennent à chaque personne. Je suis persuadé qu’elles ont contribué à sauver des vies. Ce qu’il y a d’envoutant avec la radio, c’est qu’on ne voit pas son interlocuteur. Tout doit passer par les mots, par la voix les intonations, par la stratégie de discussion. C’est un contexte très favorable au romanesque. L’idée m’est venue un jour de demander à Sophie Péters ce qu’elle ferait si elle était en contact avec un interlocuteur dans une situation de danger mortel. Ce qu’elle m’a dit m’a passionné et je suis allé l’écouter dans son studio plusieurs soirs de suite à Europe 1 en prenant des notes.
Bepolar : Parlez-nous de Julia. Comment la voyez-vous ? Comment pourriez-vous nous la présenter ?
Marc Welinski : C’est une femme d’une quarantaine d’année, psychologue de métier, bien ancrée dans la vie, qui est en train d’amorcer une brillante carrière d’animatrice radio. Elle est vive, intelligente, très intuitive, mais parfois gagnée par des « flash », des rêves étranges. On sent qu’elle peut être branchée sur des univers oniriques. Je ne vous en dirai pas plus…
Bepolar : Vous avez l’habitude d’écrire chacun dans votre coin. Comment avez-vous travaillé à deux ?
Marc Welinski : Cela s’est fait très naturellement. J’avais écrit un premier jet du roman quand j’ai rencontré Danielle Thiéry à un cocktail organisé par notre éditeur commun de l’époque. Je connaissais Danielle par ses romans mais aussi par le livre qu’elle avait écrit avec Christophe Baroche : Le souffleur ; Dans l’ombre des négociateurs du RAID qui avait été pour moi une source d’inspiration. Je lui ai demandé si elle pouvait relire mon texte et m’aider pour décrire l’intervention des forces de l’ordre. Quelques jours plus tard, elle m’a appelé en me disant avec sa franchise habituelle : « J’aime beaucoup ton histoire, mais alors tes flics, ça ne va pas du tout ! ». Évidemment ce n’est pas mon univers… Je l’ai prise au mot et lui ai demandé si elle pouvait m’aider. De fil en aiguille, elle a construit toute la partie « policière » et en travaillant ensemble, nous avons également fait évoluer l’histoire et resserré la dramaturgie. Mais je laisse Danielle évoquer la suite…
Danielle Thiéry : Écrire à deux est forcément un exercice compliqué : différence de style, origines des auteurs, culture… J’en avais pour ma part déjà testé la complexité dans des documents (Le souffleur, avec Christophe Baroche, L’histoire de l’Evêché et la PJ de Versailles avec Alain Tourre, La BRI avec Christophe Molmy) mais jamais dans un roman. Mais l’histoire de Marc était séduisante, j’ai d’emblée adoré le titre et accepté de relever le défi avec lui pour la mener à bien. Certes il ne connaissait rien à la police mais moi rien aux médias (sinon par la fréquentation de journalistes d’investigation), ça équilibrait l’édifice ! Et notre association a permis de faire évoluer l’histoire, de lui donner de la profondeur tout en consolidant l’intrigue. Il faut avoir beaucoup d’humilité et pas trop d’égo pour réussir mais entre Marc et moi ça fonctionne plutôt bien. D’ailleurs nous avons une féroce envie de poursuivre l’aventure mais ça, c’est une autre histoire dont nous ne dévoilerons rien, bien sûr !