- Auteur : Pierre Lemaitre
- Editeur : Albin Michel
- Date de sortie : 2 janvier 2020
- ISBN : 2226392076
- EAN : 9782226392077
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Résumé :
Avril 1940. Louise, trente ans, court, nue, sur le boulevard du Montparnasse. Pour comprendre la scène tragique qu’elle vient de vivre, elle devra plonger dans la folie d’une période sans équivalent dans l’histoire où la France toute entière, saisie par la panique, sombre dans le chaos, faisant émerger les héros et les salauds, les menteurs et les lâches... Et quelques hommes de bonne volonté.
Il fallait toute la verve et la générosité d’un chroniqueur hors pair des passions françaises pour saisir la grandeur et la décadence d’un peuple broyé par les circonstances.
Secret de famille, grands personnages, puissance du récit, rebondissements, burlesque et tragique... Le talent de Pierre Lemaitre, prix Goncourt pour Au revoir là-haut, est ici à son sommet.
lemurmuredesameslivres 28 décembre 2023
Miroir de nos peines - Pierre Lemaître
Dans ce dernier volet de la trilogie des enfants du désastre, nous avons le plaisir de (re)découvrir Louise, l’une des figures secondaires d’Au revoir là-haut. Devenue institutrice, la jeune femme travaille également comme serveuse dans le café-restaurant de M. Jules. Un petit café parisien où défilent de nombreux habitués, venus pour la cuisine du patron ou peut-être bien pour l’écouter ronchonner à propos des sujets rapportés dans les journaux. Parmi cette fidèle clientèle se trouve “le docteur.” Le genre de type qui prend tous les jours la même chose et que l’on pourrait volontiers croire muet tant jamais une parole ne franchit ses lèvres. Jamais, sauf ce jour-là. Et ce jour-là, Louise ne l’oubliera jamais.
A travers l’histoire de Louise, nous allons faire la rencontre de toute une galerie de personnages hauts en couleur et inoubliables. Pierre Lemaitre nous raconte, toujours avec le même art, toutes ces petites histoires qui se déroulent parallèlement à la grande Histoire. Les forces allemandes s’apprêtent à envahir la France, pourtant, d’après les journaux, la situation n’est pas préoccupante. Ne surtout pas saper le moral des troupes par des nouvelles alarmantes ! Et en cela, notre ami Désiré est un maître en la matière, un as dans sa profession. Enfin sa profession… Un véritable caméléon cet homme-là ! Mais un charisme ! Je me suis esclaffée à plusieurs reprises à l’évocation de ses multiples facettes. Un homme brillant mais filou, à la fois avocat, journaliste ou prêtre, mais toujours avec classe et talent. Quant à tous les autres, Raoul, Gabriel, Alice ou Fernand, comment ne pas les aimer ?
Dans Miroir de nos peines, j’ai retrouvé cette plume énergique et efficace, tellement agréable à lire. L’interprétation formidable de l’auteur dans la version audio a fait de cette lecture un pur moment de bonheur. Je suis enfin prête à partir pour le “Grand Monde”, et toujours en version audio, car il n’y a rien de mieux qu’écouter Pierre Lemaitre raconter ses propres histoires !
Chronique détaillée sur le blog.
Caroline – Le murmure des âmes livres
Bill 1er juillet 2021
Miroir de nos peines - Pierre Lemaître
Trois petits mois !
Du 6 avril au 13 juin 1940, Pierre Lemaitre nous déroule cette fresque où on retrouve Louise Belmont , la petite fille qui dessinait des masques avec Edouard Péricourt dans Au revoir, là-haut.
Elle a bien grandi, est devenue institutrice et arrondit ses fins de mois en aidant au service dans le restaurant de Monsieur Jules.
Gabriel, professeur de mathématiques dans le civil, vit assez mal la drôle de guerre , les combines de certains ... Il faudra un évènement exceptionnel pour que le sergent-chef droit dans ses bottes et le combinard Raoul s’associent dans une action commune contre l’avancée des armées allemandes.
Il y a aussi Désiré, le touche-à-tout, qui est capable de tout, de tous les métiers, et qui montrera qu’il peut aussi être très bien.
Outre ces quatre là, il y aura des tas d’autres personnages qui graviteront dans ce récit touffu qui se lit d’une traite.
Des soldats qui apprendront à ne pas obéir aux autres, des malfrats qui feront le bien avec les biens détournés, Mr Jules qui reportera sur Louise tout l’amour qu’il n’avait jamais avoué à sa mère...
Il m’a juste manqué de ne pas y retrouver de Péricourt ...
ET ... il me tarde de retrouver la plume de Pierre Lemaitre dans un autre roman fresque, qui éclairera, qui sait les années 50 ?
Un roman que j’ai dévoré en moins de deux jours, mais que je regrette presque d’avoir lu si vite car les personnages me manquent déjà !
Asmo Stark 23 janvier 2020
Miroir de nos peines - Pierre Lemaître
🇫🇷 Miroir de nos peines - Pierre Lemaitre 🇫🇷
Je commence l’année par une fin, la fin de cette merveilleuse trilogie commencée par "Au revoir là-haut", suivie de "Couleurs de l’incendie" et qui se termine donc avec "Miroir de nos peines". J’avais adoré les deux premiers tomes alors j’attendais beaucoup de celui-ci et je n’ai pas été déçue.
L’histoire commence durant la drôle de guerre, on retrouve Louise (vous vous souvenez d’elle ? La petite fille taciturne qui aidait Édouard Péricourt à fabriquer ses masques dans "Au revoir là-haut") qui doit faire face à une proposition incongrue et qui va déterrer des secrets de famille. On fait la connaissance de Gabriel et Raoul, deux soldats en poste à Mayenberg, un fort de la ligne Maginot. Ces deux hommes ont des caractères totalement différents, des idées divergentes que l’attente des combats exacerbent, l’un est un homme aux principes moraux intransigeants, l’autre compte bien tirer son parti de toutes les situations. Et je finirai avec mon préféré, Désiré Migault, homme caméléon capable de se faire passer pour un avocat ou pour un spécialiste en langue orientale avec réussite et panache. Cet homme doué d’une faculté d’adaptation hors norme, doté d’un bagou extraordinaire, capable de retourner n’importe quelle situation, est d’une telle fraîcheur et d’une telle drôlerie que j’adorerai lire le roman de sa vie. Tous ces personnages vont devoir faire face non seulement à leurs problèmes personnels mais aussi à l’arrivée des troupes allemandes, à la débâcle, à l’exode.
J’ai adoré retrouver l’écriture si délectable de Pierre Lemaitre, cet humour distillé au coin des phrases, ces personnages si sympathiques et si bien dessinés. J’aurai aimé que l’histoire se prolonge, que la trilogie se transforme en tétralogie voire en pentalogie. On n’en a jamais assez n’est ce pas ?
Un grand roman comme le sont les précédents, merci à Pierre Lemaitre de nous avoir offert une si belle saga 💛.
Kirzy 15 janvier 2020
Miroir de nos peines - Pierre Lemaître
Quand tu te rends à une table étoilée pour la troisième fois, tu peux être tentée de chicaner, soupeser, couper les cheveux en quatre, bref comparer avec ce qu’on t’a servi la dernière fois. Ben là, même pas envie tellement la table est bonne chez Lemaitre ! Juste du plaisir à boulotter son histoire. C’est le genre de bouquin que t’emportes partout avec toi pour ne pas quitter les personnages, aux toilettes ( si si ), dans le métro ( même quand t’es grave collée contre la vitre dans un RER A bondé en pleine grève ) yes, tu dégaines, à chaque minute profitable.
Pierre Lemaitre aime tellement ses personnages, qu’à la Balzac, il va piocher dans Au revoir là-haut le personnage secondaire de Louise Belmont, la fillette de dix ans qui s’était entichée d’Edouard Péricourt, la gueule cassée qui logeait chez sa mère impasse Pers dans le 18ème. Dans l’épilogue de ce premier opus, il était dit qu’elle n’eut pas de destin remarquable jusqu’à ce qu’on la retrouve en 1940. Elle a désormais 30 ans, institutrice et serveuse dans un troquet, et se voit offrir sur un plateau une scène d’ouverture absolument spectaculaire, qui fixe dans l’imagination du lecteur une empreinte puissante.
Gabriel, le prof de mathématiques un peu falot devenu sergent-chef ; son comparse caporal Raoul, l’attachant combinard sans scrupule ; la courageuse Louise qui court derrière ses secrets de famille ; Jules, le patron au coeur énorme de Louise, et surtout l’irrésistible Désiré, usurpateur génial au charisme fou qui revêt multiples identités au cours de l’épopée … tous formidablement campés, tous en mouvement dans cette France du printemps 1940 qui passe en quelques jours de la Drôle de guerre à la panique de la débâcle face à l’armée allemande.
Tout le talent de conteur de Lemaitre s’exprime dans son art de tresser plusieurs arcs narratifs avec une vivacité remarquable, dans un rythme bondissant qui nous transporte de la ligne Maginot aux routes de l’Exode. Il sait injecter de la densité émotionnelle au bon moment tout en créant du suspense qui pousse à lire. C’est vraiment un des rares auteurs français qui maitrise à ce point ce sens du romanesque échevelé avec ces morceaux de bravoure comme la sabotage du pont de Tréguière.
Sa façon de brosser un tableau de cette période historique est également réjouissante. Il s’empare d’événements réels complètement incongrus ou méconnus ( l’exode pénitentiaire de la prison parisienne du Cherche-Midi vers le camp de Gurs ou encore la destruction de billets d’une valeur de milliards de francs par la banque de France pour éviter que les Allemands ne s’en emparent ) et il s’amuse à en inventer des nouveaux complètement véridiques comme justement le sabotage du pont de Tréguière ou la vie dans le fort du Mayenberg. L’illusion est parfaite ! Sa description de l’Exode et ses Français qui fuient sur les routes l’avancée allemande est très réussie, on a l’impression, d’être avec eux.
Et puis, comme toujours, on rit ! Peut-être un peu plus que dans les précédents tomes, dès que le personnage de Désiré apparaît. Mais on rit intelligemment car derrière la farce, pointe une réflexion sur la désinformation mise en oeuvre par le ministère de l’Information dans cette période d’hystérie et de panique tout schuss. C’est lors d’un cataclysme que l’on sait ce qu’on est, ce qu’on vaut, que l’ont doit être le meilleur et montrer à la hauteur des qualités humaines qu’on prétend avoir. Et là, la façon dont réagissent les personnages principaux ne laissent aucun doute au final et on ne les aime qu’encore plus.
Je me suis régalée et sans doute, le plaisir aurait été total avec la présence d’un truculent « méchant » pour contrecarrer le destin de nos personnages. Ce destin, on devine assez vite ( un peu trop ) vers dans quelle direction il va aller, il y a peut-être moins de rebondissements sur le final comme dans ses autres romans.
Une fresque réjouissante, savoureuse qui peut se lire indépendamment d’Au revoir là-haut et Couleurs de l’incendie mais ce serait vraiment dommage de ne lire que celui-là … Pierre Lemaitre est sans conteste un de nos plus grands écrivains !