- Auteur : Clarence Pitz
Trafics, meurtres... Découvrez les coulisses de l’écriture de Meurs, mon ange.
Comment est né ce roman Meurs, mon ange ? Qu’aviez-vous envie d’aborder avec cette histoire ?
Clarence Pitz : Au cours d’un séjour à Amsterdam, j’ai découvert le quartier de NDSM (un ancien chantier naval reconverti en quartier street art) et son hôtel insolite où les touristes dorment dans les cabines d’une grue. J’ai levé la tête et j’ai imaginé un corps qui pendait au bout de la flèche. Je me suis dit qu’un jour, cette scène se retrouverait dans un de mes livres. Les Pays-Bas ont un lien historique avec l’Indonésie et j’ai eu l’occasion de visiter l’archipel il y a bien des années. J’ai eu envie d’aborder une vision différente de Bali, loin des plages paradisiaques. Une île sombre, confrontée à une criminalité à laquelle elle n’est pas habituée. Dans mes livres, j’aime exploiter des thèmes forts qui me passionnent.
Meurs mon ange n’a pas dérogé à la règle et mes personnages sont confrontés au deuil, à la corruption ou encore au poids des traditions.
Un petit mot sur vos personnages. Il y a Anja et l’inspecteur Karel, tous les deux pris dans une affaire assez dingue. Comment les voyez-vous tous les deux ? Comment pourriez-vous nous les présenter ?
Clarence Pitz : Karel avait pris naissance dans mon précédent roman, Ineffaçables. Il y avait mené une enquête difficile dont il n’était pas sorti indemne. Comme il est déterminé (et même tenace), c’est cette affaire qui va le pousser à enquêter à Amsterdam puis en Indonésie. Je le vois grand, costaud et châtain. Il est bourru, soupe au lait mais avec un bon fond et de vraies valeurs. Anja est une trentenaire pour qui la roue s’est mise à tourner dans le mauvais sens il y a deux ans. Son mari et sa fille ont disparu mystérieusement. Elle a sombré dans l’alcool et la drogue, a perdu son boulot et est devenue complètement blasée par la vie. C’est un personnage attachant, abîmé par les épreuves. Elle cache son désespoir et sa sensibilité pour ne pas souffrir davantage, ce qui la rend froide et hautaine. Elle accepte un boulot de modératrice de contenu pour s’en sortir et payer ses nombreuses dettes. À ses dépens…
L’Inspecteur Karel est un personnage récurrent. Quels liens avez-vous avec lui ?
Clarence Pitz : Je ne pensais pas du tout écrire une série avec un personnage récurrent mais, après Ineffaçables, je me suis rendu compte que j’avais très envie de retrouver Karel, sa détermination, ses coups de gueule et ses gros mots. Je pense même l’avoir entendu râler dans mon oreille pour que je le fasse revenir ! lol. Et je n’en ai pas fini avec lui…
Vous nous emmenez des recoins les plus sombres d’Amsterdam à la jungle d’Indonésie. Comment les lieux influencent-ils vos histoires ?
Clarence Pitz : Comme évoqué plus haut, les lieux sont le point de départ de mes livres. Ce sont des personnages à part entière. D’abord il y a des lieux puis viennent des intrigues. Aucun de mes romans ne pourrait se passer ailleurs. Les paysages, les modes de vie ou encore les faits sociétaux sont les piliers de mes histoires. Et puis, j’aime plonger mes lecteurs dans des endroits insolites ou exotiques. Les confronter à ce qu’ils ne connaissent pas. L’inconnu peut être très déstabilisant et effrayant.
Vous nous racontez des rituels qui ont encore cours en Indonésie. Quelle a été la part de documentation ? Et qu’est-ce qui vous a intéressé en eux pour avoir envie de les mettre dans un roman ?
Clarence Pitz : La part de documentation a été colossale. Heureusement, je connaissais déjà beaucoup de choses sur les traditions indonésiennes. J’ai la chance d’enseigner l’anthropologie et l’histoire de l’art des civilisations non occidentales. C’est une source d’inspiration inépuisable ! Les rituels auxquels je fais référence sont fascinants car, aussi effrayants qu’ils soient, ils nous confrontent à nos propres représentations de la mort.
J’ai lu à propos de votre roman sur le net un lecteur qui écrivait : "J’ai comme l’impression qu’avec chaque nouveau roman, Clarence Pitz nous emmène toujours un peu plus loin dans les entrailles du Mal." Est-ce que vous souscrivez à ce qu’il dit ?
Clarence Pitz : Oui, je dois bien avouer qu’il a raison ! Meurs, mon ange est mon dernier roman et il est le plus sombre. Le plus dramatique aussi. Certaines scènes ont été difficiles à écrire car elles m’ont demandé beaucoup d’implication émotionnelle. J’ai souffert avec mes personnages et je ne leur ai rien épargné.
Qu’est-ce que vous aimeriez que les lecteurs et lectrices gardent de votre histoire en fermant ce roman ?
Clarence Pitz : J’aimerais qu’ils gardent des émotions, vraies, fortes, contradictoires. J’aimerais aussi qu’ils referment le livre en ayant envie de se documenter sur ce qu’ils ont lu. Beaucoup m’ont dit l’avoir fait en visionnant des documentaires ou en regardant des photos sur la toile.
Et maintenant quels sont vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ?
Clarence Pitz : Je suis plongée dans l’écriture de mon quatrième roman. Cette fois-ci, j’emmène mes lecteurs dans l’enfer du Kivu, en République Démocratique du Congo. On retrouvera Karel qui devra rouvrir une enquête qu’il aurait préféré oublier. Le thème principal sera particulièrement délicat puisqu’il s’agira des violences faites aux femmes utilisées comme armes de guerre. Je prends mon temps car le sujet est grave, complexe et m’oblige à approfondir toujours plus mes recherches.