- Réalisateur : Claude Chabrol
- Acteurs : Jean Rochefort, Stefania Sandrelli, Franco Nero
- Genre : Thriller, Drame
- Nationalité : Français, Italien, Allemand
- Date de sortie : 19 mai 1976
- Durée : 1h37min
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Résumé :
A Djerba, un prestidigitateur prédit l’issue de la relation qu’entretiennent ses deux amis à un dandy. Ce dernier s’efforce alors de faire en sorte que la prédiction se réalise.
Adapté du roman de Frédéric Dard, Initiation au meurtre, publié en 1971, ce long métrage méconnu de Claude Chabrol, considéré comme l’un des plus faibles de sa filmographie, mérité d’être revu, malgré quelques vraies longueurs. D’une part, le réalisateur parvient à resserrer son intrigue autour de cinq personnages principaux, dont les destins vont se rejoindre dans le cadre exotique de Djerba, qui, d’emblée, engendre une ambiance particulière. Sitôt les oasis quittés, l’horizon que profile la platitude des plages ou des routes rend possible l’apparition de phénomènes étranges, comme la chute soudaine d’une cavalière. Mais l’histoire se noue véritablement à partir du moment où le prestidigitateur Vesta, incarné par Gert Fröbe, prophétise l’accomplissement d’un meurtre...
Aux côtés de cet homme, son fidèle chauffeur, joué par Jean Rochefort, est un riche désœuvré. Il partage avec le magicien le goût de la parapsychologie, lui fournit également sa dose de médicaments et d’alcool, consent volontiers à des promenades vespérales sur la plage, pour se remettre d’une soirée un peu trop arrosée. Fréquemment, la caméra de Chabrol joue sur les profondeurs de champ, les travellings rapides, à l’affût du moindre indice signifiant, s’accommode aussi de quelques zooms inattendus. Quant à la musique, quasiment réduite à des sons extradiégétiques sous forme de percussions, elle crée une véritable tension.
En bon émule d’Alfred Hitchcock
, le metteur en scène étire l’attente, jusqu’à disséminer le doute, qui s’incarne de plus en plus dans le personnage d’Edouard, à qui Rochefort confère une opacité inquiétante, d’autant que le protagoniste est bien décidé à matérialiser la prédiction de Vesta. Les Magiciens, qui lorgne parfois sur le fantastique, est traversé par un vrai plaisir de filmer, avec des références très marquées au cinéma expressionniste allemand. On pense en particulier aux jeux d’ombre et de lumière sur les murs d’une chambre d’hôtel, avant que la porte ne se referme d’elle-même, comme dans le Nosferatu de Murnau. On retient également le visage de Rochefort lévitant dans l’obscurité, lors d’un tour de magie mystérieux ou celui du meurtrier aux yeux écarquillés. Bref, cette curiosité cinématographique vaut bien mieux que sa réputation de film totalement raté. On le conseillera volontiers aux amateurs du cinéaste.