- Réalisateur : Claude Chabrol
- Acteurs : Michel Duchaussoy, Michel Aumont, Fabio Testi, Lou Castel
- Distributeur : Les Films de La Boétie
- Genre : Thriller, Polar
- Nationalité : Français, Italien
- Date de sortie : 10 février 1974
- Durée : 1h50min
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Résumé :
Un commando anarchiste veut prendre en otage un diplomate américain. L’opération ne se déroule pas comme prévu...
La seule adaptation réussie d’un livre de Jean-Patrick Manchette est un thriller politique, qui est mis en scène comme une très bonne série B, avec suffisamment d’ironie pour qu’on y reconnaisse la manière chabrolienne. « Nada » est le nom du groupe anarchiste qui choisit d’enlever l’ambassadeur des Etats-Unis en France. L’homme est brutalement soustrait aux plaisirs qu’il s’accordait dans un bordel parisien et emmené loin des frivolités de la capitale, dans une longère de la campagne, qui rappelle immanquablement la cache des terroristes d’Action Directe.
Tourné dans le contexte des « années de plomb », le polar nerveux de Chabrol s’éloigne de l’introspection psychologique de ses films précédents, même si ses personnages interrogent aussi le sens qu’ils donnent à la radicalité, d’une manière certes moins nourrie que dans Les Justes de Camus. Les comparses du jusqu’au-boutiste Bonaventura Diaz (réminiscence de Buenaventura Durruti) ne sont pas des séides soumis à la volonté de leur leader.
Des dissensions apparaissent, exacerbées par le siège de la planque, lorsque l’imminence de la mort justifie des choix sans détour.
Le casting international n’est pas d’une évidente homogénéité artistique, mais on apprécie certaines prestations, en particulier le jeu de l’excellent Michel Aumont dans le rôle du policier stupide, Goemond, capable de reprendre l’un de ses policiers sur la bichromie d’un ouvrage anarcho-communiste, qui lui rappelle plutôt Le Rouge et Le Noir de Stendhal. Le même adoptera des méthodes de barbouze néo-fasciste pour s’en prendre à ces gauchistes qu’il abhorre, jusqu’à privilégier un assaut sanguinaire de la ferme, où le groupe Nada s’est réfugié.
Chabrol renvoie dos à dos la violence révolutionnaire et la violence étatique, dans ce film qui est un des plus brutaux de sa filmographie. Cette indéniable curiosité mérite assurément d’être vue ou revue.
Jérémy Gallet